« Ce solo est mon amour et mon admiration pour cette grande dame que fut Barbara »

Après le succès de Giselles(s) en 2024, la danseuse et chorégraphe Marie-Claude Pietragalla – que nous avions déjà interviewée à cette occasion – est en tournée avec sa nouvelle pièce, Barbara, un solo en hommage à une chanteuse iconique, mis en scène par Julien Derouault.
Barbara est une grande inspiratrice. On se rappelle que le hasard (?) a poussé il y a quelques mois la chanteuse Noémi Waysfeld, elle aussi, vers l’univers de la longue dame brune, brièvement accompagnée, sur scène et au CD, de Maxime Le Forestier ; voir notre entretien avec l’une et avec l’autre, et notre compte rendu de concert.
La danseuse Marie-Claude Pietragalla, elle, sera à Confluence (Avignon) les 18 et 19 novembre 2025.


-Pourquoi Barbara ?
-C’est une longue histoire avec Barbara. Elle m’a accompagnée toute ma vie. Barbara se définissait comme la femme qui chante et moi je me suis définie comme la femme qui danse. Elle avait une relation incroyable avec le public, la scène, que j’ai aussi, d’une autre façon. C’est comme une grande sœur. Un mentor. Adolescente, j’écoutais ses chansons. Plus tard, en 1993, quand j’étais danseuse étoile, une amie commune me dit qu’il faudrait envisager quelque chose avec Barbara. Elle lui en avait parlé et Barbara était emballée. J’ai pu échanger avec Barbara, à l’issue d’un concert. Je pensais qu’on allait se revoir, mais elle est partie trop tôt et je suis restée avec ça en moi, pendant des années. Les gens me disaient souvent « tu es la Barbara de la danse ». J’avais des photos d’une troublante ressemblance entre nous. Le temps a passé, jusqu’à ce que je me dise que ça ne pouvait pas en rester à ce rendez-vous manqué avec cette femme qui m’a hantée toute ma vie, que j’admirais.
-Comment avez-vous créé ce spectacle ?
-J’ai lu tout ce que j’ai pu sur elle, des livres, ses interviews. Bernard Serf, son neveu, détenteur de ses droits, m’a raconté plein d’anecdotes. J’ai commencé à tout rassembler. Puis j’ai eu envie d’en chanter dans le spectacle. Et poussée par mon entourage, j’en ai fait un album de treize titres, qui sortira le 5 décembre. Jamais je n’aurais pensé chanter de façon professionnelle, accompagnée par le pianiste concertiste Yannaël Quenel, qui a fait la transcription. Je chante même en duo avec Serge Lama La petite cantate, une chanson que Barbara avait écrite pour sa pianiste, décédée dans un tragique accident de voiture. Elle était la compagne de ce chanteur extraordinaire que mon père adorait. Je suis sur un petit nuage. Même dans mes rêves les plus fous, ce n’était pas possible !

-Parlez-nous de ce spectacle.
-Entre un piano et un rocking-chair, deux éléments symboliques, chers à Barbara, qui voulait être entourée de ses objets pour se sentir bien sur scène, Barbara est une sorte de concert dansé et théâtral. A travers sa voix, sa musique, le chant, on passe par différentes étapes de son existence. Il y a la résilience de sa vie d’enfant avec cet inceste, le fait de se cacher pendant la guerre… Elle a mis toute sa vie dans ses chansons. C’est pour ça qu’elle touche autant les gens et qu’elle a traversé le temps. Il y a une telle intensité et une telle humanité dans sa musique ! C’est ce qui m’a attiré chez elle. J’avais dansé une fois sur l’Aigle noir quand j’avais fait Danse avec les stars. Mais je m’interdisais de danser sur ses chansons. Jusqu’au moment où je me suis dit : « Je ne vais pas mourir sans avoir eu ce plaisir ! »
-C’est un hommage dansé et chanté à Barbara ?
-Elle n’a pas besoin de moi pour ça ! Elle est passée à la postérité et elle est devenue une légende. C’est plutôt mon amour et mon admiration à cette grande dame.

-Vous êtes bien à Confluence !
-J’y avais fait la première saison de l’Opéra éphémère, quand celui du centre-ville était en travaux et je l’ai retrouvée avec bonheur l’an passé pour Giselle(s). On y reviendra en 2026, pour présenter notre dernière création, un Don Quichotte moderne et futuriste, qui se passe en 2040, à la fois drôle et profond. Don Quichotte (Julien Derouault) tombe amoureux de Dulcinée, une intelligence artificielle qui gouverne le monde. Loin du ballet classique, cette pièce pour 18 danseurs inspirée de Cervantès, traite aussi de l’écologie, de la mal-bouffe, de l’interconnection entre les êtres…, dans un décor en intelligence artificielle, de la designeuse Claire Allante. Je voulais mettre en avant la relation extraordinaire entre le réalisme de Sancho Pança et l’utopisme de Don Quichotte. On en a tellement besoin aujourd’hui !
Propos recueillis par M.-F.A. Photos Pascal Elliott
- Mardi 18 et mercredi 19 novembre 2025, 20h30. Durée : 1h15. Salle Confluence, Avignon. Tarifs de 37 à 67 €. Réservations sur le site : confluencespectacles.fr
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