Et « Vlast » la musique !
Opéra de Marseille, mercredi 21 juin 2023
Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Marseille. Sergey Khachatryan, violon. Gabriel Bebeşelea, direction
Maurice Ravel, Le Tombeau de Couperin. Jean Sibelius, Concerto pour violon en ré mineur, op. 47. Bedřich Smetana, Extraits de Ma Patrie
C’est le dernier concert de la saison à l’Opéra de Marseille en ce jour de la Fête de la Musique et c’est Gabriel Bebeşelea, chef principal de l’Orchestre philharmonique George Enescu de Bucarest, qui est placé au pupitre. Le programme démarre par les quatre pièces du Tombeau de Couperin orchestrées par Maurice Ravel, à partir des six composées à l’origine pour le piano. Le Prélude montre une belle virtuosité du hautbois solo, avant le charme diffusé par l’ensemble des pupitres de cordes. La Forlane est très dansante, mais toujours avec douceur. La flûte, et à nouveau le hautbois mais cette fois associé au cor anglais, y font preuve de vivacité. Après un séduisant Rigaudon, le Menuet est plus enlevé et espiègle dans ses tempi changeants, l’Orchestre Philharmonique de Marseille se montrant très bien en place rythmiquement.
Le violoniste arménien Sergey Khachatryan entre ensuite en scène pour l’unique Concerto pour violon composé par Jean Sibelius. Dès l’entame du premier des trois mouvements, le soliste fait entendre un son plein et clair, à l’intonation idéale, ceci sur un petit tapis de cordes pianissimo. Le vibrato à main gauche met du sentiment dans cette musique, mais sans excès pour ne pas verser dans le sentimentalisme. L’orchestre est bien équilibré avec le musicien soliste, en maintenant ce même niveau d’attention et de haute qualité. Le public du soir, pas forcément très connaisseur des us et coutumes du concert classique, applaudit à tout rompre à la fin du premier mouvement, un peu étonné quelques instants plus tard par le deuxième mouvement qui enchaîne… L’adagio est mélodieux et plus poétique, avant l’allegro, par séquences un véritable condensé de virtuosité pour le violon solo, cette énergie commune menant à un finale de grande allure. En bis, Sergey Khachatryan joue une ancienne mélodie arménienne, un son suspendu comme un chant triste au lointain.
Après l’entracte, on quitte la Finlande de Sibelius pour rejoindre l’Europe centrale, avec les extraits de Ma Patrie (Má Vlast) du Tchèque Bedřich Smetana. Trois des six poèmes symphoniques sont joués, dont le deuxième La Moldau : ce thème extrêmement connu a été régulièrement utilisé en bande sonore de publicités à la télévision, et souvent pour illustrer des produits de consommation sur fond de nature verdoyante. On imagine ainsi sans effort un fleuve qui coule avec majesté, ici la Moldau (Vltava) qui traverse Prague puis continue son cours. Les contrastes sont très marqués dans le poème qui suit, entre les pupitres de cordes qui entrent doucement en canon et les tuttis majestueux qui incluent des cuivres éclatants. Le troisième extrait forme également un crescendo sonore, depuis des oiseaux au bois qui gazouillent dans une nature qui paraît s’éveiller, jusqu’au finale de grande ampleur qui sollicite généreusement les cuivres, pour un élan effectivement très patriotique comme le titre donné au cycle des six poèmes symphoniques.
F.J. Photos I.F.
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