Rude, parfois émouvant, en prise avec une réalité âpre
Théâtre Artéphile, 11h30. Durée 1h40. Du 7 au 27 juillet, jours impairs.
Réservations au 04 90 03 01 90
Allons à l’essentiel, à la formidable prestation de Morgane Peters, actrice exceptionnelle.
Pendant 1h40, c’est peu dire qu’elle investit le rôle, elle « est l’héroïne », elle « est le texte », dans sa crudité âpre.
Un texte rude comme on le dit d’un alcool fort qui brûle.
Un texte qui dit, qui crie la vie (ou ce qu’il en reste) d’une fille paumée, laminée par une société prompte à écraser les « perdants ».
Un être qui cumule les tourments et dont la solitude est le point de convergence du naufrage.
Alors pour se protéger, il reste la gouaille parsemée de verdeur et la dérision aigre. Et pourtant, l’émotion affleure souvent.
Difficile d’alterner avec aisance toutes les sensibilités d’un personnage complexe et poignant, ballotté entre son goût de vivre et son renoncement.
Il faut vraiment une actrice hors norme pour donner chair à ce kaléidoscope de situations. Et elle le fait avec une rare justesse de ton(s) et de gestuel(s) qui emporte le spectateur et le laisse groggy.
Heureusement les deux dernières minutes apportent un espoir.
Ce spectacle captivant ravira les amateurs d’un théâtre « en prise avec la réalité et les problèmes sociaux ou sociétaux » et ils évoqueront Ken Loach. Mais, probablement, il en ira différemment, pour ceux qui recherchent de quoi oublier le poids de leur propre quotidien.
C’est une image de la Grande-Bretagne actuelle (Splott étant un quartier de Cardiff), donné par le texte éponyme, traduit et mis en scène par Blandine Pélissier, qui y a trouvé l’écho de ses propres préoccupations personnelles. Ce peut être une image de tous ces êtres qu’on croise sans les voir, cassés par la vie.
Une précision néanmoins : ne vous attendez pas à retrouver le mythe d’Iphigénie tel que découvert au cours de vos études.
Alain. Photo Anne Cabarbaye
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Et notre présélection, évidemment subjective
Un peu de légèreté, avec notre jeu-concours culturel de l’été
Тамара dit
S’inspirant du mythe grec, Gary Owen invente une Iphigenie d’aujourd’hui, combative, drôle et furieuse pour parler des classes sociales les plus touchées et les plus meurtries par les coupes drastiques effectuées dans les budgets de la santé et des prestations sociales au Royaume-Uni. « La comédienne Morgane Peters donne avec brio, une chair palpitante, vibrante d’émotions et de verite. Sur un plateau quasi nu, elle vit le désespoir de l’injustice subie, avec hargne et conscience. Et c’est juste remarquable de vérité. »
Classique dit
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