Samedi 13 septembre 2025, 21h00, Auditorium, Collection Lambert, Avignon. Durée : 1h20
Julie Roset, soprano, Grand Prix du Concours Operalia / Placido Domingo 2023, Victoire de la musique 2025 – Révélation artiste lyrique de l’année
Camille Allérat, Jehanne Amzal, soprani (ensemble la néréide)
Emmanuel Arakélian, orgue. Ulrik Gaston Larsen, théorbe. Maguelonne Carnus-Gourgues, viole de gambe
Sous l’égide d’« Avignon, Terre de Culture 2025 », en co-réalisation avec l’Opéra Grand Avignon
Programme : « Le cœur et la raison »
Du Parc, « Je ne sais pas ce que je sens » (trio). Clérambault, « Miserere ». D’Ambruis, « Le doux silence de nos bois ». Le Camus, « Délices des étés, Sébastien » (duo). Lambert, « Laisse-moi soupirer, importune raison » (trio). Lalouette, « Miserere ». D’Ambruis, « Lorsqu’avec une ardeur extrême ». Charpentier, « Ah, laissez-moi rêver ». Julie Pinel, « Pourquoi le berger qui m’engage » (duo). Jacquet de la Guerre, « La douce folie que celle d’aimer » (extrait de Céphale et Procris) trio
Placement libre. Tarifs : 22€ à 5€. Réservation : www.operagrandavignon.fr, ou 04 90 14 26 40.
« Dans ce programme, l’ensemble La Néréide invite à une immersion sensible dans la France du début du XVIIè siècle, tour à tour précieuse, spirituelle, espiègle et tourmentée. À travers l’évocation de la vie d’une jeune pensionnaire d’un établissement tel que la Maison Royale deSaint-Cyr – fondée en 1686 par Madame de Maintenon pour offrir aux jeunes filles de la noblesse désargentée une éducation complète, notamment musicale – se dessine un récit où l’intime dialogue avec l’histoire.
Le premier organiste de Saint-Cyr, Guillaume-Gabriel Nivers, posa les fondations d’une vie musicale intense au sein de l’institution. À sa mort en 1714, Louis-Nicolas Clérambault lui succéda, enrichissant ce patrimoine avec des motets d’une grande complexité, tel que le « Miserere », achevé en 1745, remarquable par sa richesse ornementale.
Dans un autre contexte, mais dans le même esprit de dévotion musicale, Jean-François
Lalouette, disciple de Lully, occupa successivement les fonctions de maître de musique à la cathédrale de Rouen, puis à Notre-Dame de Versailles, avant de succéder à André Campra comme maître de chœur à Notre-Dame de Paris. Si son œuvre profane a disparu, sa musique sacrée nous est parvenue : deux « Grands Motets », une « Messe » et deux « Livres de Motets » à une, deux ou trois voix avec basse continue, respectivement publiés en 1726 et 1730. Le « Miserere » qui conclut le second recueil fut interprété au Concert Spirituel dès 1726. Ces œuvres traversées d’affects variés alternent ferveur et virtuosité.
Pour établir un lien entre profane et sacré, La Néréide explore également les parodies spirituelles.
Intitulées « Conversion de quelques-uns des plus beaux (Airs) de ce temps en Airs spirituels », ces adaptations furent publiées entre 1656 et 1662 par le Révérend Père François Berthod, religieux cordelier. Destinées à des religieuses issues de familles aristocratiques, privées de vie mondaine, ces airs leur permettaient d’accéder à la beauté musicale de leur époque – œuvres de Lambert, Cambefort, Moulinié, Boesset et même Lully – tout en leur offrant des textes adaptés aux exigences morales et spirituelles de leur vocation.
Enfin, la partie profane du programme imagine ces rares instants de retour en famille, autorisés quelques jours par an, comme des moments de liberté où les jeunes filles redécouvrent les salons mondains. Là résonnent les airs de cour les plus en vogue, témoins intimes de leurs premiers émois amoureux.
