Des jeunes de quartiers populaires parlent de l’amour, sans tabou…
Théâtre des Halles,11h, 1h45. Du 7 au 30 juillet. Relâche les 13, 20, 27
Réservations au 04 32 76 24 51
Le principe du travail d’Ahmed Madani est original, vrai et nécessaire. Il décide de donner la parole à des jeunes hommes et femmes que l’on entend rarement, ceux des quartiers populaires dont les parents ont vécu l’exil. Qui mieux que ces jeunes-là pour porter leur propre parole sur scène, même s’ils ne sont pas des professionnels du spectacle vivant ? C’est donc à eux qu’il va confier les neuf rôles de cette pièce. Ils ont été sélectionnés à travers la France grâce à ses stages-auditions, et ces jeunes non professionnels nous impressionnent par leur présence sur scène, leur aisance, leur spontanéité et leur énergie.
Le sujet qu’ils abordent est le plus lumineux mais aussi le plus complexe : l’Amour. C’est à partir de leurs échanges, de leurs discussions, des souvenirs des générations précédentes racontés qu’Ahmed Madani a construit son texte. Chaque jeune va alors venir nous raconter sa vie sentimentale. Mais auparavant, ils vont tous parler de celle de leurs parents sans qui ils ne seraient pas là pour raconter. Ils se livrent sans tabou, alors que justement ce sujet de l’amour est souvent un tabou dans les cités. Selon leurs origines, les traditions religieuses, familiales mais aussi selon leur tempérament, leur évocation est différente mais à chaque fois portée avec force, que ce soit lors des monologues ou des ensembles. Et ils osent aborder tous les sujets : la première fois, la masturbation, le mariage forcé, le viol…
Ils parlent, chantent et dansent avec toute cette énergie de la jeunesse qui veut sortir de ces cases dans lesquelles certains cherchent à les enfermer et ils le font de manière très symbolique par la mise en scène : celle-ci les montre sur l’écran de fond dans des caisses d’où ils disparaissent pour être là devant nous, où ils nous parlent malgré le poids du quartier et de la réputation.
Une grande humanité dans cette représentation qui nous touche et qui nous questionne, sur eux, les autres mais aussi sur nous-mêmes. Une parole essentielle de cette jeunesse qui mérite d’être écoutée et entendue dans toute sa complexité, ses contradictions mais aussi sont envie de vivre et d’aimer tout simplement.
Sandrine. Photo François-Louis Athenas
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Et notre présélection, évidemment subjective
Un peu de légèreté, avec notre jeu-concours culturel de l’été
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