Toujours semblables à eux-mêmes, et toujours incroyables…
Fabrik’Théâtre, Avignon, 29 mars, 19h30. Dans le cadre du 40e anniversaire de la compagnie du Kronope (site officiel & Facebook)
Les Misérables, Victor Hugo. Compagnie Le Kronope
Mise en scène, Guy Simon. Adaptation, Christiane Craviatto. Comédiens, Loïc Beauché, Anouck Couvrat, Anaïs Richetta, Guy Simon, André Fauquenoy (nouveau) et Jérôme Simon. Musique originale, Eric Craviatto. Scénographie, Guy Simon. Conception graphique, Yoan Schemmoul. Masques, maquillages et accessoires, Martine Baudry et Lucile. Construction décors, Nicolas Monnin. Conception – création costumes, Virginie Breger, Sylvie Delalez, Nicolas Lamarche, Joëlle Richetta, Laura Tavernier, Fabienne Varoutsikos et Anne Véziat Molinier. Création lumière, Sébastien Combes. Peinture décors, Lucile Molinier
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Le saviez-vous ? Le Kronope a 40 ans ! Mais on le croit né d’hier, tant il est toujours bondissant. En cette année 2024, il est heureux de fêter avec son public ses quatre décennies, en reprenant ses trois de ses grands classiques, tout à la fois semblables et différents. Après Les Fourberies de Scapin le 2 février, création de 2012, et avant L‘Avare le 17 mai, ce sont les Misérables qui reviennent le 29 mars, 10 ans jour pour jour après la création. Sur la relative exiguïté de la scène de la Fabrik’théâtre, son lieu de résidence permanente, la troupe développe un jeu qui s’est révélé très vite sa signature. Travaillant en famille, et devenue experte en décors improbables – entrelacs d’échafaudages, structures métal acrobatiques -, en costumes aussi extravagants de chiffons recyclés et rajeunis, en masques de cuir exubérants…, elle a l’audace chevillée à la scène. Excentricité, tourbillon de vitalité, course effrénée dans tous les sens et de haut en bas, voilà son ADN.
On connaît depuis longtemps le Kronope, et pourtant ces diables de comédiens, champions du transformisme, vous étonnent encore ! Ces Misérables, par exemple, vous bluffent par leur véracité, leur authenticité, leur justesse incroyable. L’esthétique d’une générosité étymologiquement baroque souligne la tragédie historique et sociale de la grande fresque hugolienne, magistralement réécrite, où le vice immonde côtoie l’innocence et l’idéalisme. Après quelques minutes tonitruantes, la narration se déroule, fluide, par touches fines, la délicatesse de l’interprétation naissant de l’excentricité même. L’adaptation saisissante du texte fait jaillir des contrastes poignants, du rire à la stupeur, soulignés par les lumières et la musique.
Le Kronope sert avec panache tous les classiques dont il s’empare (Le Bourgeois gentilhomme, La Tempête, Roméo et Juliette (presque) qui sera repris cet été au festival, Les Fourberies de Scapin, Les Misérables, L’Avare, Germinal, Knock, Le Malade imaginaire, Le Songe d’une nuit d’été), et sa lecture en est d’une honnêteté rigoureuse.
On découvre au salut final qu’ils ne sont que six, à la fois comédiens, acrobates, danseurs, dont le doyen et co-fondateur de la troupe, Guy Simon, est également le metteur en scène. On les aurait crus plus d’une vingtaine, incarnant la cinquantaine de cette fresque haute en couleurs… Toujours semblables à eux-mêmes, et toujours incroyables !
G.ad. Photo Philippe Hanula
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