Festival d’Aix-en-Provence. Concert de fin de résidence de chant de l’Académie
Auditorium Campra du Conservatoire Darius Milhaud
Elias, oratorio de Félix Mendelssohn.
Direction musicale, Duncan Ward
Sopranos : Marianne Croux, Lila Duffy, Clara Guillon. Mezzo-sopranos : Victoire Bunel, Gemma Ni Bhriain, Emily Sierra. Ténors : Ian Castro, Amitai Pati. Baryton : Luvuyo Mbundu. Baryton-basse : Jusung Park
Orchestre : Balthasar Neumann Ensemble. Chœur Balthasar Neumann
Très belle surprise dans la salle Campra du conservatoire d’Aix-en-Provence : nous pensions venir écouter quelques extraits d’Elias donnés par les chanteuses et chanteurs en résidence à l’académie du festival, mais nous avons eu droit à l’intégralité de l’oratorio de Felix Mendelssohn. L’occasion est finalement assez rare dans l’Hexagone, tandis que l’œuvre est régulièrement mise à l’affiche dans les pays germaniques.
Le public a le plaisir de retrouver sur scène le Balthasar Neumann Ensemble, celui-là même qui jouait pour Le nozze di Figaro au Théâtre de l’Archevêché, ainsi que le Chœur Balthasar Neumann. Les deux formations se produisent évidemment très régulièrement ensemble, et l’œuvre de Mendelssohn leur est bien connue, une gravure en CD ayant même été éditée sous la direction musicale de Thomas Hengelbrock. Ce n’est pas le fondateur du chœur et de l’orchestre, respectivement en 1991 et 1995, qui est aux commandes ce soir, mais le jeune Duncan Ward, qui assure une direction exemplaire de cohésion et de vitalité. Ceci d’autant plus que l’effectif réuni est très important et pourrait faire craindre des débordements de décibels. Il n’en est rien et la couleur baroque de l’orchestre sonne idéalement dans l’acoustique boisée de la salle, ce qui n’exclut pas certains climax aux accents romantiques d’une grande force.
Le chœur est aussi le grand triomphateur du concert, doté d’une coordination sans faille et capable d’une palette très étendue de nuances, entre le chuchotement et le chant à pleins poumons. On note cependant que les choristes sont masqués, ce qui contribue sans doute à limiter le volume et maintenir ainsi l’agréable balance sonore.
Les six chanteuses et quatre chanteurs réunis en solistes sur le plateau disposent ainsi de merveilleuses conditions pour se produire devant un public d’amateurs. Le niveau de qualité de ces participants à l’académie de chant du festival est déjà extrêmement relevé et nous assistons à un concert sans aucune faiblesse notable.
Plusieurs interventions, plus ou moins importantes, sont prévues pour chacun et chacune des interprètes, ne serait-ce que le double quatuor en première partie qui sollicite déjà huit des dix participants. Evidemment, les solistes les mieux servis sont les deux qui se partagent le rôle d’Elias. C’est d’abord le baryton Luvuyo Mbundu qui affirme une certaine autorité vocale et une extension facile vers l’aigu, puis en seconde partie le baryton-basse Jusung Park, faisant entendre un instrument encore plus puissant, robuste et souple, pouvant creuser davantage dans le registre grave. Les deux ténors Ian Castro et Amitai Pati, au cours de passages moins développés, possèdent chacun une voix assurée et utilisée avec musicalité.
Côté féminin, on préfère globalement les trois mezzos en présence aux trois sopranos, sans que celles-ci ne déméritent pour autant. Les sopranos Marianne Croux, Lila Duffy et Clara Guillon chantent en effet leurs parties avec justesse, la première avec une puissance qui excède peut-être ce qu’on peut attendre dans cet oratorio, la deuxième caractérisant au mieux l’enfant en fin de première partie, d’une voix blanche et suraiguë. La mezzo Victoire Bunel développe un timbre corsé, sa consœur Gemma Ni Bhriain émet des graves nourris, alors qu’Emily Sierra, sans doute moins démonstrative, fait admirer son timbre rond d’une magnifique couleur.
Merci à tous ces jeunes artistes, à l’avenir radieux… nous en sommes persuadés ! Et un grand merci aux orchestre et chœur Balthasar Neumann, ainsi qu’au chef plein de talent Duncan Ward, qui auront fait de ce concert un grand moment de l’édition 2021 du festival.
F.J. Photos I.F.
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