Une rareté, et une réussite
Phaeton, opéra de Jean-Baptiste Lully, Opéra de Nice (23-03-2022)
Direction musicale, Jérôme Correas. Mise en scène, Eric Oberdorff. Assistant mise en scène, Olivier Lexa. Décors et costumes, Bruno de Lavenère. Lumières, Jean-Pierre Michel
Théone, Deborah Cachet. Clymène / Astrée, Aurelia Legay. Libye, Chantal Santon-Jeffery. Phaéton, Mark Van Arsdale. Triton / Le Soleil / La Terre, Jean-François Lombard. Epaphus, Gilen Goicoechea. Merops / Saturne, Frédéric Caton. Protée / Jupiter, Arnaud Richard
Orchestre Philharmonique de Nice
Chœur de l’Opéra de Nice
Avec la collaboration des musiciens de l’ensemble Les Paladins et des artistes de La Compagnie Humaine
Phaéton de Jean-Baptiste Lully est une vraie rareté, le compositeur étant plus généralement peu représenté dans les maisons d’opéra du sud de la France. La série de représentations niçoises revêtait donc un intérêt à plus d’un titre, l’ensemble du spectacle formant une réussite saluée par le public.
Le spectacle réglé par Eric Oberdorff constitue un écrin sobre et élégant à cette tragédie en musique en cinq actes et prologue. Le plateau est noir, tout comme les costumes des choristes, et l’on retrouve d’ailleurs dans la scénographie de Bruno de Lavenère le grand disque circulaire utilisé dans Akhnaten en début de saison, pouvant tourner et se soulever à l’aide de vérins. Les courtes séquences de ballets sont illustrées par les sept danseurs – par moments acrobates – de La Compagnie Humaine. La direction musicale de Jérôme Correas parvient à un très beau résultat, aux commandes de l’Orchestre Philharmonique de Nice, allié à quelques musiciens de l’ensemble baroque Les Paladins. Le Chœur de l’Opéra de Nice fait entendre pour sa part un son d’essence plus lyrique que baroque.
La distribution comporte de beaux éléments, en tête Deborah Cachet (Théone) très séduisante de timbre, associée à l’autre soprano Chantal Santon-Jeffery (Libye), dont la qualité de diction est également très appréciable. Aurelia Legay (Clymène, Astrée) se montre en revanche moins convaincante, l’instrument paraissant manquer de contrôle et de précision, tandis que côté masculin, le ténor très aigu Mark Van Arsdale (Phaéton) ne développe pas toujours une puissance très homogène dans l’émission. Voix encore plus délicate, Jean-François Lombard (Triton, Le Soleil, La Terre) nous semble à son meilleur lorsqu’il utilise sa voix de tête de contre-ténor, ou bien une voix mixte en haute-contre. Les trois voix graves, épanouies et solidement timbrées, ne suscitent que des éloges : celles des deux barytons Gilen Goicoechea (Epaphus) et Arnaud Richard (Protée, Jupiter) et de la basse Frédéric Caton (Merops, Saturne).
F.J.
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