Un répertoire trop rare
Les Grands Concerts de Musiques Sacrées. Eglise Saint-Symphorien-Les Carmes, Avignon. (Dimanche 11 novembre 2018).
Musique Sacrée & Orgue en Avignon, en partenariat avec A Piacere. Dans le cadre des commémorations de l’Armistice de 1918.
Concert solistes, chœur, ensemble instrumental et orgue
Joseph Haydn, Concertos pour orgue et cordes en ut majeur ; Missa in tempore belli, pour solistes, chœur et ensemble instrumental
Julie Roset, soprano ; Jonas Descotte, alto ; Paul Belmonte, ténor ; Clément Stauffenegger, basse.
Chœur A Piacere. Ensemble instrumental Kallisté, direction Cordelia Palm
Annie Fajeau, direction. Jean-Michel Robbe, orgue soliste
Il fallait bien la plus vaste église collégiale d’Avignon (quelque 600 places) pour accueillir le concert annuel du chœur avignonnais A Piacere – un ensemble vocal créé au tournant du siècle -, en partenariat avec des instrumentistes, un concert dont on connaît la qualité et l’engagement. Ce rendez-vous prenait un relief particulier en cette année 2018, dans le double cadre des Grands concerts de musique sacrée de l’association Musique Sacrée/Orgue en Avignon ( voir aussi le concert du 4-11-2018), et du centenaire de l’Armistice.
Chœur, solistes, ensemble instrumental, et orgue étaient réunis pour un programme 100% Haydn. Des interprètes – voix ou instruments – qui ont tous commencé ou poursuivi leur cursus à Avignon, mais dont la carrière s’étend largement dans l’hexagone ou au-delà. Tous placés sous l’énergique direction d’Annie Fajeau.
Auprès de Jean-Michel Robbe, titulaire des orgues de l’abbaye de Frigolet, on a entendu l’ensemble instrumental Kallisté, sextuor à cordes majoritairement issu de l’Orchestre Régional Avignon-Provence et dirigé par Cordelia Palm violon super solo. Quant aux solistes Jonas Descott (alto), Paul Belmonte (ténor), et Clément Stauffenegger (basse), ils ont tous trois commencé la musique par l’apprentissage du violoncelle, ainsi que la soprano Julie Roset – lauréate du concours Jeunes espoirs en 2016, voir notre entretien – qui, à 21 ans, entame déjà une belle carrière nationale.
Le programme comprenait donc deux parties bien distinctes, deux concertos puis une messe. Les concertos n° 5 et 10 pour orgue et cordes soulignaient le dialogue entre Jean Michel Robbe et l’ensemble instrumental Kallisté emmené par Cordelia Palm ; si quelques difficultés ont pu entacher les premières mesures du moderato du concerto n° 10, elles ont été rapidement effacées par le professionnalisme des musiciens.
Puis ont résonné les timbales martiales – coups de canons et armes à feu – de la Missa in tempore belli ou Paukenmesse, composée alors que les troupes de Bonaparte menaçaient Vienne. L’orchestration est très belle et superbement rendue par les musiciens. Annie Fajeau a magnifiquement conduit l’orchestre et le chœur A Piacere, apportant dans sa direction les mille nuances d’une partition complexe.
En voix solo, elle avait invité la jeune Julie Roset, dont elle avait guidé il y a quelques années les premières vocalises, et dont le superbe timbre de soprano colorature promet une belle carrière. La jeune Avignonnaise s’est taillé cet automne au festival d’Ambronay un joli succès dans la Messe de Requiem de Colonna dirigée par Leonardo Garcia Alarcon – belle consécration pour une toute jeune artiste, qui a par ailleurs gardé toute la fraîcheur de sa spontanéité enthousiaste -.
Parmi les autres solistes, le ténor Paul Belmonte a impressionné avec une belle puissance vocale toujours contrôlée.
Jonas Descotte contre-ténor et Clément Stauffenegger basse (photo), malgré leurs voix pures et claires n’ont pas apporté la puissance vocale que requiert cette œuvre guerrière. Mais rappelons-le, ce fut un immense plaisir d’entendre cet ouvrage rarement donné. (Duo 84 & G.ad. Photos transmises par MSOeA).