« La maison du Loup ». Chêne noir. Création 2021

La recette d’un succès mérité pour cette création 2i21, après les 4 Molières 2019 pour la Machine de Turing

Création. Théâtre du Chêne Noir. Du 7 au 31 juillet. Durée : 1h40.

Une salve d’applaudissements retentit dans la salle du théâtre du Chêne Noir. Emu aux larmes, le public aura ovationné Benoît Solès (voir notre entretien), Anne Plantey et Amaury de Crayencour, qui l’ont fait voyager très loin par-delà les mers et les montagnes, jusqu’à la Maison du Loup, nom du refuge grandiose que Jack London s’était construit en Californie, et titre de la pièce éponyme. Le nouvel opus de Benoit Solès, mis en scène par Tristan Petitgirard et créé ce mois de juillet à Avignon dans le Off, a fait oublier Turing et sa machine. Mais pas les 4 Molières 2019. C’est qu’il est très fort, Benoît Solès ! Comme auteur, d’abord. Dans le drame que découvre le spectateur (un Jack London au plus bas, vulgaire, sombrant dans l’alcool et incapable d’écrire quoi que ce soit), l’humour perce et fait mouche à toutes les répliques, arrachant des rires aux larmes. Et les intrigues se tissent, par petite touches, avant d’être révélées dans toute leur force brutale. Comme acteur ensuite, dans l’incarnation du personnage d’Ed Morrell, un écorché vif que Charmian, la femme de Jack London, a invité à dessein pour inspirer son mari. Et enfin, et sans doute surtout, Benoît Solès a ici deux partenaires de scène prodigieux. Comment ne pas saluer le très remarquable Amaury de Crayencour (Jack London) en armoire à glace dopée au whisky ? Comment passer à côté d’Anne Plantey, coriace mais bouleversante Charmian ? Ajoutons à cela une mise en scène et une scénographie superbes, avec en toile de fond la grand-voile d’un navire, espace de tous les imaginaires, sur laquelle sont projetées la forêt, puis la prison, puis la mer… Le tout dans la musique envoûtante de la Romance de Nadir. La recette d’un succès… mérité !

Sonia. Photo Fabienne Rappeneau