On attend Maxime Le Forestier sur la scène de la Scala-Provence le 7 novembre. Non pas pour un tour de chant complet, comme à l’Opéra Grand Avignon en 2013 ou en 2020 pour la sortie de son seizième album, mais pour une courte apparition en forme de clin d’œil. C’est dans ce lieu que Noëmi Waysfeld et l’Orchestre National Avignon-Provence dirigé par Débora Waldman avait, il y a tout juste un an, enregistré le CD dont le concert salue la sortie, en hommage à Barbara, qui a tant inspiré Maxime le Forestier.
-Maxime Le Forestier, vous avez en ce moment (dernier trimestre 2024) un agenda chargé. Comment s’organise votre tournée ? Un même programme tous les soirs, ou des affiches différentes ?
-Un peu les deux. Ce sont mes chansons qui servent de base, et le reste peut varier.
-Vous serez à Avignon aux côtés de Noëmi Waysfeld. Comment s’est faite cette rencontre ?
-Par un ami, aujourd’hui disparu, Jean-Pierre Allard (1957-2024) . Il avait travaillé pendant 30 ans chez Universal, puis il a été viré par Bolloré ; je l’ai récupéré comme manager. Il m’a branché sur Noëmi, qu’il avait connue quand il était manager du département musical d’Universal.
-Vos univers se rejoignent ?
-Nous nous sommes rencontrés en studio autour de la musique. J’ai été séduit par le traitement orchestral ; je connais bien les accompagnements par de grands orchestres un peu anciens du XIXe siècle. Là, avec l’Orchestre d’Avignon, c’est tout de suite un orchestre du XXIe siècle !
-Et chanter avec un orchestre symphonique, est-ce une chance ou une contrainte ?
-C’est très agréable d’être sur scène avec un orchestre symphonique. Cela m’arrive rarement. C’est Alain Ronsard qui a écrit pour orchestre symphonique ; il est avant-gardiste musicalement. Mais vous savez, je chanterai très peu. Je n’interviens que dans La longue dame brune, où je chante la partie de Moustaki ; cela me rappelle mes débuts. https://www.youtube.com/watch?v=GAR49lnydLQ
-Avec Moustaki aussi c’est une histoire de complicité. Sur YouTube, une séquence vous montre, autour de Brassens, jouant le chœur pour le refrain des Copains d’abord, avec notamment Moustaki et Marcel Amont. Vous-même, avec Brassens, Julien Clerc, Souchon et d’autres, vous faites circuler les chansons. Pourtant, en son temps, vous appeliez à signer la loi Hadopi.
–En fait on voyait là la limite des biens culturels. Il faut remettre cette loi dans son contexte : il n’était pas interdit de copier et de vendre. Aujourd’hui on a changé de modèle économique, et le métier a changé, la circulation se fait sur abonnement, et les maisons de disques s’en sortent plutôt bien.
-Comment vous appropriez-vous une chanson, sans imiter l’original ?
-J’ai commencé avec L’Auvergnat de Brassens ; c’est Eddy Mitchell qui m’avait demandé de la chanter ; j’ai demandé l’autorisation de Brassens, qui m’a dit : « Mes chansons sont faites pour être chantées. » Et après, j’ai continué avec d’autres. Mais Moustaki, c’est chez moi (sourire).
-Vous aviez écrit une chanson « ça déborde ». Qu’est-ce qui aujourd’hui vous fait déborder, vous indigner ?
-Aujourd’hui j’essaie de sortir le moins possible de mes gonds. On tend à s’assagir avec l’âge…
-Vous dites volontiers que, dans Le Dernier soleil, vous avez changé la fin pour l’illuminer d’espoir. Quel est aujourd’hui l’espoir qui vous faite vivre ?
-(vivement) Les enfants, bien sûr.
-Les vôtres ?
-Tous les enfants.
-Vous avez dit que votre inspiration, d’auteur, de compositeur, partait toujours d’une phrase : mots, phrase musicale. Comment travaillez-vous ? A heures régulières, au hasard ?
-Je compose à flux tendu, quand j’ai besoin de répertoire nouveau. En ce moment, je suis au repos. Je pars à la fois de mots, de notes, puisque je suis aussi interprète. Quand je suis dans cette énergie-là, on se téléphone avec Alain Souchon, et on se dit : « mais, p…, que c’est difficile, d’écrire des chansons ! » Il vaut mieux se reposer. Et on reprend des chansons anciennes, et on se les remet dans le cœur.
-Si vous n’aviez pas été ce que vous êtes, qu’auriez-vous aimé être ou faire ?
-Chaque fois que je vois un chirurgien, je me dis que c’est ce que j’aurais aimé…
-Vous avez des regrets ?
-Pas du tout. »
Propos recueillis par G.ad. Photo Laura Fantoni
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