Embarquement pour le rêve…
Opéra Grand Avignon, vendredi 24 mars 2023, 20h ; dimanche 26 mars 2023, 14h30 ; durée 2h10
Le Voyage dans la lune, opéra-féerie en 4 actes et 23 tableaux de Jacques Offenbach. Livret, Albert Vanloo, Eugène Leterrier et Arnold Mortier d’après Jules Verne. Éditions musicales du Palazzetto Bru Zane. Création à Paris le 26 octobre 1875
Direction musicale, Yves Senn. Mise en scène, Olivier Fredj. Décors et costumes, Malika Chauveau. Lumières, Nathalie Perrier. Chorégraphe, Anouk Viale. Assistant à la mise en scène Florimond Plantier. Études musicales, Benjamin Laurent
Caprice, Héloïse Mas. Fantasia, Sheva Tehoval. V’lan Matthieu Lécroart. Microscope, Eric Vignau. Cosmos, Thibaut Desplantes. Cactus, Christophe Poncet de Solages. Quipass’parla, Enguerrand de Hys. Popotte, Marie Lenormand. Flamma/Adja, Jennifer Michel
Acrobates danseurs, Fanny Rouyé (dance captain), Pierre Boileau, Edouard Gameiro, Julien Desfonds, Gaël Alamargot, Aurélie Mignon, Cameron Bida
Choeur de l’Opéra Grand Avignon. Cheffe de choeur Aurore Marchand
Orchestre national Avignon-Provence
Nouvelle coproduction Centre Français de Promotion Lyrique / Opéra Grand Avignon / Clermont Auvergne Opéra Théâtre Impérial – Opéra de Compiègne / Opéra de Limoges / Opéra national de Lorraine / Opéra de Marseille Opéra de Massy Opéra Théâtre de Metz Métropole / Opéra Orchestre national Montpellier Occitanie / Opéra de Nice Côte d’Azur / Opéra de Reims / Opéra de Rouen Normandie / Opéra de Toulon Provence Méditerranée Opéra de Tours / Opéra de Vichy / L’avant- scène opéra – Neuchâtel / Palazzetto Bru Zane. Avec le soutien du Ministère de la Culture / du Mécénat de la Caisse des Dépôts de la Fondation Orange et en partenariat avec France Musique.
Prologue. Vendredi 24 mars 2023 à 19h15 – Dimanche 26 mars 2023 à 13h45, salle des Préludes. 45 mn avant chaque représentation, l’Opéra Grand Avignon propose un éclairage par Simon Calamel sur le spectacle auquel vous assistez. Entrée libre sur présentation du billet du spectacle
Voir aussi toute la saison de l’Opéra Grand Avignon…
… et notre entretien avec Raymond Duffaut expliquant la genèse du Voyage dans la lune notamment
C’est un « opéra-féerie » qui a été proposé ce week-end à l’Opéra Grand Avignon, avec des noms pittoresques tout droit sortis de l’imagination de Jules Verne (1865), inspirateur de l’œuvre (1875) que d’autres maisons d’opéra, hors circuit CFPL, semblent redécouvrir depuis peu. Caprice le fils du roi V’lan refuse de succéder à son père mais veut aller sur la lune. Accompagné de papa, il sera propulsé par un obus – comme chez George Méliès en 1902 – vers ce pays sélénite qu’il rêve de découvrir. Là-haut, ils vont de surprise en surprise, la plus grande étant que l’amour n’y existe pas. Avec une évidente simplicité, on achète et vend les femmes, on commande les bébés, on élit comme roi… le plus gros des sélénites ! Dans un univers joliment poétique, avec la musique pétillante d’Offenbach, grands et petits découvriront en même temps que les personnages, chanteurs et danseurs, que notre monde n’est peut-être pas la seule référence de pensée et de valeurs.
