« La Passion selon Tibhirine »
De Pascal Joumier et Yves Sauton. Compagnie L’Echo du Soleil
Avec Laurent Dallias, Dominick Breuil, Pascal Joumier, Joseph Naffah
Chant, Valéria Florencio
Lumière et son, Fabrice Ranchon, Yves Sauton
Dans le cadre de la Semaine d’art en Avignon : Indépendance(s), Chapelle Sainte-Marthe, Avignon
Le chrétien et le musulman qui prient ensemble dos à dos, dans une église. L’image est forte. Et fait du bien, par les temps qui courent. Loin de l’enquête documentaire, La Passion selon Tibhirine retrace le cheminement spirituel et le questionnement des moines assassinés pendant la guerre civile en Algérie, depuis leur profession de foi, jusqu’à la veille de leur mort. Remarquable travail de montage de ces textes authentiques, qui fournissent la matière théâtrale de ce spectacle conçu pour être joué dans des églises : jusqu’à la fin, le public est tenu en haleine. Car n’est pas seulement martyr qui croit : dans le monde clos du cloître, figuré par le chœur de l’église, le peuple algérien et sa souffrance apparaît en filigrane. Mystère de l’autre qu’il faut percer, de cet Islam qui mène à Dieu.
Jouant des symboles, osant les scènes sacrilèges (terrible intrusion de cet homme encagoulé et armé jusqu’aux dents, qui nous rappelle trop à l’actualité), la mise en scène bouscule le spectateur. Mais on monte, comme en apothéose, porté par les voix prodigieuses de Valéria Florencio et Joseph Naffah : le chant sacré lyrique de l’Eglise, rythmé par l’appel à la prière du muezzin. Un moment superbe et hors du temps.
S. G-T. Photos Cie L’Echo du Soleil
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