Jeudi 4 avril 2024, Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence. Dans le cadre du Festival de Pâques 2024, 11e édition (page officielle)
Messe en Si mineur, BWV 232, Johann-Sebastian Bach (1685-1750)
Chœur Pygmalion : Maïlys de Villoutreys, soprano ; Beth Taylor, mezzo-soprano ; William Shelton, alto ; Robin Tritschler, ténor ; Christian Immler, basse
Voir aussi notre présentation d’ensemble du Festival de Pâques 2024
et tous nos articles du mois d’avril 2024
La Messe en Si est appréciée de tous les amateurs de Bach et du style baroque en général. C’est une œuvre de la maturité du compositeur. Et, comme c’était commun à l’époque, le maître avait réuni diverses pages déjà écrites, et qu’il appréciait, en les réorchestrant pour donner une unité. Cela donne une synthèse du meilleur de lui-même !
Les panneaux de bois de fond de scène étant fermés, le Grand Théâtre offrait une bonne acoustique, sans ce trop de résonance qui peut nuire à la finesse d’écoute dans certaines églises.
Dans cette œuvre, ce sont les parties de chœur et d’orchestre qui dominent. L’accord entre ces deux composantes de l’ensemble Pygmalion était très bon, grâce à la maestria de Raphaël Pichon à la baguette, invité régulier du Festival de Pâques (voir page officielle) et à sa complicité avec « son » ensemble, devenu une référence dans ce répertoire. Le jeu sur instruments anciens, ou copies d’anciens, confère une grande expressivité ; ainsi pour les flûtes traversières en bois et les hautbois, identifiables avec bonheur ; les cordes, avec archets à l’ancienne, avaient une belle sonorité ; en revanche je suis moins amateur des cuivres baroques à la justesse, hélas, trop relative ! Côté voix, je n’ai pas été le seul à trouver que les soprani étaient trop en avant par rapport aux autres pupitres, les messieurs étant aussi moins nombreux que les dames. J’ai davantage apprécié les tout derniers mouvements où, du fait du dédoublement du chœur, les différents pupitres ont été mieux répartis sur scène. Peut-être serait-il souhaitable de les positionner ainsi dès le début ?
Si les parties de solistes peuvent ne paraître que comme d’élégantes virgules musicales, Bach les utilise pour souligner tel ou tel moment liturgique de cette messe. La distribution prévue ayant été modifiée au dernier moment, je regrette de n’avoir pu réentendre Emiliano Gonzales-Toro qui avait brillé lors du concert proposé par Musique Baroque en Avignon, dans l’auditorium de la collection Lambert la saison dernière, même si la voix cristalline de son remplaçant Robin Tritschler « passait » très bien. Maïlys de Villoutreys a remplacé Ying Fang dans le rôle de soprano. La mezzo Beth Taylor et la basse Christian Immler ont tenu fort honorablement leur rôle. Le choix de la prononciation allemande pour le latin était intéressant. J’ai été plus agréablement surpris par la dernière intervention du contre-ténor William Shelton. Son interprétation de l’Agnus Dei aurait été propice à un grand recueillement ; le public lui a d’ailleurs accordé la plus grande concentration et une écoute particulièrement attentive ; c’est un nom à retenir, ce jeune homme étant sorti de l’académie de jeunes talents de Philippe Jaroussky. Classiqueenprovence avait déjà entendu ses débuts sur les scènes de la région : lauréat du concours de la mélodie de Gordes en 2020, puis, à ce titre, lors de son premier récital en octobre 2021 au CCR Grand Avignon, à l’invitation de l’Opéra Grand Avignon.
Cette année encore, bravo et merci à Renaud Capuçon pour la très belle programmation qu’il a offerte au cours de l’édition 2024 du Festival de Pâques.
N.A. Photos Festival de Pâques & S. DM.
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