Tentative courageuse mais qui tourne court
Samedi 8 février 2025, Opéra Grand Avignon (site officiel)
Bate Fado. Festival de danse contemporaine des Hivernales (site officiel). Jonas&Lander, en coréalisation avec l’Opéra Grand Avignon. Direction et chorégraphie Jonas&Lander. Interprétation : Catarina Campos, Jonas, Lander Patrick, Lewis Seivwright, Melissa Sousa. Basse : Yami Aloelela. Guitare : Tiago Valentim. Guitare portugaise : Bernardo Romo, Hélder Machado. Voix : Jonas. Composition musicale : Jonas&Lander. Direction musicale : Tiago Valentim. Conception lumière : Rui Daniel. Scénographie : Rita Torro. Costumes : Fábio Rocha de Carvalho, Jonas. Assistance scénographie et costumes : Fábio Rocha de Carvalho. Direction technique et opération lumières : Bruno Santos, Jean-Pierre Legout (en alternance). Opération sonore : Filipe Peres.
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L’idée a priori était intéressante : aller chercher et interroger une part oubliée de l’histoire du fado. La part dansée. Sait-on que ce chant symbole de l’âme portugaise fut au XIXème siècle, à Lisbonne, accompagné d’une danse frappée du pied ? Ce « fado batido » est le point de départ du spectacle qui met en scène quatre danseurs, un chanteur et quatre musiciens. On se laisse embarquer tout d’abord par l’énergie des pas « tapés », cousins du flamenco. Mais très vite, pour notre part, et en dépit des moyens conséquents déployés sur la scène de l’Opéra, on est déçus. On ne retrouve guère ensuite au cours de ce spectacle hybride l’énergie de la danse frappée. On cherche en vain dans la voix du chanteur la mélancolie déchirante qui nous prend aux tripes à l’écoute d’Amalia Rodrigues et autres grandes chanteuses plus contemporaines de fado. On comprend qu’en se réappropriant ce chant, la jeune génération cherche à en exorciser l’arrière-plan de culture religieuse et machiste. Mais fallait-il pour cela utiliser les guitares comme accessoires phalliques plutôt que comme instruments de musique ? Transformer une croix en sculpture de ballons baudruches qui seront crevés à la fin ? Ce que dit peut-être ce « bate fado », c’est la difficulté à se réapproprier un patrimoine artistique intimement lié à certaines pages sombres de l’histoire du Portugal. Un formidable patrimoine à revivifier. La tentative en cela est courageuse, et recueille sa part d’applaudissements.
C.I. Photos José Caldeira.
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