Les mots sont forts, les mots sont durs, pour dénoncer le génocide arménien : nous aussi passeurs de mémoire ?
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La Luna, 14h45. Durée 1h10. Du 7 au 30 juillet. Réservations au 04 90 86 96 28
Esteban Perroy a, pour cet Avignon, reprit le texte si fort et puissant qu’il a écrit sur le génocide arménien et joué en 2019 dans cette même salle 3 de La Luna. Les mots sont forts, les mots sont durs, pour décrire l’horreur de ce qu’a vécu le jeune Vahran. L’émotion est là, toujours présente, elle nous submerge, elle nous fait pleurer, nous sommes avec lui, nous vivons ses angoisses, ses doutes. La manière dont Esteban nous le raconte y est pour beaucoup. Il est le conteur, ayant parfois un livre en main mais sachant aussi le laisser. Il met à distance cette histoire en nous la contant, ne se laissant pas aller dans le pathos. Il nous guide sur le chemin de vie de cet enfant, sans s’impliquer de manière trop exacerbée mais en nommant avec justesse les monstruosités vécues. Il devient un passeur de mémoire, une mémoire essentielle, une mémoire nécessaire car comme le disait Elie Wiesel : « Le bourreau tue toujours deux fois, la seconde fois par l’oubli ». Une mémoire d’autant plus nécessaire peut-être que la Turquie ne reconnaît toujours pas ce génocide.
La mise en scène est immersive, grâce à la vidéo et à la musique jouée en direct sur scène par un excellent altiste. Elle nous fait vivre les émotions.
La force de la fin tient au fait que cette histoire individuelle devient universelle puisque les autres massacres du XXème et XXIème siècle sont aussi évoqués à travers des pays, des situations mais également des prénoms aussi variés que ceux qui souffrent aujourd’hui de par le monde.
Et si nous devenions tous à notre tour des passeurs de mémoire en allant voir cette superbe pièce et en en parlant ensuite ? Ce sublime hommage rendu à ces survivants est aussi nécessaire que remarquable.
Sandrine
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