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On le savait déjà depuis l’assemblée générale du printemps : Raymond Duffaut met un terme à sa collaboration de vingt-cinq années au sein de Musique Baroque en Avignon – naguère Festival de Musique ancienne d’Avignon-Vaucluse -, après avoir déjà quitté les autres responsabilités qu’il exerçait à la tête de structures prestigieuses : le Festival d’Avignon (administrateur, 1972-1974), les Chorégies d’Orange (1981-2016), le CNIPAL (Centre National d’Insertion Professionnelle pour les Artistes Lyriques, 1986-1989), l’Opéra Grand Avignon (1974-1985, puis 1989-2017), la ROF (Réunion des Opéras de France, 2002-2005), l’Auditorium de Vaucluse Jean-Moulin (1984-2012), le CFPL (Centre français de promotion lyrique, 1996-2021), l’Opéra de Massy (2000-2016), les Saisons de la Voix de Gordes (2017-2024).

Lors de la rencontre post-concert, en présence des tutelles, de personnalités et d’amis, il a rappelé qu’il fréquente cette maison d’opéra (tout juste bicentenaire, et qui fut d’abord Théâtre municipal d’Avignon, puis Opéra-théâtre d’Avignon, avant de devenir par changement de statut Opéra Grand Avignon)… depuis 80 ans, alors que son père était maire de la ville, et que lui-même, enfant, connaissait autant les coulisses que les spectacles. (Photo, de g. à dr. Frédéric Roels – directeur de l’Opéra Grand Avignon -, Claude Morel – vice-président du Grand Avignon -, Robert Dewulf – président de MBA -, Michel Bissière – conseiller régional -, Raymond Duffaut, Delphine Haidan – mezzo-soprano -, Jérôme Corréas – claveciniste -, Karine Deshayes – soprano -, Jean-Michel Dhuez – producteur Radio-Classique -).
« Ultime concert pour moi, écrivait-il il y a quelques jours, en clôture de quelque 50 années de programmation au cours desquelles j’aurai essayé de servir le spectacle vivant, dans toute sa diversité, aussi humblement qu’honnêtement, et un public, toujours justement exigeant, que je ne remercierai jamais assez pour sa fidélité et son soutien. »
C’est donc pour Raymond Duffaut la page de MBA qui vient de se tourner, en présence notamment de son épouse Nadine, qui a mené elle-même une belle carrière de metteure en scène, dont une inoubliable Butterfly à Orange, Faust ou Offenbach à Avignon, Marseille ou ailleurs, et de leur fille Sophie, aujourd’hui directrice de l’Auditorium départemental de Vaucluse, vingt ans après son père.
Les institutionnels ont souligné le professionnalisme de Raymond Duffaut, sa rigueur de gestion, son éclectisme de programmation, et son enthousiasme que les années n’ont pas entamé. En Raymond Duffaut c’est une très grande figure de l’art lyrique qui a ainsi tiré sa révérence ; il a pendant plus d’un demi-siècle marqué la vie musicale, au niveau départemental, régional, national, voire davantage par le rayonnement international des Chorégies d’alors, et mené et maintenu dans l’excellence toutes les structures dont il avait la charge.

Il « ne pouvait pas » ne pas terminer sa carrière avec une artiste comme Karine Deshayes, à qui le lie une amitié de plus de trente-cinq ans, et à qui – ainsi qu’à ses deux complices, Delphine Haidan et Jean-Michel Dhuez – il passe le témoin pour la direction artistique de MBA. Séquence émotion dans la salle, sur la scène où il a rejoint les artistes, et après le concert.
Mais « l’homme-orchestre » – qui cumulait l’artistique, l’administratif, le financier – sera toujours présent à l’Opéra Grand Avignon, à MBA et ailleurs… en spectateur.
Pour découvrir la richesse d’une carrière intense, on se plongera dans l’ouvrage de Julie Deramond, Raymond Duffaut, 70 ans d’histoire(s) d’Opéra, Editions universitaires Avignon, publié en 2024 à l’occasion du bicentenaire de la maison avignonnaise.
G.ad. Photos G.ad.
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