« Les spectateurs ont le temps de rêver avec nous »
Invité aux Hivernales, festival de danse contemporaine à Avignon, le chorégraphe et danseur savoyard – mais avec une grand-mère avignonnaise, qui lui a fait découvrir tout jeune le Festival – Boris Charmatz présentera, le mercredi 12 février, un duo, à la FabricA. Dans cette même salle, celui qui était alors l’artiste complice du festival a recréé en juillet dernier la pièce mythique de Pina Bausch Café Müller, avec les danseurs du Tanztheater.
Le danseur complice du Festival d’Avignon 2024, revient à la FabricA avec son duo Étrangler le temps, dans le cadre du festival de danse contemporaine Les Hivernales.
Voir aussi notre présentation des Hivernales 2025
-Parlez-nous de ce duo, Étrangler le temps
–Je suis très content de revenir à Avignon pour le festival des Hivernales avec ce duo intime, que je partage avec Emmanuelle Huynh et qui me tient à cœur. C’est une danse qui nous unit et ne nous quitte pas, une matière que l’on réinvente en permanence depuis sa création en 1996. Au départ, c’était un duo dans le cadre de la pièce Trois boléros d’Odile Duboc. On s’est ressaisi de cette matière pour imaginer Étrangler le temps, en 2009. On a ralenti la musique du Boléro de Ravel trois fois, pour fabriquer un nouveau duo en mémoire du duo d’origine, avec la volonté de suspendre le temps.
-Comment s’est passé le travail à deux corps ?
–Il s’est nourri de la création initiale pour créer un duo très lent mais très riche. Il se passe beaucoup de choses, de micromouvements à l’intérieur des corps. C’est comme un paysage intérieur qui est exposé au public. On danse beaucoup les yeux fermés, nourris par nos sensations. C’est un rapport de corps subtil et complexe. L’autre est un corps concret mais aussi un corps imaginaire que l’on déplace, que l’on rencontre, que l’on porte, sur lequel on marche. On joue avec les masses, la lourdeur. C’est un duo d’icebergs, de plaques tectoniques, de racines, mais aussi un duo charnel, d’amour, de fusion, d’enlacement avec des figures de sculptures de Rodin ou Camille Claudel. Les spectateurs ont le temps de rêver avec nous.
-Que faites-vous d’autre ?
–Plein de choses. Après Avignon, je pars avec le Tanztheater [qu’il dirige depuis 2022, NDLR], à Taïwan et en Australie, avec divers projets. Après Somnole, que j’avais présenté aux Hivernales, en février 2022, je travaille à un autre solo. J’accumule de la matière, des envies. J’ai envie d’avoir un temps fou pour le créer, à l’horizon 2026. Je travaille à une exposition sur mon travail, au centre Pompidou Metz, faite de deux films et d’un texte. On a aussi la chance de reprendre au Grand Palais en juillet 2025, le projet Cercles, présenté au Festival d’Avignon en juillet 2024. C’est la même partition, la même folie, mais ce sera différent car Cercle à Avignon au moment de la dissolution de l’Assemblée, c’est inoubliable. On a ouvert la nuit contre l’extrême droite dans la Cour d’Honneur, du 4 au 5 juillet, avec cette pièce. C’était très fort.
-C’est important pour vous de garder une pratique de la danse ?
–Je suis chorégraphe, je peux être commissaire ou directeur d’institution. Mais quand je me lève le matin, je suis danseur. J’ai commencé à 7 ans dans une petite école de Chambéry. Puis ça s’est développé grâce à de belles rencontres, notamment avec Jean-Luc Chirpaz, à Grenoble, qui m’a empoisonné, et des spectacles ! J’ai 52 ans, mais c’est toujours ça qui me fait lever le matin et m’empêche de dormir aussi parfois la nuit !
-C’est une histoire d’amour avec Avignon !
–Avignon, c’est le festival, où je suis venu plusieurs fois, jusqu’à ce projet énorme en 2024, avec trois spectacles, pendant tout le festival, et Les Hivernales, où l’on a joué en 1996 la première pièce que j’ai écrite, Aatt… enen… tionon, que l’on danse encore. J’ai une longue histoire avec Avignon et j’espère que ça ne va pas s’arrêter !
Propos recueillis par MF.A. Photo G.ad. (conférence de presse du festival In 2024)
INFOS PRATIQUES. Mercredi 12 février, à 20 heures, à la FabricA. Durée : 50 minutes. Tarifs : 23 €/15 €/8 €. Réservations au 04 90 11 46 45 ou sur le site : hivernales-avignon.com
Laisser un commentaire