Mais ce Voyage a une autre originalité. Il est la 5e des œuvres montées par le Centre Français de Promotion Lyrique, devenue Génération Opéra, après Le Voyage à Reims de Rossini (l’un de nos chroniqueurs en avait alors rendu compte dans Resmusica, « Une screwball-comédie des années 30 »), Les Caprices de Marianne de Sauguet, L’Ombre de Venceslao de Matalon (notre compte rendu dans nos pages : « Une imprudence folle ») et Un Barbier, joyeuse comédie (notre compte rendu dans nos pages : « Le CFPL rajeunit Le Barbier : jubilatoire ! »). Le CFPL, formé de tous les directeurs des maisons d’opéra de France et qui fut présidé pendant 25 ans par Raymond Duffaut (voir notre entretien ici), a été créé pour découvrir les jeunes voix lyriques prometteuses, avec le concours Voix nouvelles qui prépare sa 6e édition ; et pour les accompagner dans leur insertion professionnelle, notamment en montant pour leur énergie juvénile, des productions rares ou inédites qui tournent dans les diverses maisons d’opéra coproductrices, une quinzaine en moyenne ; ils mutualisent ainsi les talents et les budgets, se permettant ainsi une programmation ambitieuse.
Avec ce Voyage, que nous avions vu à sa création à Marseille avant la pandémie et qui propose à Avignon son avant-dernière étape, avant Neuchâtel le 2 avril, on a partagé cette fois encore en famille un moment onirique, loin des tracas du monde, dans un univers sélénite qui a beaucoup à nous apprendre… d’autant que la lune appartient à tous et à chacun, et que dans l’imaginaire elle est porteuse de tant de fantasmes !
Nous avons donc suivi à travers 24 tableaux – des décors de grand spectacle – le prince Caprice et le roi V’lan, à la recherche de la princesse Fantasia, dans les galeries de nacre ou le pays des ventrus ? Nous nous sommes laissé emporter par Offenbach… La profusion des décors et les quelque 700 costumes loufoques de Malika Chauveau ne ménagent pas les effets poétiques, et les lumières de Nathalie Perrier nimbent délicatement l’univers onirique imaginé par Olivier Fredj. Il semble que, pendant les années de maturation, la production ait su trouver sa cohérence, malgré la double distribution, et son rythme d’ensemble, malgré la triple direction (Pierre Dumoussaud, Chloé Dufresne, et, presque au pied levé ici, Yves Senn). Les forces artistiques locales, Orchestre national Avignon-Provence et Chœur de l’Opéra Grand Avignon, qui assureront aussi la « der des ders » à l’Avant-Scène Opéra de Neuchâtel en Suisse – seul lieu hors Hexagone – ce dimanche 2 avril 2023, offrent leur talent habituel.
Le public n’a pas boudé son plaisir, même si la salle n’était pas encore tout à fait pleine.
Dans une distribution différente de celle de Marseille, les deux dames ont dominé le plateau : Héloïse Mas a su imposer un timbre bien différent de ceux de Violette Polchi et de Marie Perbost, mais formidablement adapté au rôle du jeune prince à la personnalité émergente et complexe ; de production en production, elle montre un talent capable de tenir les rôles les plus divers, vocalement et scéniquement. A côté d’elle, l’exquise sensibilité de Sheva Tehoval – que nous avions entendue en début de saison dans Le Chevalier à la Rose – compose une Fantasia pleine de fraîcheur, « lunaire », qui échappe à toute mièvrerie.
Ce Voyage, qui arrive précisément au terme de son périple à travers 18 maisons d’opéras et près de 40 représentations, aura rempli sa mission de promouvoir des jeunes artistes… et aura, en prime, apporté du rêve à une Terre qui en a bien besoin !
