Opéra de Toulon, Samedi 1er février 2020 à 20h
Manuel de Falla (1876-1846), Le Tricorne, suite n°1 (1917, ballet). (1. Introduction. 2. Après-midi. 3. Danse de la femme du meunier (fandango). 4. Le Corregidor. 5. La Meunière. 6. Les Raisins). Durée 10mn
Richard Galliano, (né en 1950), Opale Concerto, concerto pour accordéon soliste (1994) (1. Allegro furioso. 2. Moderato malinconico. 3. Allegro energico). Durée 20mn
Richard Galliano, Madreperla (2018). 1. (Tango ostinato, dédié à Astor Piazzolla et au bandonéon. 2. Balade mélancolique, dédiée à Toots Thielemans et à l’harmonica. 3. Mazurka antillaise, dédiée à Eddy Louiss et à l’accordéon). Durée 20mn
Alberto Ginastera (1916-1983), Estancia Dances, Op. 8a. (1. Los trabajadores agricolas. 2. Danza del trigo. 3. Los peones de hacienda. 4. Danza final (Malambo)). Durée 15mn
Richard Galliano, accordéon
Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon.
Direction Marzena Diakun
Une soirée roborative et généreuse, à l’image de l’immense artiste international qui a su marier la musique dite classique et les origines populaires de son instrument
L’opéra de Toulon a fait un triomphe légitime à Richard Galliano, qui s’est prêté de bonne grâce à un long long bis, suivi encore de longs longs applaudissements. L’homme est talentueux, sa musique généreuse, et l’on partage volontiers des accents aussi roboratifs, tout embaumés de sa Côte d’Azur natale.
De Falla avait ouvert la soirée, avec Le Tricorne, initialement inspiré par un roman éponyme de Pedro Antonio de Alarcon (1874) ; le compositeur en fera en 1917 un ballet pour Diaghilev et ses Ballets russes alors à Madrid, et une version symphonique en cinq mouvements courts : l’Orchestre symphonique de l’Opéra de Toulon a rendu avec maestria la vivacité d’une œuvre baignée du soleil somptueux d’une Espagne intemporelle, la légèreté sensuelle du fandango dansé par la belle meunière, la déconfiture du vieux corregidor amoureux… Une mention toute particulière pour la flûte traversière agile, les percussions toniques, les cuivres conquérants, les cordes homogènes, et un très joli solo de hautbois. Les mêmes pupitres brilleront également en fin de concert grâce à l’Argentin Ginastera, qui sera magnifiquement servi par des tutti vigoureux.
L’univers est évidemment resté hispanique avec les deux pièces composées et interprétées par Galliano. Elles sont à l’image de l’artiste, un mariage réussi entre formation classique et tradition populaire, un subtil dialogue entre l’élégance et la jubilation. Complice privilégié de Claude Nougaro et de très nombreux artistes, élève et ami de Piazzola, Galliano est un électron libre, inclassable, avec un talent multiforme : quel artiste pourrait en effet se targuer de trois Victoires de la musique dans des catégories distinctes comme le jazz (1997, pour son album New York Tango, puis 1998, pour Blow Up avec Michel Portal), et la musique classique (2014) ? Ainsi que du Prix Sacem pour un ouvrage pédagogique co-écrit avec son père (2010), et du Prix du meilleur compositeur (2014), sans oublier les distinctions d’Officier dans l’Ordre des Arts et Lettres (2019) et d’Officier dans l’Ordre National du Mérite.
Opale concerto (1994), accompagné de cordes et harpe, tisse des harmonies subtiles entre la Méditerranée fougueuse (1) et le tango lointain (3) en passant par un Paris populaire plein de nostalgie troublante (2).
Madreperla, une commande de 2018, à travers la nacre éponyme dont sont faits les boutons de l’accordéon et du bandonéon, rend hommage à trois grands devanciers, l’Argentin Piazzola (1921-1992) et son bandonéon, le Bruxellois Toots Thielemans (1922-2016) et son harmonica, enfin Eddy Louiss (1941-2015) – surtout pianiste et organiste – et son accordéon. Composite par son sujet même, cette « nacre » est néanmoins une perle de sensibilité, tour à tour joyeuse et mélancolique.
Au pupitre, Marzena Diakun, une jeune cheffe polonaise au brillant parcours international ; elle imprime précision (des attaques parfaites), fougue, énergie. Une soirée jubilatoire. (G.ad. Photo Wally Perusset).
Prochains concerts de l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon
- Laloum joue Mozart (28-2-2020), et notre entretien avec le compositeur Lionel Ginoux (création mondiale de sa Sinfonietta)
- Rivages (3-4-2020)
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- Lambert Wilson chante Kurt Weill (6-6-2020)
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