L’air de cour, héritier des poètes-musiciens du Moyen-Âge, connait son apogée tout au long du XVIIè siècle avec des compositeur tels qu’Antoine Boesset ou Pierre Guédron. Ses successeurs, Michel Lambert, Sébastien Le Camus, Honoré d’Ambruis, le font évoluer vers l’air sérieux : un genre raffiné, souvent strophique, monodique ou polyphonique, agrémenté un double ornemental qui met en valeur l’expressivité du chant sur des textes galants, amoureux ou bucoliques.
Ce programme propose ainsi un voyage entre l’air sérieux, miroir vibrant des passions naissantes, et la musique sacrée, écho de la raison à laquelle, selon la pensée du XVIIè siècle, l’homme doit soumettre ses émotions. A mi-chemin, la parodie spirituelle – issue des deux genres – canalise ces affects, les sublime et les élève vers le Créateur. »
Julie Roset
ANNONCE
C’est la Néréide, trio de soprani autour de la pétillante Julie Roset, qui revient pour ouvrir la saison de Musique Baroque en Avignon, après avoir déjà donné un concert remarqué au CRR Grand Avignon en mai 2023 (voir aussi notre entretien d’alors avec Julie Roset… et déjà en 2017, une de ses toutes premières interviews !). Une saison particulière, comme l’avaient souligné la dernière A.G. et la conférence de presse du printemps, pleine de changements, mais toujours sur la même ligne de l’éclectisme et de du talent. Neuf concerts sont prévus, cinq programmés par Raymond Duffaud, conseiller artistique sortant (septembre-décembre), et quatre concoctés par la nouvelle équipe, le triumvirat composé des deux mezzos Karine Deshayes et Delphine Haidan et du producteur de Radio Classique Jean-Michel Dhuez (janvier-juin).
C’est donc un ensemble vocal, la Néréide, qui saura ciseler en ouverture, dans l’écrin délicat de la Collection Lambert, les délicatesses de la musique française du XVIIe siècle, profane et sacrée, « tour à tour précieuse, spirituelle, espiègle et tourmentée ». Julie Roset, auréolée de son très prestigieux Grand Prix Operalia/Placido Domingo 2023, et de sa Victoire de la musique 2025, a été formée au sein du chœur avignonnais A Piacere par Annie Fajot, qui lui confiait déjà des rôles de soliste, puis au CRR Grand Avignon, avant de partir vers des formations internationales. Elle sera entourée de ses complices Camille Allérat et Jehanne Amzal, et accompagnée par Emmanuel Arakélian (orgue) titulaire de l’orgue de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume, et lui aussi avignonnais d’origine, Ulrik Gaston Larsen (luth) et Maguelonne Carnus-Gourgues (viole de gambe).
Les concerts suivants de MBA pour le premier trimestre seront : soprano/clavecin pour la 9e Semaine italienne d’Avignon (18 & 19 octobre au Petit Palais) ; le chœur Homilius avec Quatuor à cordes et harpe (16 novembre à St-Agricol) ; les Paladins de Jérôme Correas, avec Karine Deshayes (14 décembre à l’opéra Grand Avignon).
G.ad.
BIOGRAPHIES
Julie Roset, soprano
Révélation Artiste Lyrique 2025, lauréate du Premier Prix à Operalia 2023 et grande gagnante du Concours Laffont du Metropolitan Opera en 2022, Julie Roset s’impose comme l’une des sopranos colorature les plus prometteuses de sa génération. En 2023, son interprétation de Zémire (Zémire et Azor) à l’Opéra-Comique fut saluée par la critique, Le Figaro écrivant : « la jeune soprano capte la lumière avec son chant aussi naturel qu’intelligent ». Julie Roset a collaboré avec de grands chefs d’orchestre, tels que Raphaël Pichon, Leonardo García Alarcón, William Christie, Julien Chauvin, Thomas Søndergård, Esa-Pekka Salonen, Louis Langrée, Adam Fischer et Enrico Onofri.
Elle s’est produite sur les plus grandes scènes internationales, du Carnegie Hall au Teatro Real de Madrid, en passant par le Wigmore Hall, le Musikverein de Vienne, l’Opéra national de Paris, le Festival de Salzbourg, l’Opéra-Comique, le Concertgebouw d’Amsterdam ou encore le Festival d’Aix-en-Provence.
