La Périchole fait son cabaret à l’Odéon
Marseille, Théâtre de l’Odéon (15 janvier 2023)
La Périchole, opéra bouffe, Jacques Offenbach,
Didier Benetti, direction musicale. Olivier Lepelletier, mise en scène / décors. Esméralda Albert, chorégraphie
Héloïse Mas (La Périchole) ; Kathia Blas (1ère Cousine / Manuelita) ; Perrine Cabassud (2ème Cousine / Ninetta) ; Marie Pons (3ème Cousine / Mastrilla) ; Rémy Mathieu (Piquillo) ; Olivier Grand (Le Vice-Roi) ; Dominique Desmons (Panatellas) ; Jean-Claude Calon (Don Pedro de Hinoyosa) ; Michel Delfaud (Le Vieux Prisonnier / Un Notaire) ; Antoine Bonelli (Tarapote / Un Notaire)
Chœur Phocéen. Orchestre de l’Odéon
L’Odéon reprend le spectacle monté par Olivier Lepelletier, ses dernières représentations remontant à février 2020 dans ce même théâtre. Sa production optimise avec une redoutable efficacité les moyens mis à disposition, visiblement plus modestes que ceux déployés sur d’autres scènes ; on pense en priorité à La Périchole vue tout récemment (fin décembre et chroniquée dans ces colonnes) à l’Opéra de Toulon, dans la mise en scène de Laurent Pelly créée auparavant au Théâtre des Champs Elysées.
A Marseille, ce n’est pas la place de la ville de Lima mais le Cabaret des Trois Cousines qu’on visite au premier acte, aux rideaux rouges et ampoules électriques tout autour des cadres de scène. La Périchole et Piquillo y passent une audition et peuvent ainsi quasiment enchaîner leurs deux duos, alors que La Périchole rédige plus tard sa lettre d’adieu à Piquillo derrière un micro et faiblement éclairée, pendant que les paroles de son air défilent en projection sur un ciel étoilé. Deux lustres, une peinture classique et quelques fauteuils nous transportent au palais du vice-roi du deuxième acte, avant de passer à l’ambiance plus sombre du cachot pour les « maris récalcitrants » au suivant.
Le fidèle public de l’Odéon est particulièrement gâté avec la présence, en tête de distribution, d’Héloïse Mas pour interpréter La Périchole. Mezzo soprano de premier ordre sur la scène lyrique actuelle, on a déjà pu entendre Héloïse Mas dans un autre titre d’Offenbach, Barbe-Bleue à l’Opéra de Marseille fin 2019 où elle endossait le costume de l’hilarante Boulotte. Le timbre est riche et somptueux, la voix puissante, l’interprète très à l’aise. C’est également elle qui sera Carmen dans la cité phocéenne le mois prochain, à partir du 16 février… avis aux amateurs !
Le ténor Rémy Mathieu lui donne la réplique en Piquillo, voix claire et qui délivre un texte qu’on comprend facilement, instrument solidement timbré dans le médium mais sujet à de petites fragilités sur les notes les plus aiguës. Olivier Grand impose quant à lui un Vice-Roi à la grande autorité, surpuissant par instants dans certaines de ses interventions. Les trois cousines Kathia Blas, Perrine Cabassud et Marie Pons complètent avec à-propos, et les habituelles figures de l’Odéon Dominique Desmons, Jean-Claude Calon, Michel Delfaud et Antoine Bonelli, davantage chanteurs-acteurs pour certains, font grande utilisation d’un humour qui fait mouche.
Spécialiste de ce répertoire léger, le chef Didier Benetti impulse une belle énergie aux musiciens de l’Orchestre de l’Odéon, tandis que les huit femmes et les huit hommes du Chœur Phocéen forment un ensemble enthousiaste. Seul petit bémol, la sonorisation en place pour cette représentation ne semble pas avoir été réglée à son optimum, en considérant par exemple plusieurs passages musicaux amplifiés de manière démesurée, ceci dès l’ouverture de cet opéra-bouffe. Mais tout est bien qui finit bien à l’Odéon, en un French cancan survitaminé, dans la chorégraphie d’Esméralda Albert.
F.J. Photos Christian Dresse
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