Dimanche 30 octobre, 16h, Opéra Grand Avignon
Emilio Calcagno, D’un matin de Printemps
Pièce pour 14 interprètes. Musique additionnelle création originale de Matteo Franceschini. Chorégraphie, Emilio Calcagno. Scénographie et costumes, Thibault Sinay et Emilio Calcagno. Costumes réalisés dans les Ateliers de l’Opéra Grand Avignon. Création lumières, Elena Gui
Claude Debussy (1862-1918), Arabesque n°1 X, Clair de lune (de la Suite Bergamasque) ; Minstrels (version pour violon et piano de Debussy) ; Sonate violoncelle et piano, Sérénade. Gabriel Fauré (1845-1924), Papillon pour violoncelle et piano. Erik Satie (1866-1925), 1e Gymnopédie ; 1e Gnossienne ; 1e Danse de travers. Maurice Ravel (1875-1937), Trio pour violon, violoncelle et piano (2ème mouvement : Pantoum) ; Perpetuum mobile allegro. Olivier Messiaen (1908-1992), Quatuor pour la fin du temps « Louange », « l’éternité de Jésus ». Lilli Boulanger (1893-1918), D’un matin de printemps
Ballet de l’Opéra Grand Avignon : Lucie-Mei Chuzel, Béryl De Saint Sauveur, Aurélie Garros, Anastasia Korabov, Bérangère Marceau, Marion Moreul*, Remi Okamoto ; Arnaud Bajolle, Sylvain Bouvier, Allan Géréaud*, Joffray Gonzalez, Léo Khébizi, Kiryl Matantsau, Ari Soto
Ensemble Ouest : Aurélien Richard, piano. Constance Ronzatti, violon. Myrtille Hetzel, violoncelle
Création 2022. Nouvelle production de l’Opéra Grand Avignon
Joli titre que ce Matin de printemps emprunté à Lili Boulanger, et délicieusement prometteur après un Storm dévastateur qui avait marqué l’arrivée du nouveau chorégraphe en terre avignonnaise, et qui part sous peu, hélas, en tournée nationale. Nous assistons à la représentation dominicale de ce « matin printanier », entourés d’un public très jeune – matinée et vacances réunies -; la première représentation, la veille, avait suscité des applaudissements nourris et des critiques déjà très favorables.
Avec une mise en scène soignée, une chorégraphie esthétique entre danse moderne et fondamentaux classiques, et des éclairages subtils, cette deuxième création d’Emilio Calcagno pour les 14 danseurs d’un ballet partiellement renouvelé, tient en cela ses promesses. Musicalement, les compositeurs français du début du XXe siècle – Debussy, Ravel, Satie, ainsi que la trop rare Lili Boulanger et le benjamin l’Avignonnais Olivier Messiaen – se déploient grâce au talent de l’Ensemble Ouest – violon, violoncelle, piano – installé en hauteur en fond de scène derrière un tulle noir et délicatement éclairé ; l’univers que tisse le trio en contrepoint du ballet, ni redondant ni seulement descriptif, se révèle des plus heureux, avec une finesse et une précision d’autant plus étonnantes que l’ensemble, créé comme héraut du répertoire breton, est né il y a quelques mois à peine ! Et l’enregistrement électroacoustique de Matteo Franceschini en ouverture et clôture dessine d’autres horizons aussi légitimes, et qui se marient assez bien avec le répertoire classique.
La même cohérence traverse l’hétérogénéité des tableaux, dans lesquels on glisse, de l’un à l’autre, par un passage au noir ; sur ces murs et ce sol entièrement sombres, on croirait presque un clin d’œil de dernière minute au peintre Pierre Soulages récemment décédé ! Duos, trios, tutti, se succèdent, moments d’amour ou de rupture, de désamour ou de séduction, sans un fil narratif qui eût sans doute accroché plus durablement l’intérêt des nombreux enfants présents, mais cette palette, comme le kaléidoscope de l’un des tableaux, ne manque pas de charme. Très judicieux aussi, le miroir oblique qui se déploie dans les cintres et ne se contente pas de rendre visibles tous les éléments chorégraphiques dessinés au ras du sol ; il offre une mise en perspective de la scénographie, et ouvre un autre espace aux gestes, à la couleur, à la lumière.
Nourri de quantité d’influences, ce Matin de printemps déroule un beau moment d’une construction solide et d’un esthétisme certain. N’étaient certains enlacements qui n’ont rien d’une caresse, et l’énigme de la scène finale – table dressée pour un banquet macabre ? -…. ainsi que la non moins énigmatique photo d’illustration, joli faune nu presque androgyne, bien éloigné de ce Matin de printemps.
G.ad. Photos de répétitions Alexis Traissac. Photos de salut G.ad.
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