« Un équilibre à établir »

Karine Deshayes (photo Aymeric Giraudel) est très présente dans nos pages. En ce mois de décembre 2025, elle évoque pour nous sa triple actualité : son actualité imminente, son concert imminent Armida abbandonata du 14 décembre 2025 à l’Opéra Grand Avignon, son rôle tout récent de conseillère artistique de Musique Baroque en Avignon (ci-dessous), enfin le coup de tonnerre des Chorégies, avec une édition 2026 dont elle vient d’être évincée…
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2e volet : la conseillère artistique de MBA

–Jusqu’à présent, j’ai parlé à la chanteuse. Mais vous aller endosser un autre rôle, celui de conseillère artistique de Musique Baroque en Avignon (photo G.ad.). Vous connaissez bien le baroque, vous connaissez bien Avignon, et vous avez déjà fait votre programmation pour 2026. Et pour les années à venir ? Avez-vous un plan de programmation rigoureux, ou vous laissez-vous la possibilité de l’inspiration du moment ? Comment fonctionnez-vous ?
-Il n’y a rien de rigoureux, ça c’est sûr. C’est un vrai échange avec Delphine et Jean-Michel, donc on a un vrai trio (avec Delphine Haidan et Jean-Michel Dhuez, NDLR). On est nous-mêmes sur scène, mais on va aussi écouter des concerts, on découvre aussi des programmes qui peuvent nous intéresser ; on peut avoir un coup de cœur pour un programme, un coup de cœur pour un artiste. Et jusqu’à présent, on échange toujours aussi avec Raymond (Raymond Duffaut, son prédécesseur dans la fonction… et son découvreur en tant qu’artiste ! NDLR) ; moi je trouve ça très important. Après peut-être qu’il ne voudra plus (rire). On voulait savoir l’équilibre à établir, par exemple entre les concerts vocaux et les concerts instrumentaux, entre des concerts dans une grande salle et des concerts au contraire plus intimistes, entre la jeune génération qui arrive, et les plus vieux comme nous (rire) ; et puis, on a aussi des affinités forcément avec les gens avec qui on a déjà travaillé. Parce que moi j’ai commencé par le baroque aussi…
-Et le baroque est un petit univers où vous vous connaissez tous.
-Oui, et j’ai envie de faire découvrir des jeunes artistes, ça je pense que Raymond l’a toujours fait et pour ça on veut être sur la même ligne que lui, c’est vraiment important et c’est pour cela que, dans la prochaine programmation, on veut aussi mettre en avant des jeunes ; évidemment, moi je pense en priorité aux jeunes chanteurs, mais parmi ceux qui qui arrivent sur la scène baroque, il y a aussi des violonistes, des violoncellistes, des clavecinistes ; on veut choisir ceux qui ont monté aussi des programmes originaux. On n’a pas de programme fermement établi, définitif, parce qu’on se laisse aussi guider par ce qu’on a entendu ou par des gens qui ont entendu et qui nous en parlent. Voilà, on est fermes mais ouverts. On veut rester dans la lignée de Raymond : la semaine italienne, la collaboration avec l’Académie, qu’il a lancée cette année… Les contraintes, c’est aussi le nombre de concerts par an, par rapport aussi à notre budget. Voilà, il n’y a rien de défini et puis évidemment tout dépend aussi des plannings des uns et des autres. Bien sûr on a envie d’avoir un tel, il est pas libre, voilà donc les contraintes c’est ça aussi.
-On imagine bien que les calendriers sont extrêmement contraignants pour les uns et pour les autres.
-Oui, et une autre contrainte est d’essayer d’éviter les vacances scolaires, d’éviter qu’il y ait un spectacle en même temps à l’opéra.
-Justement ce mois de décembre est terrible parce qu’il y a énormément de concerts, tous les concerts de Noël notamment qui se bousculent. J’imagine qu’à Paris et ailleurs c’est exactement la même chose…
-Evidemment !
-Vous évoquez beaucoup la promotion des jeunes, instrumentistes ou voix, et le public apprécie de découvrir des talents nouveaux. Mais est-ce que le baroque voit arriver de jeunes générations ?
-Bien sûr, oui toujours, c’est ça qui est génial.
-C’est vraiment une sensibilité qui reste dans l’air du temps ?
-Tout à fait. C’est-à-dire que ces jeunes qui arrivent ne font pas que du baroque, et moi je n’ai pas fait non plus que du baroque, mais en tout cas, oui, c’est aussi un répertoire qui les intéresse. Oui, on en est heureux, le baroque reste à la mode, et c’est bien ainsi (rire).
Propos recueillis par G.ad.
Voir l’intégralité de notre entretien : présentation générale, le concert (volet 1), le conseil artistique de MBA (volet 2, supra), et l’éviction sans préavis des Chorégies (volet 3)
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