Après la saison « Magique », place à la saison « Femmes !».
Ne serait-ce pas un sujet à la mode ? Avant même qu’on ne lui ait posé la question, le directeur de l’Opéra Grand Avignon Frédéric Roels s’en défend : sa saison n’est « ni féministe ni militante ». Et il enchaîne en souriant, après avoir souligné le point d’exclamation : « l’opéra a mis à mort les femmes avec délectation et jouissance », comme le souligne l’ouvrage de Catherine Clément paru dans les années 80, dit-il, L’opéra ou la défaite des femmes.
Au-delà de cette thématique qui s’impose comme une évidence, le directeur précise que nous sommes à une « charnière de société », et qu’il faut regarder d’un œil neuf cet « art multiséculaire qui englobe l’opéra, la danse, la musique » avec « intelligence et discernement », en se montrant « plus interrogatif que militant ».
Ce ne sont pas les artistes associés ou les partenaires qui diront le contraire.
En artistes associés, la photographe Isabelle Chapuis, la metteure en scène Chloé Lechat (La Traviata), le compositeur Matteo Franceschini.
En partenaires, Martin Harriague, qui sera le nouveau directeur de la danse à partir de la saison prochaine, « créatif, pétillant, humain » ; on entend qu’Emilio Calcagno « en 3 ans a développé la compagnie », lui offrant « beaucoup de tournées, en France, en Italie, en Allemagne » ; no comment… Nous avions déjà dit ce que nous pensions notamment de Storm.
Et, bien sûr, les partenaires qui ont depuis longtemps tissé des liens, comme l’Orchestre National Avignon-Provence (« sans opéra à Avignon, pas d’orchestre ; et sans orchestre, pas d’opéra », souligne Alexis Labat le directeur) qui annoncera sa saison dans quelques semaines ; ou le Chœur de l’Opéra Grand Avignon et la Maîtrise de l’Opéra Grand Avignon ; mais aussi diverses structures comme le Conservatoire à Rayonnement Régional du Grand Avignon, ou Musique Baroque en Avignon, ou Musique Sacrée/ Orgue en Avignon, ou la Semaine italienne d’Avignon en octobre, ou les Hivernales, en hiver… et en été au Festival…
Avec 115 levers de rideaux (vs 120 l’an dernier) dont 23 séances scolaires, il n’était pas question de détailler l’intégralité du programme : un spectacle tous les 2,6 jours, selon le calcul de l’un de nos collègues !
Le directeur a donc, pour chaque genre, tracé les lignes de force et les titres marquants.
9 productions lyriques jalonneront la saison ; 3 productions chorégraphiques maison et 5 invitées ; 8 spectacles familiaux ; 9 spectacles de théâtre ou théâtre musical, qui avaient peut-être un peu manqué les années précédentes ; 8 concerts et 11 concerts lyriques ; 8 rendez-vous symphoniques ; 9 programmes de Musique Baroque en Avignon ; 10 « midis à l’opéra », un par mois, petites pauses prandiales en salle des Préludes ; enfin 5 événements à portée locale (Le bal des vampires le 31 octobre, Campus sonore le 12 mars, Journée Maria Callas le 14 septembre), européenne (Journées du Patrimoine les 21 & 22 septembre) ou Tous à l’Opéra).
Les productions lyriques constituent le socle d’une maison d’opéra. Neuf titres scanderont les mois de la saison : deux titres-phares (La Traviata les 11, 13 & 15 octobre et La Bohème pour le centenaire de la mort de Puccini, 28 février, 2 & 4 mars), une opérette (La Fille de Mme Angot, 27, 29 & 31 décembre), un opéra participatif, devenu l’ADN de Frédéric Roels depuis l’Opéra de Rouen déjà (Turandot, énigme au musée, 18 & 19 janvier), et 5 productions qui raviront sans doute un public plus averti (Les Folies amoureuses, un opéra-bouffon du Cavaillonnais Castil-Blaze – 1er février -, Zaïde de Mozart – sans doute pas le plus connu, 25 & 27 avril ! -, les Mamelles de Tirésias, une curiosité de Poulenc – 6 & 8 juin -, et deux créations toutes récentes : La Petite Sirène de Régis Campo créée à Nice en mars 2024 – 7 février -, et Alice, d’après Lewis Caroll, de Matteo Franceschini le compositeur en résidence, créée à Paris en 2015 – 29 & 30 mars -).
