L’excellence, tout simplement…
Voir aussi toute la saison de l’Opéra Grand Avignon et de Musique Baroque en Avignon
Dimanche 16 octobre 2022, 17h, durée 1h30. Opéra Grand Avignon
Dans le cadre de la sixième semaine italienne d’Avignon
Le Concert Spirituel. Direction, Hervé Niquet (notre entretien)
« Splendeurs vénitiennes » pour double chœur féminin et double orchestre à cordes
Antonio Lucio VIVALDI, Sinfonia al Santo Sepolcro, RV 169. Domine ad adjuvendum me festina, RV 593. Psaume 121 Laetatus sum. Psaume 113 In exitu Israel. Magnificat RV 610, en sol mineur, « Mon âme magnifie le Seigneur » (Texte : Cantique de la Vierge, d’après Saint Luc, 1, 39-66). Ouverture de L’Incoronazione di Dario, RV 719. Psaume 147 Lauda Jerusalem. Gloria per l’ospedale, RV 589, en ré majeur
En co-réalisation entre Musique Baroque en Avignon, l’Opéra Grand Avignon, Musique Sacrée/Orgue en Avignon, en partenariat avec le Consulat général d’Italie à Marseille et Petit-Palais Diffusion.
Dimanche 16 octobre, 17h, durée 1h30, Opéra Grand Avignon. Tarifs : 6€ à 40€. Réservations : 04 90 14 26 40, ou ou sur place.
Dimanche 16 octobre 2022, les « Splendeurs vénitiennes », avec Hervé Niquet et son Concert spirituel, ont fait l’ouverture de saison pour Musique baroque en Avignon, en coréalisation avec l’Opéra Grand Avignon, lieu d’accueil, et Musique sacrée/Orgue en Avignon ; et, dans le cadre de la Bella Italia, en partenariat avec le Consulat général d’Italie à Marseille et Petit-Palais Diffusion. Le baroque, on le sait, est une musique multiple, vivante, vibrante ; entre la polyphonie de la Renaissance et la relative « sagesse » du classicisme, le baroque est un peu le rock – pardon pour le jeu de mots facile – des XVII-XVIIIe siècle, dansant, rythmé, parfois flamboyant, parfois subtil et délicat. Quant au programme du concert – pour double chœur féminin et double orchestre à cordes -, « Vivaldi n’aurait pas écrit ça s’il n’avait pas été vénitien », s’enthousiasme le chef Hervé Niquet, brillant spécialiste de ce répertoire, « Venise, c’est l’eau dormante perpétuelle avec un mouvement à peine perceptible, avec un petit clapot. Vivaldi également, ce sont de grandes nappes harmoniques, et un frémissement constant avec le soleil qui tape et crée des taches de lumière : cela donne des horizons sans fin, et Vivaldi sait animer tout cela ; quel coup de génie ! ». Une musique « exaltante » pour les interprètes, « jubilatoire » pour le public. Et, par une de ces boutades dont le chef est friand, il affirme que « dans le climat mondial actuel, pesant et grisâtre, le seul endroit où l’on trouve du soleil, c’est avec nous à Avignon dans les « splendeurs vénitiennes » (voir l’intégralité de notre entretien). Alors, au cœur de l’automne, à travers le « Magnificat » et le « Gloria » de Vivaldi, nous nous laissons porter vers la lagune qui miroite au soleil étincelant, tout comme la redingote de scène du chef !…
De fait, les « splendeurs vénitiennes » ont tenu leurs promesses et rempli la salle.
Plusieurs structures avaient donc mutualisé leurs énergies, auxquelles s’ajoutaient des partenariats, pour une ouverture somptueuse de la saison baroque avignonnaise, en même temps que se clôturait en beauté, par le même concert, la Semaine italienne, autour des œuvres phares de Vivaldi, le Magnificat et le Gloria.
On a apprécié le parfait équilibre des deux chœurs féminins à voix égales – 3 soprani et 3 alti dans chacun -. Et le parfait équilibre de l’orchestre – 4 violons, 2 altos, 2 violoncelles, 2 contrebasses – autour de l’orgue positif.
Même si Vivaldi ne joue que sur 2 ou 3 notes, ainsi que s’amuse Hervé Niquet, quelles notes ! Le programme décline toutes les combinaisons vocales, entre répons d’un chœur à l’autre, d’une tessiture à l’autre, d’un chœur à l’autre, ou à l’intérieur du même chœur, ou d’une même tessiture entre les deux chœurs (psaume 147, « Laudate Jérusalem ») ; ou en canon (« Gratias agimus tibi ») ; ou tutti (« Fecit potentiam »)…
Seule une rigueur de chaque instant, une précision plus que millimétrée, un travail personnel et collectif intransigeant, peuvent assurer une telle quasi-perfection, sous une apparente facilité. Chaque phrase musicale est dessinée comme si elle était seule. La « petite musique » de chaque instrument décline sa ligne propre, unique tout en se fondant dans l’ensemble. Et la couleur de chaque voix miroite dans sa singularité, tout en peignant un tableau d’ensemble….
On pouvait sentir vibrer l’exaltation des interprètes, et la jubilation des auditeurs, comme l’avait annoncé le chef… pimentées de facéties, pas de danse ou bons mots, confirmant, si nécessaire, qu’il n’est pas besoin d’être sérieux pour tutoyer avec sérieux la perfection….
G.ad. Photos G.ad.
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