Un retour historique vers le futur ? Immersif et drôle… mais questionneur
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Théâtre de la Porte Saint Michel, 12h,1h05. Du 5 au 25 juillet, jours impairs. Réservations 09 80 43 01 79 ou 07 69 39 87 43
Qui n’a jamais subi un long cours d’histoire se résumant à une fastidieuse énumération de dates… à retenir… ?
Jean-Candide, guide touristique à Chauvet 30 000 nous propose une reconstitution historique officielle afin de nous montrer que la France existe depuis toujours. L’art pariétal au service de l’histoire ? C’était sans compter l’intervention de Jules Michelet qui l’entraîne dans un voyage à travers l’histoire avec pour conseil : « Méfie-toi de la voie triomphale, il faut creuser hors des sentiers battus ».
La Compagnie phocéenne Le temps qui pique nous propose une autre lecture de l’histoire : immersive, drôle et interrogative. Quelle histoire voulons-nous ? Quel roman national faut-il ou doit-on définir ? Quelle version officielle privilégier au profit d’une communauté nationale ?
Afin de nous confronter à nos souvenirs scolaires, de grands personnages historiques défilent sous nos yeux, avec la façon dont ils sont restés dans nos livres d’histoire, et nous interpellent au plus profond : qui sommes-nous ? quelle est notre histoire ? quels sont nos héros ? qui doit s’en emparer pour l’écrire : chacun d’entre nous ou une version officielle imposée verticalement à tous ? une culture doit-elle s’imposer en faisant disparaître les autres ?
Ce seul-en-scène est incarné avec brio par Jason Delaruelle tel un Candide postmoderne astucieux. Sa tonalité docte, humoristique, touchante et tellement entraînante est une très belle réussite ! On ressort de cette pièce amusé(e) et éclairé(e) en se disant que l’histoire ne doit peut-être pas être abordée comme on nous l’enseigne…
Si le récit (cher aux historiens) n’est pas oublié ici, le vieux Lavisse veillant au grain, le comédien (Jason Delaruelle) nous suggère plusieurs manières d’écrire l’histoire (universitaire, populaire, identitaire, télévisuelle, etc) sur un texte juste et ciselé de Romain Noury. Au-delà des interrogations et d’une pièce volontairement loufoque (l’histoire n’est pas forcément synonyme de cours ennuyeux et livres poussiéreux), se dessine toutefois en filigrane le caractère cyclique de l’histoire. L’histoire de France est au service des héros et nous permet de nous imaginer plus grands que nous sommes.
Faut-il libérer les historiens d’une version dite officielle ?
Qui écrit l’histoire : les hommes ? Ce qui expliquerait de grandes oubliées …
Un spectacle drôle, intelligent et salvateur qui se présente plutôt comme un voyage que comme une (énième) leçon d’histoire .
Christèle. Photo @letempsquipique
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