Théâtre Benoit XII, Avignon, samedi 3 décembre 2022
Lieder eines fahrenden Gesellen, Gustav Malher d’après l’arrangement fait par Arnold Schönberg. N26 pour voix et ensemble, Elisabeth Angot
Pierrot Lunaire, op. 21 pour voix, flûte, clarinette, violon, alto, violoncelle, piano, Arnold Schönberg ; danseuse chorégraphe, Hélène Belviaire
Ensemble 44
Une esthétique contemporaine, un équilibre toujours fragile… qui dessine justement la valeur émotionnelle
L’Ensemble 44 propose une œuvre scénique contemporaine autour de la mise en musique du recueil de poèmes Pierrot lunaire d’Albert Giraud par Arnold Schönberg en 1912.
Nous avons assisté à la Générale de la représentation du samedi 3 décembre 2022 au Théâtre Benoit XII à Avignon. Le spectacle rassemble sur scène six instrumentistes dirigés par le chef d’orchestre Léo Margue et le ténor soliste Fabien Hyon – qu’on reverra d’ailleurs à Avignon en avril – autour du programme musical réunissant des œuvres diverses.
Fondé en 2019 à Avignon par la compositrice Elisabeth Angot, l’Ensemble 44 (site officiel ) est constitué de musiciens et chanteurs soucieux de partager la création contemporaine ; il collabore avec de jeunes chefs – Léo Margue, Gabriel Bourgoin, Igor Bouin – et des personnalités artistiques comme la danseuse et chorégraphe Hélène Beilvaire, le plasticien Philippe Angot.
L’œuvre éponyme du concert, Pierrot Lunaire, est un opus 21 pour voix, flûte, clarinette, violon, alto, violoncelle, piano, avec la danseuse chorégraphe, Hélène Belviaire accompagnée d’un autre « protagoniste » avec lequel elle va jouer : le décor ! Réalisé par l’artiste Philippe Angot, le décor est constitué de 21 toiles projetées en fond de scène. Formes, ombres et lumières vont se succéder au rythme des 21 poèmes d’Albert Giraud, sur la musique de Schönberg et l’utilisation du parlé chanté.
La pièce d’Arnold Schönberg marque un tournant essentiel dans l’histoire de musique vocale par l’utilisation du « Sprechgesang », un style de récitation à mi-chemin entre la déclamation parlée et le chant, communément appelé le parlé chanté. Pierrot Lunaire reste considéré justement comme la première œuvre « 100 % Sprechgesang »
Nous avons pleinement apprécié l’enrichissement des œuvres musicales et poétiques par de la danse et des œuvres plastiques. Néanmoins, ce « cumul » peut générer une confusion de toutes ces dimensions artistiques. En effet, chacun des participants qui apporte sa pierre à l’édifice dans ce Pierrot lunaire, pourrait prendre le dessus tant l’équilibre est fragile ; mais c’est peut-être cette fragilité qui rend le spectacle à fleur de peau.
Tout est douceur et rugosité, tout est lumière et ombre, tout peut basculer et telle est LA difficulté du monde à être, trouver un équilibre qui fasse de la beauté, une éternité.
Mention spéciale au ténor Fabien Hyon qui a réussi à merveille à s’approprier le parlé-chanté aussi bien sur le plan technique qu’émotionnel. Il a su réunir le tableau musical et le tableau chorégraphique en créant du lien avec la danseuse. Il lui parlait, elle lui répondait. Tout est dit, tout est parlé, tout est chanté !
G.R. & AS.R. Photo Ensemble 44
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