L’OJM au Festival d’Aix-en-Provence : la jeunesse au pouvoir !
Lundi 21 juillet 2025, Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence
Concert de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée
Direction, Evan Rogister ; soprano, Amina Edris.
Richard Wagner, Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg – Ouverture. Charles Gounod, Mireille – « Voici la vaste plaine » (Air de la Crau) Acte IV – 2ème tableau. Composition collective de l’OJM avec le Quintet et Amina Edris. Gustav Mahler : Symphonie n°1 en ré majeur, dite « Titan »
C’est la deuxième année que le chef Evan Rogister est placé aux commandes de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, dont le concert au Grand Théâtre de Provence vient clore, comme régulièrement ces dernières éditions, le Festival d’Aix-en-Provence. Il est à noter que ce concert était aussi à l’affiche des Chorégies d’Orange le 17 juillet, mais a été annulé en raison du manque de remplissage du théâtre antique, comme ce fut le cas également pour la soirée du Liverpool Oratorio. On est une nouvelle fois très impressionnés par le niveau d’excellence de ces jeunes musiciens, qui n’ont bénéficié que de quinze jours de répétitions pour présenter un programme d’une grande difficulté.
Dans l’Ouverture des Maîtres Chanteurs de Nuremberg, le chef américano-allemand sait doser le volume pour monter en puissance au cours de la pièce et terminer par un beau brillant. Puis c’est ensuite une chanteuse très en vue qui monte sur scène, la soprano Amina Edris, qui a interprété entre autres cette saison Marguerite du Faust de Gounod et le rôle-titre de Manon de Massenet à l’Opéra Bastille. Elle chante un autre rôle de Gounod ce soir, celui de Mireille pour son grand air du 4ème acte « Voici la vaste plaine », en proie aux hallucinations quand elle marche dans la plaine de la Crau, sous le soleil brûlant, avant de mourir à l’acte suivant aux Saintes-Maries-de-la-Mer. On y apprécie sa musicalité et l’engagement de l’interprétation.
On enchaîne avec la traditionnelle composition collective de l’OJM, avec la mise à l’avant-scène de cinq excellents musiciens et/ou chanteurs solistes : Fahed Ben Abda (voix), Dalal El Bied (voix & violon), Charles Kieny (accordéon), Georgios Markopoulos (clarinette) et Myrsini Pontikopoulou Venieri (violon). Il s’agit d’une composition tonale aux accents orientaux, où la voix féminine de Dalal El Bied séduit immédiatement, très bien amplifiée avec une certaine réverbération. Elle s’accompagne parfois au violon, joué à la verticale comme un violoncelle. La voix masculine de Fahed Ben Abda est aussi intéressante, sur une très longue tessiture, entre graves et aigus en voix de tête comme un contre-ténor. Les deux sont rejoints par Amina Edris, pour chanter ensemble ou bien dialoguer. A la demande du public, le final est repris en court bis.
Après l’entracte, c’est un solide pilier du répertoire classique qui est joué, soit la Symphonie n°1 de Gustav Mahler. On admire le résultat obtenu, certes de la part de musiciens individuellement parmi les meilleurs, mais qui ont dû produire un formidable travail de répétitions et mise en place, sous la direction du chef, ainsi qu’avec l’aide, sous forme de mentorat, de quelques musiciens plus expérimentés du London Symphony Orchestra. Le tapis de cordes est magnifique et sait dessiner divers contrastes, entre finesse et franches attaques, en début de deuxième mouvement par exemple. D’ailleurs, tout réussit au chef qui rattrape sa baguette pendant le premier mouvement, après l’avoir involontairement lancée en l’air ! Les bois et cuivres font aussi un sans-faute, entre trompettes en coulisses initiales et thèmes davantage folkloriques ou d’Europe centrale aux bois pendant le troisième mouvement. Le dernier mouvement, plus long et aux difficiles et soudains changements de rythmes, présente une grande allure. Ses irrésistibles montées vers de larges climax font se lever le public à l’issue du concert.
I.F. & F.J. © Vincent Beaume
Laisser un commentaire