Le pari audacieux posé en 2020 par le très jeune violoniste Grégoire Girard (photo G.ad.), de lancer ex nihilo en pleine pandémie un tout nouveau festival parrainé par Frédéric Lodéon (voir notre entretien d’alors), dans une région qui en compte déjà beaucoup, s’affirme désormais comme un succès incontesté. Avec enthousiasme et détermination, le jeune directeur artistique élargit à chaque édition ses partenariats, tant géographiques que thématiques ; il a le sens des actions fédératrices, et, avec finesse, conçoit une programmation toujours plus éclectique. « Une » programmation ? Plutôt deux, puisque, à côté de Rosa Musica été, s’est installé, avec le même ADN, un Rosa Musica hiver, entre novembre et janvier, plus resserré en région avignonnaise, sur lequel nous reviendrons dans quelques mois (voir les éditions antérieures, 2021, 2022, 2023, dont le concert exceptionnel avec une création pour le centenaire du philosophe René Girard et notre entretien avec Grégoire Girard).
Pour l’instant c’est la 5e édition estivale qui s’annonce (voir les éditions antérieures, 2020, 2021, 2022, 2023). « Un festival itinérant de 15 soirées entre musique et terroir provençal » qui irrigueront le territoire, avec une douzaine de programmes différents sur presque trois mois.
Trois départements, et même trois régions accueilleront ce festival d’été : Sud-Provence en priorité par le Vaucluse (, terre d’origine de la famille Girard, mais également des incursions en Rhône-Alpes par la Drôme (Suze-la-Rousse et Bonlieu-sur-Roubion), et en Occitanie par le Gard (Roquemaure, Saint-Victor-la-Coste, Saint-André-d’Olérargues), autour du centre d’attractivité d’Avignon. En scellant toujours davantage l’ancrage dans les valeurs du terroir – domaines viticoles ou lieux patrimoniaux, « sous les platanes centenaires, sur le parvis des églises, dans les cours de château » ou sous « les voûtes de chapelles romanes » -, Rosa Musica réaffirme sa proximité artistique et humaine, et s’ouvre au plus large public. À côté des concerts-dégustation vespéraux, le quatuor Girard va en effet à la rencontre du public, riverains et touristes, sur les marchés provençaux, qu’il anime par de mini-concerts matinaux.
Il a su par ailleurs étoffer son répertoire chambriste, en se dotant en 2023 d’une vraie formation orchestrale, la Camerata Rosa Musica (qui se produira les 11 et 12 juillet; voir aussi).
Le festival s’est constitué autour du cœur battant du Quatuor Girard (Grégoire & Agathe violons, Hugues alto, Lucie violoncelle), que nous suivons depuis de longues années (notre entretien en 2019, ou un concert exceptionnel en ligne à ND de Paris, les Fleurs du paradis). Toutes ses activités sont désormais fédérées au sein de la jeune maison Girard production. Et, pour sa programmation, le benjamin Grégoire, 1er violon et directeur artistique, sait s’entourer de solistes de valeur, qu’il s’agisse d’aînés de référence, comme le pianiste et multi-casquettes Jean-Claude Pennetier (4 août), le flûtiste Philippe Bernold membre de la Camerata (11 et 12 juillet), le trompettiste Thierry Caens condisciple de Maurice André (2 août), le clarinettiste Michel Lethiec (8 et 10 août), ou même le poète élu à l’Académie française en 2013 Michael Edwards (18 août) rappelant comme une évidence la transversalité des formes de la pensée et de l’art, dans une famille profondément soudée autour de la figure tutélaire du grand-oncle, le philosophe René Girard, et de l’arrière-grand-tante, Simone Girard (honorée par une rue à son nom), créatrice de la Société avignonnaise de concerts, ancêtre de la Société de musique de chambre d’Avignon.
Ce sont aussi des rencontres de conservatoires qui ont tissé des complicités artistiques fortes : le pianistes trentenaires Philippe Hattat (14 juin), ou le prodige Nathanaël Gouin (20 juillet, voir notre entretien pour le Festival international de La Roque d’Anthéron 2023), Gaspard Dehaene élève de Bruno Rigutto (26 juillet), le clarinettiste Raphaël Sévère nommé Révélation aux Victoires de la musique à 15 ans (14 juin), le pianiste vauclusien Jean-Sébastien Bressy (25 juillet, 6 septembre), le violoncelliste Victor Antoine, membre de la Camerata (8 et 10 août), ou le proche complice César Birschner, pianiste brésilien qui a enregistré avec Grégoire un joli CD Un Français à Rio (28 et 29 juin). La plupart de ces artistes appartiennent à la société Girard production.
Programme sur https://www.girardproduction.fr/rosa-musica/
G.ad.
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