Lugubrement cinématographique : fascinant
Théâtre des Gémeaux. Durée 1h20. Du 7 au 31 juillet
Réservations au 09 87 78 05 58
Esteban Perroy fait le choix de s’inspirer des Hauts de Hurlevent plus que de faire une adaptation de ce roman emblématique de la littérature anglaise du XIXème siècle. Il va bien sûr garder les personnages et leur âme si noire, et va même amplifier encore cette noirceur. Il va aussi conserver l’atmosphère si sombre de ce manoir isolé et de ses landes fantomatiques. Mais il s’autorisera des distorsions avec l’œuvre originelle afin d’en faire une véritable tragédie théâtrale.
Dès le début nous sommes impressionnés par l’atmosphère qui règne, cette nuit obscure avec des lumières rasantes et l’orage qui gronde avec bruits de tonnerre et éclairs qui zèbrent l’obscurité. Cette ambiance si sombre et inquiétante, voulue par la mise en scène de William Mesguich, nous la retrouverons tout du long et elle nous fera même frémir à plusieurs reprises. La fumée, tel un brouillard, qui enveloppe parfois les personnages, et le rideau de fond de scène, qui laisse parfois voir un arrière-plan selon les éclairages, viennent renforcer le mystère et l’intrigue.
C’est Nelly Dean, la gouvernante, qui nous accueille et nous raconte l’histoire de ce lieu maudit. Elle la commence au retour de Heathcliff, le bâtard, celui qui a été humilié et qui vient pour se venger mais qui reste amoureux de sa demi-sœur Catherine. Histoire d’amour et de haine donc, histoire tragique par excellence ; et c’est bien le souffle de la tragédie qui anime et traverse toute cette pièce. Heathcliff est incarné de manière exceptionnelle par William Mesguich qui joue le rôle de cet homme que sa haine rend fou d’une manière impressionnante. Son costume et son maquillage tiennent de Nosferatu mais font aussi penser à Tim Burton. Son regard nous transperce et nous tétanise parfois, sa voix qui monte dans les aigus et semble dérailler nous fait frissonner. Tous les personnages sont glaçants, même Linton, incarné à la perfection par Esteban Perroy, qui pourrait sembler plus sympathique dans son costume violet, seule pointe de couleur, est d’un cynisme redoutable.
De la tragédie dans la plus pure tradition, une atmosphère lugubre presque cinématographique, une pièce fascinante et qui nous fait frissonner jusqu’à la fin. Un bel hommage rendu à Emily Brontë !
Sandrine
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Et notre présélection, évidemment subjective
Un peu de légèreté, avec notre jeu-concours culturel de l’été
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