Sa discographie témoigne de sa curiosité artistique et de sa finesse d’interprétation, avec des enregistrements tels que Salve Regina (Ricercar), Lamenti e Sospiri d’India (Ricercar), Il Concerto Segreto de Luzzaschi (Alpha), Dido and Aeneas (Aparté), Le Doux Silence (Alpha), Dixit Dominus (Aparté) et la Messe en si de Bach (Harmonia Mundi).
Julie Roset a commencé ses études vocales dès son jeune âge au Conservatoire du Grand Avignon, avant d’obtenir son diplôme avec mention de la Haute École de Musique de Genève, et elle a reçu son diplôme d’artiste en études d’opéra de la Juilliard School en 2022.
Camille Allérat, soprano
Camille découvre la musique par le violon et les chœurs d’enfants, avec lesquels elle se produit à l’international depuis son plus jeune âge. Elle étudie ensuite le chant à Lyon, puis à Genève, où elle sera lauréate de plusieurs distinctions pour son parcours. Sa passion pour la musique d’ensemble l’amène à collaborer avec Pygmalion, Holland Baroque et les chœurs de l’Opéra de Lyon et du Grand Théâtre de Genève, mais aussi à participer à la création de jeunes ensembles : membre fondatrice de l’ensemble Les Argonautes, elle crée également l’ensemble La Néréide dont le deuxième disque paraîtra en 2025.
En soliste, elle incarne Gretel (Hansel und Gretel), Donna Anna (Don Giovanni) et la Comtesse (Les Noces de Figaro), et s’illustre dans le répertoire sacré (Dixit Dominus de Haëndel, Stabat Mater de Pergolese, Requiem de Verdi et Petite Messe Solennelle de Rossini…).
Au disque, on peut l’entendre dans le rôle-titre de Didon et Enée (Aparté, 2022), dans le Dixit Dominus de Haëndel et Lotti (Aparté, 2024), et dans l’intégrale des madrigaux de Luzzaschi par La Néréide (Ricercar, 2023).
Par ailleurs, Camille est diplômée d’une licence de philosophie et d’un master en management.
Jehanne Amzal, soprano
Passionnée par la musique ancienne, la soprano française Jehanne Amzal est devenue une figure incontournable des plus grandes scènes européennes.
Elle a récemment interprété les rôles de Cléone et de L’Amour dans Médée de Charpentier au Staatsoper Unter den Linden, au Gran Teatre del Liceu et à l’Elbphilharmonie de Hambourg, sous la direction de Sir Simon Rattle et dans une mise en scène de Peter Sellars. Elle a également interprété ces mêmes rôles à l’Opéra de Paris dans une production dirigée par William Christie et mise en scène par David McVicar. Elle a également interprété la Norvégienne dans Ernelinde de Philidor à l’Opéra d’Oslo avec l’Orkester Nord sous la direction de Martin Wåhlberg.
Jehanne s’est produite sur de grandes scènes européennes, notamment au Concertgebouw d’Amsterdam, à l’Opéra national de Lyon, à l’Opéra de Lille, au Musiikkitalo d’Helsinki, au Théâtre des Champs-Élysées, au Müpa de Budapest, à l’Opéra Royal de Versailles et à la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Interprète passionnée de musique ancienne, elle collabore avec des ensembles renommés tels que le Freiburger Barockorchester, Les Arts Florissants, Le Concert Spirituel, Les Surprises, A Nocte Temporis, Les Ambassadeurs, Le Concert de La Loge et Les Paladins.
Maguelonne Carnus-Gourgues, viole de gambe
Maguelonne Carnus-Gourgues commence le violoncelle à l’âge de quatre ans et demi. Elle étudie au Conservatoire de Bordeaux dans la classe d’Etienne Péclard jusqu’à son DEM de violoncelle, puis dans celle de Benjamin Carat. Découvrant alors les musiques anciennes, elle retrouve Paul Rousseau, son tout premier professeur, avec qui elle apprend le violoncelle baroque et la viole de gambe, toujours au Conservatoire de Bordeaux. Elle entre ensuite au Conservatoire national supérieur de musique de Lyon où elle obtient un master de violoncelle baroque dans la classe d’Emmanuel Balssa en 2021, un master de musique de chambre l’année suivante et un master de viole de gambe en 2024 dans la classe de Marianne Muller et Myriam Rignol.
