Quelle modernité chez Pagnol, offerte par la compagnie Dans la cour des grands !
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Théâtre du Chêne Noir, 13h15 du 7 au 30/07 (relâche les lundis), Tel 04 90 86 74 87 et aussi par Internet. Théâtre musical
Comment, Fabien, une pièce de Marcel Pagnol que l’on ne connaît pas ?! N’est-ce pas un énième régionalisme provençal ? Eh bien non ! Et l’on s’en aperçoit dès le lever de rideau. La compagnie Dans la cour des grands nous lance sur la piste d’un cirque que l’on hésite à dater des année 30 ou 50. Les personnages principaux sont un couple qui travaille pour ce cirque : Fabien en est le photographe charismatique, Milly reste dans les coulisses. A cela s’ajoute que lui est égocentrique, manipulateur, alors qu’elle passe son temps à justifier tous les mensonges et les incartades de son époux. L’histoire tourne autour de leur couple au milieu des autres circassiens parmi lesquels : une femme à barbe, un géant, une femme-oiseau, un homme tronc… On les croirait tout droit sortis de Freaks de Tod Browning. Ils sont effrayants et pourtant si touchants et riches de sentiments. La qualité de leur jeu, celle de leur voix sont bien guidées par Marc Pistolesi. S’y ajoute celle des costumes et du décor montrant le soin esthétique porté par la production. Il y a même un musicien sur scène qui donne une note plus actuelle aux changements de tableaux, grâce aux compositions de Frandoli.
Ce texte de 1956 a été redécouvert par Nicolas Dromard, qui joue Fabien. Il l’a trouvé digne d’intérêt. Et, durant l’un des confinements, il s’est mis en relation avec Nicolas Pagnol, petit-fils du grand Marcel pour sa recréation en 2022. Cet intérêt réside dans une grande modernité des relations biaisées entre hommes et femmes que dénonçait monsieur l’académicien 60 ans avant #Metoo ; cela expliquerait d’ailleurs le mauvais accueil réservé à la pièce à ce moment-là.
C’est le talentueux Marc Pistolesi qui en assure la mise en scène, tour à tour burlesque et sentimentale. (L’univers des clowns n’est-il pas hilarant et triste ?) Il balade les spectateurs comme une femme pourrait se faire balader, dixit l’un des membres rencontrés après le spectacle. Les acteurs en arrière du décor sont les régisseurs de leurs camardes. Ils interviennent donc constamment, ce qui donne un dynamisme virevoltant.
Fabien, par Dans la cour des grands, est donc une tragi-comédie moderne, de très grande qualité, qui distrait et fait réfléchir sur nos relations : à ne pas manquer.
Norbert
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