La femme du bourreau : héroïne, victime ou tortionnaire également ?
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Théâtre des Corps-Saints, 15h20, durée : 1h15. Du 5 au 26 juillet, relâche les 8, 15 et 22 juillet. Réservations à 04 84 51 25 75
Un journaliste américain et son cameraman viennent interviewer, à Munich, la veuve d’Amon Göth, sur ses liens avec Oskar Schindler, sur ce qu’elle sait de lui et de son action pour sauver des déportés du camp de Plaszow dirigé par son mari. Mais cet interview va très vite dépasser les relations avec Schindler, elle va devenir un véritable interrogatoire sur Irène Kalder, Majola comme l’appelait affectueusement Göth, sur son rôle durant ces années avec lui, sur ce qu’elle savait. Cet interview va aussi révéler beaucoup sur la personnalité des deux journalistes, l’un
L’écriture subtile de Caroline Darnay nous entraîne de rebondissements en rebondissements et de découvertes en découvertes. Elle interroge avec force qui était Irène Kalder. Elle questionne sur sa personnalité complexe, qui semble s’être voilé la face sur le rôle de son mari, reprenant la traditionnelle excuse des nazis jugés : il n’a fait qu’obéir aux ordres. Et pourtant, sa cécité ne serait qu’apparente, puisqu’elle a aussi aidé des juifs, par de petits gestes, mais aussi en demandant à Schindler d’en mettre certains sur sa liste pour les sauver.
Caroline Darnay, autrice, incarne aussi avec beaucoup de talent Irène Kalder, tantôt forte et sûre d’elle, menant le jeu, tantôt faible, manquant de confiance. Elle retranscrit parfaitement toute la complexité de cette femme qui illustre la difficulté durant une guerre à trouver sa place. Son amour pour Göth peut-il tout excuser ? N’avait-elle vraiment pas conscience de ce qui se passait ? Son suicide après avoir lu les minutes du procès de son mari semble le montrer et pourtant était-ce possible de ne rien voir ? Les journalistes qui l’interrogent sont-ils des juges impartiaux et sans reproche ?
Une pièce puissante qui fait réfléchir sur cette période sombre de l’histoire mais qui interroge aussi avec beaucoup de force chacun d’entre nous : qu’aurions-nous fait à sa place ? Et quelle position adoptons-nous face aux atrocités d’aujourd’hui ?
Sandrine. Photo Cyprien Leym
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