Ames sensibles, s’abstenir ! Yes Daddy, déroutant et dérangeant, mais captivant
Théâtre Benoît XII, rue des Teinturiers. A 18 heures, les 24, 25 et 26 juillet. Durée : 1 h 20. Spectacle en arabe surtitré. Réservation 04 90 14 14 14.
Palestine / Création 2024 / Première en France
Des scènes peuvent heurter la sensibilité du public
Avec Anan Abu Jabir, Makram J. Khoury. Texte et mise en scène, Bashar Murkus. Dramaturgie et production, Khulood Basel. Scénographie, Majdala Khoury. Lumière, Muaz Al Jubeh. Direction technique, Moody Kablawi. Machinerie, Basil Zahran. Assistanat à la mise en scène, Nancy Mkaabal. Traduction française et anglaise pour le surtitrage, Lore Baeten
Production, Khashabi Theatre. Avec le soutien de A. M. Qattan Foundation, Afac Arab Fund for Art and Culture. Diffusion internationale, MAG.I.C. / La Magnanerie. Représentations en partenariat avec France Médias Monde
Les Mutuelles d’assurances et le Groupe AXA Grands mécènes de l’édition 2025 du Festival d’Avignon
Où est la vérité et que croire quand on est au théâtre et que l’histoire commence par « Il était une fois… » ? Après The Museum en 2021 et Milk en 2022, l’auteur et metteur en scène palestinien Bashar Murkus et sa compatriote, Khulood Basel, productrice artistique et dramaturge, reviennent au Festival d’Avignon. Ils offrent, avec Yes Daddy, présenté pour la première fois en France, une pièce troublante, qui dépasse largement la seule question du vieillissement. Renouant avec le huis clos, qui avait fait le succès de leur pièce The Museum, présentée en 2021 au Festival d’Avignon, ils imaginent un face à face dérangeant et troublant, voire assez glauque, entre un vieillard solitaire perdant la mémoire (la perd-il vraiment ?) et un jeune escort, tout aussi solitaire. Dès lors qu’il franchit la porte, le spectateur plonge dans l’intimité de cette maison, lourde de secrets et d’où rien ne devra sortir… Placés en position de voyeur, nous assistons, avec un brin d’horreur et d’incompréhension, à un face-à-face violent, porté par deux interprètes épatants, traversé par de rares accalmies et moments de tendresse. Un contraste renforcé par la musicalité de la langue arabe, aussi dure que douce. Cette maison, de plus en plus réelle, qui se construit au fil des souvenirs et de la confiance grandissante entre les deux hommes, est matérialisée au plateau par de grands panneaux en évolution constante. Tantôt invités à franchir les murs tantôt tenus à l’écart, pour nous épargner la violence de ce qui s’y passe (?) et maintenir notre curiosité en éveil (ça marche très bien), nous assistons à des scènes déroutantes, présentant parfois plusieurs versions de la même vérité, passée à la moulinette de la mémoire et des sensations personnelles. Qui tire les ficelles ? Où est le vrai ? Il faudra rester jusqu’au bout pour avoir des bribes de réponse… mais ne posons pas trop de questions, comme disent les personnages. « Les questions gâchent tout. » Attention, âme sensible s’abstenir ! ça secoue ! On n’en ressort pas indemne, mais c’est captivant !
Marie-Félicia. Crédit photos : Christophe Raynaud de Lage
Ames sensibles, s’abstenir ! « Yes Daddy », déroutant et dérangeant, mais captivant
Laisser un commentaire