Le théâtre Artéphile, « bulle de création contemporaine », a présenté son programme pour le festival, en présence de plusieurs compagnies. Comme chaque année, le mois de juin est fertile en avant-premières. Anne Cabarbaye a souligné l’axe de la réflexion commune. « On connaît la difficulté de chacun pour suivre son chemin depuis deux ans. Tout le monde est « résilient », pour employer le grand mot d’aujourd’hui. Mais arriver à la compréhension de l’autre, à son intimité, est difficile, et l’on avance tous cahin-caha ». C’est dans cet esprit qu’a été conçu le programme du festival.
Nos petits penchants revient, dénonçant la tyrannie du bonheur obligatoire, en marionnettes et théâtre d’objets, à partir de 7 ans (Festival 10h ; avant-première 28 juin, 19h). Pour les tout-petits dès 3 ans, Moby Duck évoquera – en objets aussi – le rapport des petits avec leur image dans le miroir et la conscience de soi qui se construit (10h20 ; création lors de l’avant-première, dimanche 19 juin à 17h). La femme à qui rien n’arrive (à partir de 12 ans) est un huis-clos de science-fiction, « très drôle, où tout se commande à distance » (11h10 ; avant-première 21 juin, 19h). Quand toute la ville est sur le trottoir d’en face a obtenu le grand prix de la littérature dramatique en 2018 ; il pose la question de l’addiction quelle qu’elle soit, et du rapport au réel et au fantasme ; créée il y a 7 ans, la pièce a été profondément remaniée (11h55, à partir de 14 ans ; avant-première, 15 juin, 19h). Déraisonnable est le troisième texte que Denis Lachaud crée à Artephile ; être le double de soi-même est une expérience vertigineuse ; c’est celle d’une comédienne, bipolaire qui s’ignore (à partir de 12 ans, 13h30 ; avant-première, 14 juin, 19h).
Chaque année, Artéphile reprend un spectacle qui souhaite revenir ; cet été, c’est la Leçon de français, grand succès 2021, un spectacle jubilatoire (14h05, du 7 au 16 seulement, relâche le 13). Prendra la suite en seconde partie de festival De la mort qui tue, « très égocentré et très drôle » (14h05, dès 12 ans). Les monstrueuses, le rêve d’Ella – sur l’héritage des descendants, d’où qu’on vienne – revient aussi, quatre ans après, mais remanié (15h25). Martine à la plage, qui n’a rien d’un conte pour enfant, envisage une situation dérangeante, le harcèlement d’un adulte par une adolescente ; un concert-spectacle, ou l’inverse, qui évoque le « rare sujet du désir féminin à l’adolescence » (15 ans, ???; 23 juin, 19h). Le geste, sans être du tout un spectacle de magie, analyse presque chorégraphiquement la transmission du geste dans un spectacle de magie (17h15, dès 8 ans ; 1er juillet, 19h). Buffalo tant attendu arrive enfin ; à peine joué (2 dates) en 2020, c’est la première production intégralement signée Artéphile : « ni une lecture ni un concert, une tuerie ! » (17h55, 12 ans ; avant-première, 22 juin, 19h) ; à travers l’histoire du dernier chasseur de bisons, qu’est-ce qui détermine le choix de nos actes ? Avec son titre politiquement incorrect, Je ne vous aime pas (13 ans, 18h45 ; 3 juillet, 19h) montre sans complaisance le gouffre de haine entre Paris et le monde rural ; et c’est « très drôle ». À nos ailleurs (19h35, 13 ans ; 2 juillet, 19h) évoque le sujet délicat des migrants. Le chevreuil et Dalida (12 ans, 20h30 ; 24 juin, 19h), créé à l’occasion de Fes’thiver, revisite l’histoire d’une diva, dans un « théâtre corporel très libre, un peu déconcertant ». On termine avec le « choc électrique » – simulacre d’orgasme – du Cas Lucia J (16 ans, 21h45 ; 26 juin, 19h), l’histoire terrible de la fille de James Joyce, « un spectacle très physique, par une sacrée performeuse, mais avec un très beau texte sur la danse ».
Et Anne Cabarbaye (4e à g.) et Alexandre Mange (4e à dr., derrière), directeurs d’Artéphile, qui cultivent avant tout pudeur et discrétion, proposent aussi des petits rendez-vous, les « Officieuses », 6e édition, les jours de relâche (mercredis), avec des projets, des lectures, des concerts ; et, les 23-24 juin, un mini-festival pour les professionnels, avec cinq spectacles.
-Théâtre Artéphile, Avignon. Tarifs : 6€, tarif de base | 8€, tarif solidaire | 10€, tarif très solidaire | (+ 0,5€ par billet de frais de plateforme dématérialisée). Toutes infos et réservations sur : https://artephile.com/
Calendrier des avant-premières
- 14 juin, 19h, Déraisonnable
- 15 juin, 19h, Quand toute la ville est sur le trottoir d’en face
- 19 juin, 17h, Moby Duck
- 21 juin, 19h, La femme à qui rien n’arrive
- 22 juin, 19h, Buffalo,
- 23 juin, 19h, Martine à la plage
- 24 juin, 19h, Le chevreuil et Dalida
- 26 juin, 19h, Le cas Lucia J
- 28 juin, 19h, Nos petits penchants
- 1er juillet, 19h, Le geste
- 2 juillet, 19h, A nos ailleurs
- 3 juillet, 19h, Je ne vous aime pas
Journées professionnelles
- 23 juin, 14h, Buffalo
- 23 juin, 16h, Artéphile, bonjour ! ADN (documentaire de Michel Akrich)
- 23 juin, 19h, Martine à la plage
- 24 juin, 11h30, Quand toute la ville est sur le trottoir d’en face
- 24 juin, 14h30, Le Chevreuil et Dalida
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