Après le succès de la Machine de Turing, dont il était l’auteur et dans lequel il interprétait le rôle-titre (la pièce raflant quatre Molières à elle seule en 2019), Benoit Solès était très attendu à cette édition 2021 du festival Off d’Avignon. Il y présente La Maison du loup, à la rencontre de Jack London au théâtre du Chêne noir, pièce dans laquelle il joue le rôle d’Ed Morrell et dont le texte sera publié à l’Avant-Scène théâtre dans la revue à paraître en août prochain. Nous l’avons rencontré.
-Après Tennessee Williams et Alan Turing, vous vous intéressez à Jack London. Qu’est-ce qui vous attire dans ces personnalités ?
-Ces trois pièces sont basées sur des personnages ayant une notoriété, une certaine aura, et qui ont une dimension artistique en chacun d’eux. J’ai eu avec eux un rendez-vous presque instinctif. Mais je ne suis pas certain de continuer les biopics. Pour la Machine de Turing, j’avais une volonté un peu militante. Chez London, j’étais attiré par les dessous du processus d’écriture : derrière l’image de roman pour enfant, on découvre quelque chose de plus âpre. London a des idéaux politiques de gauche, mais fait face à ses contradictions. Je m’intéressais aussi à la place des femmes dans la société, avec le personnage de Charmian. Et bien sûr, cette trame carcérale.
-Vous choisissez de montrer Jack London dans un moment de déchéance absolue. Pourquoi ?
-Il est toujours intéressant de montrer qu’un personnage, et a fortiori un grand personnage qui laisse une œuvre immense, a derrière lui une vie d’homme faite de doutes et de failles. Cela rend ces personnages plus proches de nous, plus humains.
-On retrouve dans la Maison du loup une certaine dimension tragique, avec un prologue, un épilogue… Avez-vous voulu écrire une forme de tragédie contemporaine ?
-J’ai une vraie fascination pour les tragédies et une sorte de culture classique. J’emprunte à des codes contemporains (par l’usage de la narration, le séquençage), mais j’avais envie ici de me confronter à mes premières amours, en établissant des références à des pièces classiques, très ancrées dans une forme de réalité, tout en ayant recours à une écriture poétique, parfois même lyrique. J’avais envie d’assumer cet aspect, cette forme qui fonctionne finalement depuis la nuit des temps.
-Il y a deux personnages masculins, dans La Maison du loup. Pourquoi vous être décidé pour Ed Morrell ?
-J’ai écrit la pièce pour Anne Plantey, dans le rôle de Charmian, en connaissance de l’actrice qu’elle est. Ce personnage de Charmian, dans la réalité historique, lui correspond. Pour Ed Morrell et Jack London, je ne savais pas lequel je jouerais. J’ai mis un peu de moi dans chacun des personnages masculins : dans les affres de l’écriture que peut ressentir Jack London, par exemple. Mais pas dans l’alcoolisme ! Enfin, je suis plus proche du mystère un peu diffus d’Ed Morrell, de son côté exalté, que du côté loup des mers de Jack. Au moment des auditions, Amaury (dans le rôle de Jack London, ndlr) s’est révélé. Cela a été une évidence. En ce qui concerne le personnage d’Ed, on lui a inventé une infirmité, liée à son passage en prison. Une idée de Tristan ! Cette force de caractère du personnage, cette absence de plainte, me fait penser à mon frère, sportif de haut niveau qui s’est retrouvé infirme.
Propos recueillis par Sonia. Photo Fabienne Rappeneau (in La maison du loup)
Фёдор dit
va continuer son petit bonhomme de chemin jusqu en Asie, en Argentine ou encore aux Etats-Unis, Benoit Soles est reparti sur un nouveau chapitre theatral avec Choisir de travailler avec les memes personnes est un choix de confort, une facilite mais il n y a pas que ca. Quand on connait bien les gens et qu on les estime, ca permet de faire les choses dans la confiance et ainsi d avancer plus sereinement mais le choix de l entourage est beaucoup moins « reflechi » que ca, c est plus instinctif. Inconsciemment je crois que j ai ecrit le role de Charmian London pour Anne et Amaury s est litteralement impose comme une evidence pour le personnage de Jack London. Mais ce n est pas pour autant qu il n y a pas d exigence Bien au contraire ! Je sais ce qu ils valent et ce dont ils sont capables donc j aurais peut-etre une tendance a en attendre encore plus de leur part !
Classique dit
Merci pour votre commentaire, et bonne continuation sur ce « petit bonhomme de chemin » ! Cordialement.