Pièce magistrale, duo-duel de titans…
Mardi 19 mars 2024, 20h, Théâtre Benoît XII, 12, rue des Teinturiers, Avignon
Le Souper. Texte, Jean-Claude Brisville. Mise en scène, Daniel Mesguich et William Mesguich. Avec Daniel Mesguich et William Mesguich
Une production Miroir et Métaphore / Diffusion : Scène & Cies
Voir aussi toute la saison 2023-2024 des ATP
La saison des ATP d’Avignon se poursuit, après La Nuit des Rois, Le Fossé, vu à la création, Les Travailleurs de la mer, Carmen. (ne pas oublier le point !!!!), en partenariat avec la Garance, scène nationale de Cavaillon, spectacle très vite pris d’assaut, La Foire de Madrid, vu aussi au festival, Le Montespan, vu au festival, Louis Braille, au-delà des yeux clos, de et avec Pierrette Dupoyet (et entretien avec Pierrette Dupoyet), vu au festival.
Tous spectacles de qualité, et, même déjà vus pour certains, revus avec un plaisir renouvelé. Magie du spectacle vivant, « et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre ».
Ce n’est pas Le Souper qui fera exception. Cette pièce magistrale écrite par Jean-Claude Brisville en 1989 ne supporte pas la médiocrité. Après le duo-choc des deux Claude, Rich (Talleyrand) et Brasseur (Fouché), pour la création en 1989 au théâtre Montparnasse – avec 6 nominations et un Molière du théâtre privé en 2011 – ; après un autre tandem de poids, Niels Arestrup (Talleyrand) et Patrick Chesnais (Fouché) pour la reprise en 2015 au théâtre de la Madeleine, c’est un autre duo de titans qui s’en est emparé avec le même panache, les deux Mesguich, Daniel (Talleyrand) et William (Fouché), et qui depuis 2018 marque de son empreinte ce duo-duel au sommet (un de nos chroniqueurs s’en était fait l’écho en 2022).
Talleyrand (1754-1838), homme d’Eglise et d’Etat qui a traversé plusieurs régimes, connaît toutes les ficelles de la politique, et reste sans illusions sur le cœur humain ; mort octogénaire, il a été Evêque d’Autun, Ambassadeur, Président du Conseil des ministres, Président de l’Assemblée nationale constituante, Ministre des Relations extérieures, de la Marine et des colonies, des Affaires étrangères, Député, avec une parenthèse comme Président du gouvernement (très très) provisoire (13 jours en avril 1814), ses relations avec Bonaparte puis Napoléon furent pour le moins… complexes.
Fouché (1759-1820), lui, à peine plus jeune que Talleyrand, a été Ministre de la Police sous quatre régimes successifs, mais aussi Sénateur, Député ; sa froideur, voire sa cruauté impitoyable pendant la Terreur à Lyon, ont marqué l’histoire ; homme-clef pendant les Cent-Jours, il prépare la transition post-napoléonienne.
Entre juin et septembre 1815, on est en pleine Terreur blanche dans le Midi, mais à Paris, dans le secret de l’hôtel de Talleyrand, feutré mais impitoyable, deux hommes font et refont des rois… L’entretien a lieu le 6 juillet 1815, Napoléon abdiquera pour le 2nde fois le 7 juillet.
« La pièce nous renvoie deux siècles en arrière, annonce le programme, à un moment clé de notre Histoire de France. Après la défaite de Waterloo et l’exil de Napoléon, Wellington et les troupes coalisées sont dans Paris. La révolte gronde. Qui va gouverner le pays ? Le 6 juillet 1815 au soir, les « faiseurs de rois » Fouché et Talleyrand se retrouvent lors d’un souper pour décider du régime à donner à la France. Si le premier souhaite une république, le second envisage le retour des Bourbons. Aucun des deux ne peut agir sans l’autre. Commence alors une négociation entre deux hommes puissants qui se détestent mais que les circonstances historiques condamnent à s’entendre ».
Un affrontement où tous les coups sont permis… Avec le piment – inconscient ? – de la relation familiale des deux acteurs !
On reverra William Mesguich cet été au Festival Off : comédien dans 2 pièces, metteure en scène dans 5 autres.
Quant aux ATP, ils fêteront leur 70e anniversaire au mois de mai, après les deux derniers spectacles de la saison, L’avare et ses calebasses (jeudi 28 mars), et Zoé (mardi 16 avril).
G.ad. Photo Pascal Gély
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