Ou comment se réchauffer le cœur et les oreilles… avec Schubert
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Opéra Grand Avignon, samedi 3 décembre 2022, 20h, durée 1h20
Sandrine Piau, soprano
Ensemble Contraste : Arnaud Thorette, alto ; Johan Farjot, piano
Franz Schubert, Le Pâtre sur le rocher D965 ; Sonatine en ré majeur D384 ; Ständchen D957 ; Nacht und Träume D827 ; Lied der Mignon D877 ; Litanei D343 ; An die Musik opus 88 n°4
En ce premier samedi de décembre, la soprano Sandrine Piau se produisait à l’Opéra Grand Avignon. Elle était « plus qu’accompagnée » de Johan Farjot au piano et Arnaud Thorette à l’alto, tous deux issus de l’ensemble Contraste, que ce lieu a déjà plusieurs fois accueilli. La soirée était finement préparée, avec une alternance de Lieder en trio ou duo ainsi que des interprétations instrumentales, et l’articulation de ces pièces de Franz Schubert relevait d’une délicate orfèvrerie musicale.
Les instrumentistes, Johan Farjot au tout premier chef, distillaient quelques précisions bienvenues entre certaines œuvres, qui donnaient encore plus d’humanité au concert. Ils avaient fait un choix judicieux de transcription pour soprano, piano et alto. De l’humanité et de la complicité, il y en avait aussi entre ces trois musiciens. J’ai particulièrement apprécié la délicatesse du jeu des deux instrumentistes vis-à-vis de la voix de Sandrine Piau. Celle-ci s’est vite chauffée et a exprimé toute la rondeur et l’étendue de sa palette : quel plaisir ! Son articulation précise de l’allemand a permis, même aux simples germanistes du Secondaire, de comprendre le sens de chaque Lied. On comprend que, si l’artiste s’est d’abord fait connaître dans le répertoire baroque, elle a su légitimement s’imposer dans des univers plus larges, et que les salles du monde entier se réjouissent d’accueillir celle que les Victoires de la musique ont couronnée Artiste lyrique de l’année en 2009.
Si le romantisme peut parfois tourner au sombre, avec de tels talents le programme et l’interprétation en étaient loin. Le public a apprécié et a longuement applaudi les trois artistes. Ceux-ci, généreux, nous ont offert trois délicieux rappels.
Arrivé trempé à l’opéra, j’ai rapidement séché.
Grâce à Sandrine Piau, Johan Farjot et Arnaud Thorette, cette soirée, pourtant pluvieuse et fraîche, n’était pas notre « voyage d’hiver » !
N.A. Photo Sandrine Expilly
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