Match posthume entre Telemann et Bach, grâce au talentueux Café Zimmermann
Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence, mardi 29 novembre 2022
Ensemble Café Zimmermann ; Nuria Rial, soprano
Georg Philipp Telemann, Ouverture à la Pastorelle ; Cantate pour le 2nd jour de Noël « O Jesu Christ, dein Kripplein »
Johann Sebastian Bach. Prélude et fugue en sol majeur du Clavier bien tempéré II BWV 884 ; Cantate pour le 3e jour de Noël 1725 Aria « Süsser Trost, mein Jesus kommt » ; Sonate en trio en sol majeur ; Cantate pour le 3e jour de Noël 1724 Aria : « Wie lieblich klingt »
Georg Philipp Telemann, Quatuor en sol majeur ; Cantate pour le second dimanche de l’Avent « Der jüngste Tag wird bald sein Ziel erreichen » (extraits)
Il y a un peu plus d’un an, le 26 octobre 2021, Café Zimmermann se produisait au théâtre du Jeu de Paume en compagnie du contre-ténor Damien Guillon, et c’est cette fois avec la soprano Nuria Rial que la formation baroque joue un programme de partitions de Georg Philipp Telemann et Johann Sebastian Bach. Au cours du concert, Telemann se taille à vrai dire la part du lion, compositeur particulièrement prolifique avec près de 6.000 œuvres produites, qui lui donnèrent, de son temps, une notoriété supérieure à celles de Bach ou Haendel.
Après les premières mesures où l’équilibre du son et la cohésion des huit musiciens de Café Zimmermann (cinq cordes, hautbois, traverso, orgue) paraissent se mettre en place, l’oreille s’adapte pour l’écoute de la jolie Ouverture à la Pastorelle, morceau plutôt longuement développé. On en apprécie la virtuosité et les nuances forte–piano bien marquées par les instrumentistes. La cantate « O Jesu Christ, dein Kripplein » bénéficie aussi d’un bel accompagnement instrumental, la soprano Nuria Rial faisant preuve d’une musicalité sans faille. Le timbre est agréable, le volume plus développé dans l’aigu que le registre grave et l’on goûte également le soin apporté à l’articulation du texte. Les récitatifs ont une ampleur limitée, mais finalement bien en adéquation à cette formation baroque, ainsi qu’à l’écrin à l’acoustique flatteuse que constitue le théâtre du Jeu de Paume.
Telemann revient plus tard avec le Quatuor en sol majeur… joué par six musiciens ! L’orgue, le violoncelle et la contrebasse prennent en effet le rôle d’un continuo et jouent la même partition, tandis que les deux violons et l’alto interprètent des parties séparées. Les extraits de la cantate « Der jüngste Tag wird bald sein Ziel erreichen » qui enchaînent, sont écrits dans une large variété de styles : assez religieux pour certains, mais le deuxième passage pourrait être tout droit extrait d’un opéra de Haendel, aussi bien pour ce qui concerne l’orchestration que pour les fioritures vocales, joliment chantées par la soprano.
Johann Sebastian Bach s’intercale entre les deux séquences Telemann, d’abord avec un couple prélude et fugue en provenance du Clavier bien tempéré. Celui-ci donne l’occasion à Céline Frisch de prouver une nouvelle fois sa magnifique virtuosité à l’orgue seul. Les deux airs extraits de cantates – « Süsser Trost, mein Jesus kommt » puis « Wie lieblich klingt » – sont ensuite chantés par Nuria Rial avec une voix bien échauffée, aérienne pour les moments de douceur, précise et fluide pour les passages vocalisés. Bach a largement dépassé Telemann en notoriété de nos jours, et à l’écoute de ces quelques pages, on ne peut que s’extasier une nouvelle fois devant le génie du Kantor de Leipzig, pour son inspiration mélodique, sa science du contrepoint et autres entrelacements de diverses lignes musicales.
F.J. Photos I.F.
Le hasard du calendrier nous offrira une nouvelle fois l’ensemble Café Zimmermann dans un autre programme, le dimanche 11 décembre 2022 à la salle Benoît XII d’Avignon, dans le cadre de la saison de Musique Baroque en Avignon.
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