Quand le Ciel s’invite sous les voûtes provençales…
Collégiale Saint-Didier d’Avignon, lundi 11 novembre, 17h
Wolfgang Amadeus Mozart, (1756-1791), Sonates d’église. Wolfgang Amadeus Mozart, « Voi avete un cor fedele » Kv 217. Wolfgang Amadeus Mozart, Waisenhausmesse (Messe de l’Orphelinat)
Julie Roset, soprano. Jonas Descotte, alto. Paul Belmonte, ténor. Clément Stauffenegger, basse
Le Chœur A Piacere, L’Ensemble instrumental Kallisté, direction Cordelia Palm
Trompettes, Jacques Jarmasson & . Orgue, Jean-Michel Robbe
Annie Fajeau, direction
Un concert de haute volée, un moment de grâce : Mozart, avec Kallisté, le choeur A Piacere, quatre solistes dont la jeune soprano Julie Roset – étoile montante, à ne pas quitter des yeux -, sous la direction inspirée d’Annie Fajeau
Voilà un de ces concerts qui ont une âme, dans cette collégiale gothique provençale du XIVe siècle, classée monument historique en 1983. Un de ces concerts qui vous soulèvent, de cet état qu’on appelle la grâce, et qui vous élèvent en un instant suspendu… Ce n’est pas seulement la musique sacrée – qui peut, parfois, être tellement… mas-sacrée ! -, mais tout un ensemble d’éléments impondérables qui font d’un moment partagé un moment exceptionnel.
C’est d’abord Annie Fajeau, fondatrice du chœur A Piacere, et au pupitre, qui fédère une ferveur, une énergie, qui la dépasse elle-même ; à chacun de ses gestes, elle transmet à chacun une fougue qui la maintient debout, elle, ce frêle petit bout de femme qui semble devoir s’envoler à chaque geste, et qu’elle ponctue en tendant les bras ouverts vers le ciel, comme en une prière magistrale qui lui échappe. Jusqu’aux rayons qui traversent les vitraux en cette fin d’après-midi automnale pour la nimber de lumière. Sa rigueur, sa discipline, son charisme, se sont toujours concrétisés en des concerts de haute volée ; mais celui-ci les dépasse encore.
Son ensemble vocal la suit comme un seul homme, comme un seul cœur, et le travail intensif auquel elle le soumet éclot magnifiquement lors de ce concert annuel, dans le cadre des Grands Concerts de Musiques Sacrées de l’association avignonnaise Musique Sacrée et Orgue en Avignon.
Aux instruments, l’ensemble Kallisté, renforcé pour la circonstance d’orgue, cuivres et percussions. La qualité artistique de la fondatrice et directrice, Cordelia Palm, violon super solo de l’Orchestre Régional Avignon-Provence (Orap), et la complicité qui la lie aux autres musiciens, tous membres ou proches de l’Orap, est garante de l’excellence de l’ensemble.
En voix solistes, quatre jeunes talents issus du chœur A Piacere, et qui volent désormais de leurs propres ailes. Tous ont été accompagnés et poussés jusqu’au meilleur de leurs capacités avec la même discipline bienveillante et la même qualité artistique par Annie Fajeau et leurs divers professeurs, trouvant dans leur propre sensibilité un terreau propice. Des voix justes, précises, aériennes, pour les trois garçons, Jonas Descotte (alto), Paul Belmonte (ténor), Clément Stauffenegger (basse).
Mais surtout Julie Roset (ici avec l’alto Jonas Descotte, avec qui elle forme l’ensemble des Argonautes), dont nous avons suivi les diverses étapes : sa brillante réussite au Concours #Jeunes Espoirs 2016 (1er prix et prix du public), puis sons ascension fulgurante (Ambronay, Alarcon) à travers la HEM de Genève… A l’heure où sa jeune carrière prend un essor national voire international, elle reste fidèle à sa ville d’origine et au chœur d’Annie Fajeau au sein duquel elle a fait ses premières vocalises. Son timbre d’une pureté angélique, sa projection parfaite, sa délicate sensibilité à fleur de voix, sa souriante maturité, en font une artiste sur qui on peut compter, et d’une délicieuse générosité.
Le programme du concert était exclusivement mozartien, avec d’abord des sonates d’église, et un air de concert (« Voi avete un cor fedele ») composé en 1775 pour mettre en valeur la voix de Catarina Roistorini, comme la pratique en était courante à l’époque, et surtout la Messe de l’Orphelinat (1768). Le jeune Mozart avait 12 ans quand il composa – et dirigea – cette messe pour la consécration d’une église au sein de l’orphelinat de Vienne subventionné par l’empereur. Selon le modèle italien, cette messe alterne les voix tutti, les quatuors, duos et soli, en des univers différents créés par le chœur A Piacere, les solistes et l’ensemble instrumental Kallisté renforcé.
Voilà un moment de grâce qu’on s’en serait voulu de manquer. (G.ad. Photos concert G.ad.)
jEANNE ALBANO dit
J’y étais. Un moment superbe.
Boudin dit
Effectivement moment rare