Alexandre Kantorow et le Verbier Festival Chamber Orchestra : belle soirée à La Roque d’Anthéron, s’en étonne-t-on vraiment ?
Lundi 5 août 2024, Parc du Château de Florans, La Roque d’Anthéron
44e Festival International de Piano de La Roque d’Anthéron
Alexandre Kantorow, piano
Verbier Festival Chamber Orchestra
Gábor Takács–Nagy, direction musicale
Saint–Saëns : Concerto pour piano et orchestre n°5 en fa majeur opus 103 « Égyptien ». Brahms : Symphonie n°1 en ut mineur opus 68
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Désormais au firmament des étoiles parmi les pianistes, la venue d’Alexandre Kantorow fait quasiment amphithéâtre plein en cette soirée de lundi au Festival de de La Roque d’Anthéron. Mais la qualité est également assurée par le Verbier Festival Chamber Orchestra, belle formation dont les cordes marquent leur présence sur les premières mesures du Concerto pour piano n°5 de Saint-Saëns. La dénomination « L’Egyptien » du concerto éclaire évidemment l’auditeur sur les sonorités et mélodies orientales, voire arabisantes, joliment distillées par la phalange. Le jeu d’Alexandre Kantorow semble couler avec sérénité, voire une tranquillité qui n’exclut pas pour autant un fort caractère, en particulier pendant les courtes séquences de piano seul. La sûreté des attaques, le détachement très précis des arpèges, ainsi que la virtuosité des moments rapides sont à saluer. L’équilibre également entre piano et orchestre est appréciable, laissant une confortable place acoustique à l’instrument soliste.
On reste chez Saint-Saëns pour le premier bis accordé par Kantorow, autour du grand air de Dalila « Mon cœur s’ouvre à ta voix » extrait de l’opéra Samson et Dalila, aux phrases parfois très rapides, pour revenir à la douceur de la mélodie principale. Et en second bis, le pianiste interprète les « Jeux d’eau » de Maurice Ravel, ce même morceau qu’il a joué le 26 juillet à Paris lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Et d’eau à Paris, il était bien question puisqu’il jouait sous la pluie battante, alors que la chaleur sèche et estivale est bien installée ce soir à La Roque.
Après l’entracte, la Symphonie n°1 de Brahms met encore plus en valeur les qualités du Verbier Festival Chamber Orchestra, placé sous la baguette de Gábor Takács–Nagy, leur directeur musical depuis 2007. Takács-Nagy n’est d’ailleurs pas sans rappeler un autre chef hongrois Georg Solti (1912-1997), par sa gestique très physique, l’énergie qu’il insuffle aux musiciens, ainsi que le fait qu’il chante de temps à autre avec son orchestre… assez fort pour qu’on l’entende ! Les soli de hautbois, clarinette, cor également, sont en tout cas sans reproche, l’ensemble est harmonieux et le finale brillant. Sans avoir préparé de bis spécifique, l’ensemble reprend un passage de la symphonie.
F.J. © Pierre Morales
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