C.P. Photos Marc Ginot
Dossier de presse
Argument
ACTE 1
1er tableau : Le Prince Caprice. Sur terre, la fête s’organise en l’honneur du retour du Prince Caprice, après un long voyage destiné à parfaire son éducation. Le roi V’lan souhaite céder la couronne à son fils, au grand dam de son conseiller Microscope. Caprice la refuse. Il ne souhaite ni gouverner, ni se marier, il veut la liberté, le mouvement, l’air, l’espace. En apercevant la lune, il y voit sa prochaine destination et impose à son père de le mener dans cet endroit inconnu et inexploré. V’lan cède finalement et demande à Microscope, le plus grand savant du royaume, de trouver le moyen d’y aller. Celui-ci répond que cette mission regarde l’Observatoire.
2e tableau : À l’Observatoire. Les astronomes interrogés proposent de ne pas répondre à cette question et de nommer une commission pour y réfléchir. Caprice, furieux, demande à son père de les renvoyer. Le Roi V’lan congédie les astronomes et Caprice menace Microscope de la même sanction s’il ne trouve pas un moyen pour aller sur la lune. Microscope, bien décidé à se débarrasser de ce rejeton qui le sépare du pouvoir, leur donne rendez-vous huit jours plus tard dans sa forge.
3e tableau : À la forge. Les forgerons et les forgeronnes terminent leur ouvrage quand arrivent V’lan et Caprice. Microscope leur dévoile son invention : un obus lancé par un canon. En raison de la probabilité de l’échec de la mission, Microscope est fermement convié à accompagner Caprice. Et le Roi sera lui aussi du voyage, à la demande insistante de son fils.
4e tableau : Le départ. Les trois voyageurs, V’lan, Caprice et Microscope montent dans l’obus. Les artilleurs mettent le feu et l’obus s’en va vers la lune.
ACTE 2
5e tableau : La lune. Des voix mystérieuses se font entendre, une population se dessine progressivement : les sélénites.
6e tableau : L’arrivée. Ces derniers, réunis pour l’anniversaire de la Princesse, observent avec inquiétude le ciel. Un point noir s’approche d’eux et risque bien de les réduire en poussière. Cosmos, le roi de la lune, avec l’appui indéfectible de son conseiller Cactus, les contraint à se calmer. C’est alors que l’obus s’écrase et fait fuir les sélénites. V’lan, Caprice et Microscope sortent de l’obus et observent cette planète désolée et selon eux inhabitée. Quelques sélénites se montrent, Cosmos réapparaît et demande aux terriens d’où ils viennent. Ce dernier ne veut pas croire que V’lan, Caprice et Microscope arrivent de la Terre puisque celle-ci n’a pas d’habitants ! S’ensuit un échange houleux entre Cosmos et les trois terriens condamnés à être enfermés en prison. Mais Popotte, la femme du roi Cosmos, et Fantasia, leur fille, font leur apparition. Fantasia, dont c’est l’anniversaire, prend en pitié ces prisonniers et demande pour eux la liberté. Cosmos accepte et propose aux terriens une visite de son palais.
7e tableau : Le Palais de verre. Cosmos et Cactus présentent à V’lan et Microscope le fonctionnement administratif de la lune. Cosmos est étonné d’apprendre que V’lan aime être roi car, sur la lune, le roi est le seul qui travaille et personne ne veut être candidat. Ils choisissent au hasard dix des plus riches, et le plus gros d’entre eux est proclamé roi.
8e tableau : Les galeries de nacre. Caprice courtise Fantasia, mais celle-ci ne le comprend pas, elle ne sait pas ce qu’est l’amour. Il tente de le lui expliquer, sans y parvenir : l’amour n’existe pas sur la lune. Cosmos le confirme à V’lan : quand on souhaite un enfant, on le demande, il y a une région qui est spécialisée dans ce commerce. Ici, les femmes sont soit utiles, soit décoratives, mais ne sont certainement pas objet d’amour.
9e tableau : Le parc. Caprice, désespéré par la princesse Fantasia qui ne peut l’aimer, considère la mort, mais la faim le tenaille et il préfère d’abord manger une pomme. La Princesse Fantasia, qui est à sa recherche, s’étonne devant ce fruit inconnu. Elle le goûte et son cœur devient sensible. Elle tombe immédiatement amoureuse de Caprice. Le palais est en émoi : c’est une catastrophe, l’amour est une maladie sur la lune.
