« Plus qu’un pianiste, un chercheur de vérité »
Mercredi 4 mai 2022, 20h30, opéra Grand Avignon. Spectacle à partir de 11 ans
Pascal Amoyel, piano et comédie. Christian Fromont, mise en scène. Philippe Séon, lumières
Bach, Aria des Variations Goldberg, BWV988. Mozart, Fantaisie en ré mineur (extrait). Schubert, Impromptu n°3, op. 90. Beethoven, Sonates (extraits)
« Looking for Beethoven ». Avec le soutien Spedidam et Adami
Voir aussi toute la saison 2021-2022 de l’Opéra Grand Avignon
« Plus qu’un pianiste, un chercheur de vérité ». C’est presque sur ces mots empruntés – ou attribués – à Beethoven que se termine la soirée Looking for Beethoven, un excellent spectacle conçu en 2020, à l’occasion du 250e anniversaire de la naissance du compositeur le plus joué au monde.
Pascal Amoyel aime partager ses coups de cœur, faire vivre la musique par les compositeurs, en mettant en notes, en voix, en scène, en comédie, des vies palpitantes. Brillant artiste international, Victoire de la musique en 2005 en catégorie Révélation Soliste instrumental, il a déjà été entendu avec bonheur au Festival d’Avignon, souvent au théâtre du Balcon dont il est un fidèle, et où la Covid l’a empêché de se produire en novembre 2021 avec un autre spectacle. Il se produit également en duo avec sa compagne de vie et de scène, la violoncelliste Emmanuelle Bertrand, récemment invitée par Musique Baroque en Avignon pour les Suites pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach. Un public de tous horizons l’a déjà applaudi, souvent à guichets fermés, dans Le Pianiste aux 50 doigts – autour du légendaire Georges Cziffra, qui l’avait remarqué à l’âge de 13 ans -, puis dans Le Jour où j’ai rencontré Franz Liszt.
Depuis longtemps je souhaitais voir ce spectacle, mais je n’en imaginais pas l’intensité. Ressemblance troublante, cultivée, de Pascal Amoyel avec Beethoven : la tignasse, la chemise blanche à large col ouvert, et un même talent multiforme, qui passe avec la même authenticité de la sensibilité la plus fine à la fougue la plus sauvage. Dans un silence à la fois intense et léger, l’artiste navigue entre « je » et « il », ayant mené une enquête rigoureuse dans les pas de celui qu’il avait découvert comme dans une illumination, ayant pu jouer sur le piano même de son illustre aîné, s’étant ému en tenant en main un manuscrit, et faisant vivre de l’intérieur l’enfoncement dans le drame le plus terrible qui puisse toucher un musicien, la surdité.
La salle n’a pas renoué avec l’affluence d’avant la Covid, mais l’air est suspendu, et même le passage au noir permet une respiration fluide, continue, sans applaudissement. Et le pianiste est loin d’être seul en scène : outre la grande ombre tutélaire – ombre ? que dis-je ? lumière éclatante -, outre le piano complice fidèle, la mise en scène de Christian Fromont, avec la même intelligente sensibilité, révèle, dans le sens photographique du terme, en Pascal Amoyel une présence théâtrale impressionnante ; enfin les éclairages de Philippe Séon, artistiquement travaillés, dans l’intensité, les couleurs, jouent eux aussi une partition très élaborée.
Un spectacle complet, intelligemment conçu, magnifiquement interprété, et pleinement vécu. On n’écoutera plus Beethoven comme avant… J’envie les enfants qui le découvrent ce soir.
Pascal Amoyel ne se produira pas en cette année 2022 au festival Off d’Avignon. Mais on pourra le retrouver dans le pays d’Aix-en-Provence, aux Nocturnes de Sainte-Victoire le 3 juillet avec le même spectacle.
G.ad. Photo 2 Philippe Hanula
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