Vendredi 9 février 2024, 20h, Opéra Grand Avignon / Avignon
Orchestre National Avignon-Provence. Direction musicale, Jean-François Verdier. Mezzo-soprano, Eugénie Joneau
Éric Tanguy, Incanto. Antonín Dvorák, Chants bibliques. Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 7
Réservations à l’Opéra Grand Avignon, du mardi au samedi, 10h-17h, ou 04 90 14 26 40, ou www.operagrandavignon.fr
L’Orchestre national Avignon-Provence propose au public des rencontres et des actions culturelles en amont de certains concerts dans la salle des Préludes à l’Opéra Grand Avignon.
- Vendredi 9 février 2024, de 19h15 à 19h35, Salle des Préludes, Opéra Grand Avignon, un avant-concert, rencontre avec le chef, ou le/la soliste…
- Vendredi 9 février, 9h30, Opéra Grand Avignon, une répétition générale, ouverte aux groupes (jeunes, associations…).
- Mercredi 7 février, 14h30, Bibliothèque Ceccano, Avignon, une Promenade Orchestrale – Atelier d’écriture, autour du concert Incantations animé par Isabelle Ronzier, médiatrice culturelle ; atelier ouvert à toutes les plumes, toutes les expressions, sans niveau ni pré-requis. La participation à cette Promenade Orchestrale permet de bénéficier d’un tarif C sur le concert Incantations. Gratuit sur inscription au 07 88 36 02 61 ou sur communication@orchestre-avignon.com
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L’Orchestre National Avignon-Provence nous gratifie régulièrement d’excellentes prestations. Ce fut encore le cas ce vendredi soir, sous la direction de Jean-François Verdier. L’œuvre d’Eric Tanguy, Incanto (créée en janvier 2002), déjà donnée dans notre salle, en octobre 2009, sous l’ère Jonathan Schiffman, l’une des plus connues de son catalogue, constituait une bonne entrée en matière. Ouverture de courte durée (6 mn), en trois parties au tempo des plus rapides, à l’orchestration énergique et enjouée, sollicitant en permanence l’orchestre, tout en permettant à chaque pupitre de s’exprimer, elle a pour elle de valoriser la virtuosité et la cohésion de l’orchestre. Nos musiciens s’en acquittèrent parfaitement en y prenant tout leur plaisir.
Changement d’ambiance avec les Chants bibliques de Dvorak, œuvre parmi les moins connues du compositeur, plus personnelle, écrite pour lui-même en 1894, lors de son séjour aux Etats-Unis et d’un épisode de « mal du pays ». Dix psaumes ont été mis en musique, navigant entre la douleur, l’espérance, l’allégresse. Si les trois premiers portent plutôt la douleur, le quatrième est une belle prière pleine de douceur et le cinquième est un élan de joie. Le sixième exprime à nouveau une prière douce et rêveuse et les deux suivants redeviennent plus sombres avant de laisser la place aux deux psaumes finaux renouant avec l’allégresse et une joie triomphante, deux chants de louanges et d’espoir placé en Dieu. Composé à l’origine pour une voix de basse, c’est la jeune mezzo-soprano Eugénie Joneau qui assurait la partie soliste, accompagnée par un orchestre en effectif restreint, cordes, bois limités aux flûtes et clarinettes, cors et trompettes, harpe, timbales.
Originaire de Saint-Rémy-de-Provence, Eugénie Joneau mène déjà une très brillante carrière (site officiel) : lauréate du Concours Jeunes Espoirs Raymond Duffaut à l’Opéra Grand Avignon puis Révélation des Victoires de la musique classique 2022, après avoir chanté sur la scène de Musiques en Fête aux Chorégies, elle a surtout été couronnée de trois prix au Concours international Operalia de Placido Domingo le 5 novembre dernier, aux côtés d’une autre provençale, l’Avignonnaise Julie Roset. Joli mezzo, à la belle ligne vocale, à la voix nette et sûre, notamment dans les passages où elle se retrouve à nu, vivant son texte et l’articulant parfaitement (m’a-t-il semblé, je ne connais pas le tchèque), elle a su traduire avec nuances et expressivité les sentiments qui animaient l’auteur. L’orchestre, aux interventions bien dosées et équilibrées, bien conduit par un Jean-François Verdier sobre, précis, sans théâtralité, l’a efficacement accompagnée pour nous offrir une œuvre bien prenante. On retiendra en particulier le jeu tout en nuances des cordes et la prestation des fûtes et clarinettes souvent mises en valeur. Le public exprima largement aux interprètes toute sa satisfaction.
La 7ème symphonie de Beethoven, qui n’est plus à présenter, clôturait le concert. L’interprétation en fut magistrale, en exprimant toute l’énergie conquérante et le travail rythmique. Après un premier mouvement vivant, puissant, aux dynamiques bien dosées, le deuxième, peut-être pas tout à fait allegretto, tendant vers l’andante, mais plein de séduction, surprenait par son introduction lente et presque confidentielle aux altos, violoncelles et contrebasses, rejoints, ensuite, par les violons. Suivaient un 3ème mouvement rapide et joyeux et un quatrième pris sur un tempo très rapide, menant avec brio (indication respectée) vers un final époustouflant laissant imaginer un Beethoven animé d’une joie débordante. A noter un bel instant plus retenu, comme suspendu, avant une reprise énergique du thème. Le public entraîné dans le mouvement, offrit une ovation euphorique à l’orchestre, irréprochable à tous les pupitres, et au chef, rappelé plusieurs fois devant lui.
Prenant la parole, celui-ci dédia le concert au grand chef récemment décédé, Seiji Ozawa, et proposa en bis la douceur et la nostalgie de l’entracte n° 3 de la musique de scène Rosamunde de Schubert, permettant encore à la clarinette et au hautbois de se mettre en évidence en un agréable dialogue.
Nous noterons encore avec satisfaction qu’il n’y eut pas, cette fois, d’applaudissements intempestifs entre les mouvements. Avions-nous un public plus averti ? Il faut dire aussi que le chef imposa des enchaînements assez rapides, laissant peu de temps aux réactions manuelles !!!
B.D. Photo Océane Seyer (Eugénie Joneau)
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