Cercles : entrez dans la Ronde !
Avec 11 danseurs et danseuses du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch. Chorégraphie, Boris Charmatz.
On est bien loin de l’ambiance des salles obscures… C’est au Stade Bagatelle, sur l’île de la Barthelasse, que le chorégraphe Boris Charmatz a choisi de présenter sa pièce Cercles, en ouverture du Festival d’Avignon. L’artiste complice de cette 78e édition connaît déjà ce stade de football amateur. Il y avait présenté Levée des conflits, en 2011, quand il était déjà l’artiste associé du Festival.
Il est 18 heures ce samedi 29 juin. Il fait encore bien jour et le ciel est menaçant. La file d’attente est encore bien longue au pied des escaliers du pont Daladier pour pouvoir accéder au Stade, où les interprètes ont commencé à s’échauffer, en groupes. Du pont déjà, on pouvait les apercevoir, masse immense de près de deux cents personnes. Et parmi elles, seulement onze danseurs professionnels. Les cent soixante-quinze autres sont des amateurs. ça fait plusieurs jours qu’ils se retrouvent ici, en fin de journée, pour travailler à ce nouveau projet du directeur du Tanztheater Wuppertal Pina Bausch en Allemagne.
Il n’y a aucune lumière (inutile), aucun décor, si ce n’est ce grand cercle blanc tracé au centre du terrain, autour duquel le public est invité à s’asseoir, tandis que les danseurs finissent de s’échauffer.
On est bien loin aussi d’un spectacle de danse abouti… Mais on était prévenu ! Il s’agit d’un « atelier de recherche chorégraphique en plein air », en entrée libre, un exercice cher au chorégraphe. Boris Charmatz l’a déjà prouvé à maintes reprises : il aime investir des lieux non conventionnels et apporter la danse où on ne l’attend pas, en mettant en mouvement tout le monde. Alors dans le public, on se demande : « quand est-ce que ça va commencer ? C’est ça ? ça fait partie du spectacle ? » Il faut accepter le concept. Mais une fois qu’il est posé, on se laisse porter. Transporter. Enivrés par la voix de Boris Charmatz lui-même, au micro, debout ou accroupi au bord du cercle, attentif. D’une extrême bienveillance et pétri d’empathie, il prodigue ses conseils aux danseurs et leur indique que faire entre deux chorégraphies ou alors même que la musique électro résonne dans cet écrin de verdure aux portes de la ville. Dans le cercle, les danseurs courent en groupe, s’immobilisent, seuls ou à deux. Puis tout le monde sort pour se mêler au public, avant de revenir un par un, avec son mouvement singulier. « Faites des déboulés à votre idée », « ceux qui ne courent pas assez vite, sortez du cercle »… leur demande le grand ordonnateur… Dans le public, on est ému de voir ce groupe XXL dans un même élan. L’atelier aurait dû durer trois heures mais la forte averse en a décidé autrement : après la pause de 20 heures, il n’a pas pu reprendre. Il reste encore deux séances de rattrapage pour partager leur énergie.
Marie-Félicia. Photos Festival d’Avignon
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