Je me suis trompée de spectacle, mais finalement…
Vendredi 12 avril 2024, 20h, durée 1h, Opéra Grand Avignon
Conception artistique, Michel Hallet Eghayan et Bruno Mantovani. Composition musicale, Aram Hovhannisyan et Michel Petrossian. Chorégraphie, Michel Hallet Eghayan. Lumières, Philippe Catalano. Costumes, Cécile Destouches et Ella Revolle. Son, Lanig Ledordt
Danseurs, Anne-Sophie Seguin, Emilie Eckly, Margot Bain, Samuel Hubert, Antonin Pinget, Nicola Ayoub
Ensemble Orchestral Contemporain. Direction musicale, Eric Varion
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Nous n’étions que quelques dizaines, tout au plus une petite centaine de spectateurs, éparpillés entre orchestre et premier balcon de l’Opéra Grand Avignon. Sans doute démoralisant pour le chorégraphe Michel Hallet Eghayan qui, en début de représentation, a présenté en quelques mots – peu audibles -, du premier rang de l’orchestre, la genèse du spectacle.
Nous avions failli nous arrêter à quelques centaines de mètres, à la collégiale Saint-Didier où nous avions entendu deux jours plus tôt le chœur Ekhô ; en ce vendredi soir, le chœur avignonnais À Piacere y donnait Dvorak et Brahms encadrent un Chant biblique…
C’est une curiosité bienveillante qui nous a poussés jusqu’à l’Opéra, la même que celle qui nous avait heureusement poussés vers un ensemble ukrainien en février 2022, les Dakh Daughters, quelques jours avant l’invasion du pays par la Russie et alors que la menace se faisait de plus en plus précise.
Les Yezidis, peuple endogame présent en divers pays mais surtout en Irak, sont entourés de secret, et ont été victimes d’un génocide en 2014 en Irak. La perspective de découvrir cette culture mystérieuse, que nous imaginions assez proche des Balkans, avait tout pour séduire. Et le sujet, « Sept, les anges de Sinjar », promettait une plongée chorégraphique dans une spiritualité autour de la Création de sept anges successifs, symbolisant la diversité du monde.
Une douzaine d’instruments ont pris place en demi-cercle, en fond de scène : harpe, cordes, vents, percussions, un instrument pour chaque pupitre… Quand le piccolo strident s’élève, c’est, pour nous, à tout le moins l’étonnement. Nous pensions folklore, nous entendons pendant plus d’une heure de la musique sérielle ; certes, les noms des compositeur et directeur artistique, Michel Petrossian et Bruno Mantovani, ainsi que de l’Ensemble orchestral Contemporain, auraient dû nous alerter… Les six danseurs, deux hommes et trois femmes, sont censés exprimer l’arrivée successive des sept anges. La chorégraphie, très variée, exploitant de multiples configurations, souligne le récit, quand les sept plaids passent l’un après l’autre, des portants qui bordent la scène, aux épaules des danseurs.
Nous avouons nous être totalement déconnectée d’un monde connu, nous laissant parfois (em)porter par une prestation de grande qualité, solidement conçue et construite, mais faute d’avoir su trouver les clefs ouvrant les sept portes, nous sommes souvent restée sur le seuil, alors que nos voisins de salle, eux, entraient allègrement…
G.ad.
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