Portée avant tout par le plaisir de la musique de chambre et du travail approfondi sur des répertoires précis, Maguelonne co-fonde en 2017 Mycélium, quatuor à cordes sur instruments d’époque, avec lequel elle obtient son master de musique de chambre. Elle est également membre de l’ensemble Libera Me depuis 2016. En 2023, elle co-fonde le trio Contr’arco et le Duo Discus.
Mais son goût prononcé pour le continuo et la musique d’ensemble lui permettra aussi de travailler avec de nombreux autres ensembles à plus gros effectifs, de la musique ancienne jusqu’à la création contemporaine en passant par le répertoire tardif sur cordes en boyaux : le Concert de La Loge, Archi Luminosi Genève, l’ensemble Jupiter, l’orchestre Le Paradoxe, les Argonautes…
Depuis septembre 2023, Maguelonne enseigne également le violoncelle baroque au Conservatoire de Bordeaux.
Emmanuel Arakélian, orgue
Originaire d’Avignon, Emmanuel Arakélian est diplômé du Conservatoire national supérieur de musique de Paris où il étudie parallèlement l’orgue, le clavecin, la basse continue et la musique de chambre auprès de personnalités marquantes telles qu’Olivier Latry, Michel Bouvard, Olivier Baumont et Blandine Rannou.
Lauréat de nombreux prix internationaux et hôte régulier de festivals renommés, Emmanuel Arakélian est aujourd’hui titulaire du légendaire Grand-Orgue Isnard de la Basilique de Saint-Maximin. Il s’engage activement à son rayonnement en créant, en partenariat avec la municipalité, le festival d’été Harmonies d’orgue ainsi que la « renaissance de l’académie de Saint-Maximin » dont il est le directeur artistique. Très attaché à la transmission, Emmanuel Arakélian est titulaire du Certificat d’Aptitude et enseigne l’orgue depuis 2019 au Conservatoire National de musique de Région Pierre Barbizet de Marseille.
Ulrik Gaston Larsen, luth
Ulrik Gaston Larsen s’est formé à la guitare historique à l’Académie norvégienne de musique, puis au luth avec le professeur Rolf Lislevand à la Hochschule für Musik de Trossingen, en Allemagne. Il collabore régulièrement avec l’Ensemble Kapsberger, dirigé par Lislevand, et a participé à l’enregistrement de leur production La Chittara Spostate (Astrée / Naïve), actuellement en post-production. On peut également l’entendre avec La Chapelle Rhénane dans Histoire de la Résurrection & Musikalische Exequien de Heinrich Schütz (K617 / Harmonia Mundi), disque salué par la critique (Diapason d’Or, Le Monde de la Musique, Goldberg 5).
Musicien très actif, il est sollicité comme continuiste pour des productions d’opéra baroque telles que La Calisto de Cavalli, L’incoronazione di Poppea de Monteverdi, ou encore Giulio Cesare de Haëndel. Il se produit aussi en musique de chambre avec des ensembles comme Correspondances et Kapsberger, et partage son expertise à travers l’enseignement et des masterclass en Europe et en Amérique du Sud.
Spécialiste du répertoire italien ancien pour guitare, il met en lumière des œuvres rares et virtuoses de Granata, Pellegrini et Bartolotti. Son jeu raffiné s’étend également au théorbe, avec les pièces ornementées de Castaldi, Kapsberger et Piccinini. Compositeur et improvisateur, il a reçu une distinction internationale pour la musique du court-métrage animé A Garden Enclosed (Magdalena Bartáková, 2008), primé à Třeboň.
Ulrik Gaston Larsen joue sur des instruments conçus par Hendrik Hasenfuss et Stephen Murphy.
Il vit à Lyon, où il enseigne le luth, le théorbe et la guitare baroque.
Laisser un commentaire