Cinq des 8 productions chorégraphiques ont fait l’objet d’un focus : From England with Love avec la danseuse révélée par le film à succès En Corps (8 & 9 octobre), America (30 novembre & 1er décembre) et United Dances of America (17 & 18 mai) – deux productions du Ballet -, Bate Fado (8 février), et Revolta (11 juin).
Cinq spectacles familiaux également sur 8 : Un autre Rouge (17 novembre), Nour, récits de vie (13 décembre, et non 14 comme indiqué dans la plaquette), Tistou les pouces verts d’Henri Sauguet, un conte qui a enchanté la génération 70 (4 & 5 janvier), L’Histoire du soldat par le Ballet-maison, joué devant caméras et journalistes pendant la Covid (15 mars) et 20.000 lieues sous les mers (3 & 4 mai).
Sur les 10 propositions de théâtre/ théâtre musical, 9 ont été détaillées, et l’on ne s’en étonnera guère en voyant les têtes d’affiche : Fort (24 octobre), La Fontaine et le confinement avec Fabrice Luchini (26 octobre), Vidéo Club avec Yvan Attal (10 novembre), Simone Veil, les combats d’une effrontée, avec Cristina Reali (8 janvier), Mirèio, un rêve de Mistral, de Gérard Gélas dans lequel avait été révélée magistralement Alice Belaïdi, alors totalement inconnue, aujourd’hui au générique de Un p’tit truc en plus aux plus de 7 millions d’entrées – 6 février – ; mais aussi Music-Hall Colette (9 février), Hedwig and the Angry Inch, un décoiffant Merci Francis (28 mars), enfin le Cercle des poètes disparus avec Stéphane Freiss (10 mai).
Huit concerts trouveront leur public, avec les pointures comme Harlem Gospel Choir (23 novembre), le violoncelliste Aurélien Pascal Révélation aux Victoires de la musique en 2023 – qu’on aura entendu cet été aux Musicales de Saint-Didier (16 février) et le pianiste Alexandre Tharaud, lui-même Soliste instrumental des Victoires de la musique 2021 (13 avril).
Onze concerts lyriques convoquent des voix et accompagnateurs de premier plan. On entendra les étoiles de demain avec les lauréats du Concours international de la mélodie de Gordes 2024 (22 février), et les lauréats des Voix nouvelles 2023 (16 mars) ; mais aussi leurs illustres aînés, dans des solos : le ténor Cyrille Dubois dans Broadway Rhapsody (9 novembre) ou le ténor Ramon Vargas (19 octobre) ; ou des duos : Lorrie Garcia contralto et Marion Liotard piano (5 octobre), le Duo Symbiose (16 novembre) ; ou des trios – Trio Eventails le 22 mars – ou des ensembles : un hommage italien à Puccini (16 novembre) ou le Chœur de l’Opéra Grand Avignon (19 avril).
Huit concerts symphoniques aux titres lapidaires ou mystérieux, parfois les deux, seront donnés par l’Orchestre National Avignon-Provence. Nous attendons qu’il nous donne les clefs d’écoute en septembre : Voyages (20 septembre), Le Chant de la Terre (25 octobre), Destin (22 novembre), Héros (6 décembre), Scènes de forêt (24 janvier), Pierre Génisson et Mozart – un programme qui sera déjà donné le xx juillet au Festival international de piano de La Roque d’Anthéron, puis aux Nuits d’Uzès le 19 juillet 2024 – (7 mars), Héritages (4 avril), Requiem (20 juin).
Les 7 concerts de la saison de Musique Baroque en Avignon, eux, ont été dévoilés il y a déjà quelques semaines lors de la conférence de presse dédiée.
G.ad. Photos G.ad.
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