Un raz-de-marée…
Avec une chanson provençale de 1981, l’Avignonnais Guy Bonnet comptabilise aujourd’hui 100 millions de vues : une histoire incroyable !!!
C’est une histoire proprement incroyable, celle d’une bluette provençale devenue tube mondial ! L’intéressé, l’Avignonnais Guy Bonnet, n’en revient pas lui-même. Les années de vaches maigres, la course au cacheton parisien, la rage de vaincre, lui ont appris la persévérance et la modestie, même si depuis lors il s’est illustré dans de multiples créations et dans pas moins de trois participations à l’Eurovision (en tant qu’interprète, compositeur, parolier), qu’il nous avait racontées il y a 3 ans, quand il fêtait ses 50 ans de chansons. C’est avec une certaine tendresse souriante, d’ailleurs, qu’il se retourne sur cette jeunesse impécunieuse.
Et qu’aujourd’hui l’une de ses chansons comptabilise 100 millions de clics ne peut que l’amuser : « Elle a été rhabillée, modifiée, presque méconnaissable, mais celui qui a semé la première graine c’est quand même moi. J’en suis le père biologique reconnu ! »
-Alors racontez-nous cette histoire incroyable.
–C’était en 1981, il y a tout juste 40 ans, j’avais écrit en provençal une petite chanson d’amour toute simple, comme j’en ai écrit et composé et chanté beaucoup, Elo e’ièu, Elle et moi, ma troisième chanson en provençal, dans l’album Lou Desnama, Le sevré ; elle était évidemment dédiée à Régine, mon épouse, qui a été de tous mes combats, de toutes mes réussites. La Source, d’ailleurs, qui avait concouru à l’Eurovision par la voix d’Isabelle Aubret, je l’avais écrite grâce à Régine ; j’étais à Paris, dans ma petite chambre de bonne, et Régine m’avait raconté un film éponyme qui l’avait bouleversée ; c’est son regard, sa sensibilité à elle, qui ont écrit La Source.
-Alors, pour Elle et moi, comment le destin a-t-il tourné ?
–C’est une chanson que j’avais plus ou moins oubliée ; pensez, depuis tout juste 40 ans ! Et puis il y a quelque temps, une chanteuse anglaise, Jorja Smith, a découvert cette mélodie, déjà détournée, reprise, revisitée… Elle a été séduite et a voulu la reprendre. Tout s’est fait dans les règles ; les éditeurs de Sony m’ont contacté, un contrat a été signé. Je n’en reviens toujours pas. Ainsi Elo e’ieu est devenu Blue light.
-Joli titre…
–Mais dans un univers totalement différent du mien : la lumière bleue, c’est celle des voitures de police londoniennes. Toujours est-il que la chanson totalise aujourd’hui 100 millions de vues. Oui, 100 millions, et elle continue de grimper. Un phénomène mondial ! Et même si Elo e’ièu est à peine reconnaissable sous Blue light, on m’en a reconnu officiellement la paternité. Ce ne sont pas les retombées financières qui m’intéressent le plus, mais ce phénomène incroyable.
-C’est une drôle d’aventure.
–Mais cette chanson avait déjà, dans le passé, été accompagnée d’un livre, elle avait aussi été reprise, en version française, par un rappeur ! C’est un phénomène qui m’échappe, que je ne comprends pas moi-même. Je l’avais composée avec Roland Romanelli, un très grand musicien et parolier ; accordéoniste, il accompagnait par exemple Barbara ; il avait aussi participé à la maquette de mon premier album, Mon Miejour, Mon Midi. Il m’avait même suivi sur scène, en Provence, pendant 2 ans, par pure amitié, alors que lui-même était déjà très connu et que moi je commençais juste à l’être.
-Et les péripéties de Elo e’ièu ?
–On parle d’une version symphonique bientôt. A chaque fois on me sollicite pour avoir mon accord. Pour Blue light, ils ont respecté à la note près le play back que nous avions enregistré nous-mêmes en France, mais évidemment avec des moyens bien plus importants que les nôtres.
-Vous étiez donc alors un novateur ?
–C’est une couleur musicale qui revient à la mode. D’ailleurs mon fils Laurent, musicien lui aussi, a récupéré tous mes synthétiseurs. Il faut croire que j’étais à la pointe de la mode à l’époque (rire). Regardez d’ailleurs dans mon autobiographie, page 205, la chanson n°5. Aujourd’hui encore, les chansons, on les remixe, on les reprend, nous ou d’autres, dans les catalogues ; c’est une façon pour elles de renaître.
-Vous évoquiez, il y a quelque temps, une sorte de page qui se tournait pour vous.
–En effet. Pendant des décennies j’ai vécu des moments incroyables. Avec Régine, on partait sur les routes, en camion, on avalait les kilomètres, je chantais ici ou là, et l’on repartait en pleine nuit. C’était physiquement très éprouvant, mais j’ai aimé ça, j’ai aimé cette vie. Et j’ai l’habitude de dire en plaisantant que dans notre métier, il y a deux choses importantes : le début et la fin (rire). Moi j’ai commencé dans une révolution et j’ai fini dans une pandémie : ma carrière a vraiment débuté en 1968, et en 2020, avec la parution de mon autobiographie, j’ai décidé de tourner la page ; de continuer, certes, mais d’une autre façon.
Propos recueillis par G.ad. Photo G.ad.
Je me souviens fort bien de l’époque de « mon miejour », dont nous parle Guy, les étés à Mévouillon, la lavande, la maison de « la Jeanne », où Guy, Régine et leur 2 enfants venaient en toute simplicité partager le temps d’un été notre quotidien, puiser l’inspiration, et nous réjouir de son amour du miejour.
Merci pour votre message. Cordialement.