10e tableau : Les ombres errantes. Les ombres du désir envahissent la lune. L’amour se répand.
11e tableau : Les jardins de Cosmos. Ballet
ACTE 3
12e tableau : La consultation. Fantasia est enfermée dans sa chambre et, fait rare, les médecins du royaume sont convoqués. Aux grands maux les grands remèdes. Ils examinent la princesse, mais elle les gifle et laisse s’échapper dans la nature les dangereux médecins. Pour la sauver, Caprice lui propose de rendre Cosmos amoureux en lui faisant boire un élixir à base de pomme. Cosmos, devant l’incurabilité de la maladie, décide de vendre sa fille : c’est l’habitude sur la lune quand une femme a cessé de plaire. Caprice promet à Fantasia de la faire acheter pour lui.
13e tableau : Le marché aux femmes. Sur la lune, c’est le marché aux femmes qui tient lieu de Bourse. Caprice a chargé Microscope d’acheter Fantasia. Voyant que le prince Quipasseparla, « le roi de la Bourse », risque de faire monter les enchères, il lui propose de négocier. V’lan et Caprice arrivent costumés en charlatans. Ils proposent un élixir faisant, entre autres, maigrir les gros. Cet élixir étant très précieux, seul un roi en est digne et Cosmos en est l’heureux bénéficiaire. Cosmos le goûte et se sauve, se croyant empoisonné. Il s’agit en fait pour lui de la découverte de l’amour – et de l’alcool. Quipasseparla gagne Fantasia à la vente pour la mettre dans sa collection de femmes.
14e tableau : Le pays des ventrus. Quipasseparla et son harem arrivent au pays des ventrus où ils font un arrêt dans une auberge. Microscope arrive poursuivi par Popotte, elle-même poursuivie par Cosmos devenu fou amoureux d’elle. Devenu amoureux de sa femme et voyant que celle-ci ne l’était pas, il lui fait boire de l’élixir. Mais Microscope passant par-là, c’est de lui que Popotte est tombée amoureuse ! V’lan et Caprice arrivent à la recherche de Fantasia. Les gardes se lancent à la poursuite de Caprice et de Fantasia qu’ils ramènent. Quipasseparla renonce à la princesse. L’hiver succédant immédiatement à l’été dans cette contrée, c’est sous la neige qu’ils regagnent la capitale.
15e tableau : Cinquante degrés au-dessous de zéro. Grand ballet des flocons de neige.
ACTE 4
16e tableau : Le clos des pommiers. Les femmes de la lune découvrent l’amour, mais le roi Cosmos ne l’entend pas ainsi. V’lan, Caprice et Microscope sont amenés devant la Justice. Ils sont condamnés à passer cinq ans à l’intérieur d’un volcan éteint où ils seront absolument privés de toute espèce de nourriture.
17e tableau : La glacière. Conduits dans la partie supérieure du volcan, V’lan, Caprice et Microscope prennent place, guidés par Cosmos dans un panier qui les descend dans le cratère.
18e tableau : Le cratère. Arrivés en bas, la corde retombe, coupée en haut par Popotte qui reproche à son mari de vouloir faire périr son cher Microscope. Paraît alors Fantasia qui s’était cachée pour mourir avec Caprice. Devant sa situation désespérée, Cosmos leur promet la liberté s’ils trouvent une sortie.
19e tableau : L’intérieur du volcan. Ils cherchent une sortie au milieu des grondements et des détonations. Le volcan entre en éruption.
20e tableau : L’éruption
21e tableau : La pluie de cendres
22e tableau : Le sommet du volcan après l’éruption. Caprice, Fantasia, Cosmos et V’lan gisent sur le sol, évanouis. Ils se réveillent, Microscope sort d’une crevasse. Popotte accourt. Ils sont sauvés. Au loin, se lève un Clair de Terre
23e tableau : Le clair de terre
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