Un spectacle pétillant de jeunesse
Odéon de Marseille (2 février 2018)
D’après l’opéra Il Barbiere di Siviglia de Gioacchino Rossini.
Direction musicale, Adrien PERRUCHON. Adaptation du livret, Gilles RICO. Mise en scène, Damien ROBERT. Décors, Thibault SINAY. Costumes, Irène BERNAUD. Lumières, Samaël STEINER
Distribution en alternance :
Rosine, Ines BERLET et Marion LEBÈGUE
Figaro, Mathieu GARDON et Anas SÉGUIN (https://www.anasseguinbaryton.com/ ) ; Almaviva, Matthieu JUSTINE et Pierre-Emmanuel ROUBET ; Bartolo, Thibault DESPLANTES et Francis DUDZIAK ; Basile, Olivier DEJEAN et Guilhem WORMS (https://www.guilhemworms.com/ )
Nouvelle production. Coproduction Théâtre des Champs-Élysées, Opéra Grand Avignon, Opéra Municipal de Marseille – Théâtre de l’Odéon, Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie, Opéra Nice Côte d’Azur, Opéra de Reims, Opéra de Rouen Normandie, Opéra de Toulon Provence Méditerranée, Opéra de Vichy.
Avec la collaboration du Centre Français de Promotion Lyrique (CFPL), avec le soutien du Mécénat de la Caisse des Dépôts
Quelle jolie soirée, pétillante, enjouée, fluide, colorée, et intelligemment pédagogique ! Entrer ainsi dans l’univers de Rossini est un vrai bonheur… La cavatine de Rosine (« Una voce poco fa... ») garde son impertinence acidulée ; « le scandale », terme plus claquant, moins sournoisement insidieux, que « la calunnia », exhale néanmoins tout son fiel jubilatoire grâce à Olivier Déjean.
Tous les acteurs jouent le jeu avec un enthousiasme communicatif, avec un égal engagement qui offre un espace scénique et vocal comparable à chacun : si Anas Seguin (photo) a plaidé la méforme, il a cependant mené la danse avec une fougue juvénile ; Révélation 2014 de l’Adami, celui qui fut longtemps un « enfant terrible », trouve en Figaro (ailleurs, il chante aussi le rôle du Barbiere di Siviglia de Rossini, et Almaviva dans Le Nozze de Mozart) comme un frère jumeau, joyeusement impertinent ; souhaitons-lui bonne chance pour la Finale du Concours des Voix Nouvelles, à laquelle il va participer sous peu (10 février 2018).
Il est efficacement entouré de la croquignolette mezzo Inès Berlet/ Rosine (photo dans Orphée aux enfers) qu’on a déjà entendue plusieurs fois à Avignon ou Marseille, ex-Cnipalienne (2012-2013)… et avocate à la ville depuis 2010, jolie voix et jeu de scène expressif ; sur scène également le ténor Matthieu Justine (Almaviva) pour lequel on aurait bien craqué (ci-dessous), et Thibault Desplantes, fort convaincant en Bartholo touchant et maladroit, et qu’on avait vu magistral en 2017 à Avignon dans L’Ombre de Venceslao.
Diction parfaite, projection précise (et dimensions raisonnables de la salle de l’Odéon), donnent au texte, en français, une remarquable acuité. On aimerait pouvoir tresser les mêmes lauriers à bien des artistes aguerris… Toujours vif, humoristique, cocasse et formidablement décalé, jamais caricatural, le spectacle a unanimement séduit tous les publics et tous les âges.
On ne peut que se réjouir du travail exceptionnel que mène le CFPL (Centre Français de Promotion Lyrique) dans la sélection et la formation des jeunes talents, sous la houlette de son directeur Raymond Duffaut (voir notre entretien en 2023). Et s’intéresser de près à ses diverses coproductions, Le Voyage à Reims de Rossini, Les Caprices de Marianne de Sauguet, L’Ombre de Venceslao de Copi-Matalon. (G.ad.) (Photos spectacle Marion Kerno).