Voix chaude, souple et agile d’Isabel Leonard dans un programme d’Ouvertures et de grands airs

Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence le 11 décembre 2025
Le Cercle de l’Harmonie ; Jérémie Rhorer, direction
Isabel Leonard, mezzo-soprano
Gioacchino Rossini : Airs pour mezzo-soprano et ouvertures de Tancredi, Le Barbier de Séville, La Cenerentola, Semiramide, Guillaume Tell, Otello, Il Turco in Italia, La gazza ladra
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La résidence de l’orchestre du Cercle de l’Harmonie se poursuit au Grand Théâtre de Provence, qui propose ce soir un programme intitulé « Rossini, sì ! ». La mezzo-soprano américaine Isabel Leonard est associée au concert, pour interpréter quatre airs, soit une partie chantée de bien moindre importance en comparaison des nombreuses Ouvertures à l’affiche.

Pour commencer la soirée, l’Ouverture du Barbiere di Siviglia surprend d’abord par le tempo significativement lent pris par le chef Jérémie Rhorer, avant d’impulser tout de même davantage de vivacité et d’animation à la musique. Mais c’est surtout l’épaisseur orchestrale qui nous éloigne de nos habitudes d’écoute, ici un Rossini pas spécialement léger en décibels, joué par une formation plutôt fournie, d’une cinquantaine d’instrumentistes et où le timbalier se donne souvent à fond. En seconde partie, celle du Turco in Italia nous donnera le même sentiment d’un son inhabituellement lourd pour cet extrait, les cors naturels très exposés pendant une séquence s’éloignant parfois de la juste intonation.
L’effectif en présence convient mieux à l’Ouverture de Semiramide, surtout de manière collective, car là encore les cors naturels, instruments extrêmement difficiles à jouer au demeurant, se montrent par instants rebelles, tandis que le piccolo oublie de petites notes dans les très denses enfilades écrites sur la partition. Le violoncelle solo se montre plutôt bien en place au début de l’Ouverture de Guillaume Tell, mais les vents amènent moins de séduction, cor anglais et flûte en tête. Venant curieusement conclure le programme, l’Ouverture de La Gazza ladra confirme la bonne tenue de l’ensemble, ainsi que certaines faiblesses entendues précédemment, principalement aux pupitres de bois et cuivres.

Concernant les parties chantées, Isabel Leonard développe une voix chaude et suffisamment souple pour les passages d’agilité dans l’air d’entrée de Tancredi, Di Tanti palpiti. La vocalise est déliée également au cours du grand air de Rosina, Una voce poco fa extrait du Barbiere di Siviglia. La chanteuse se montre expressive, arborant ici le sourire espiègle du personnage, tandis qu’elle amène par ailleurs de petites variations dans la reprise de l’air. Après l’entracte, la chanteuse confirme sa tessiture de mezzo, et non contralto, ce qui lui permet d’aborder la grande scène un peu plus sopranisante Assisa a’ pie d’un salice, de Desdemona en début du dernier acte d’Otello. Accompagnée en majeure partie par la harpe, l’interprétation est émouvante, même si certaines notes les plus aiguës ne nous semblent pas d’une parfaite justesse d’intonation. Quatrième et dernier air du programme, le rondo final de La Cenerentola, Nacqui all’affano… Non più mesta témoigne à nouveau de l’abattage et l’agilité vocale mise à profit pour passer les traits virtuoses de ce passage, particulièrement difficiles.
On ne reverra malheureusement plus la chanteuse pour le bis, l’orchestre reprenant simplement une partie de l’Ouverture de Guillaume Tell. Les Ouvertures rossiniennes sont pourtant nombreuses et d’ailleurs, celle de La scala di seta inscrite sur le programme de salle n’a pas été jouée ce soir.
F.J. / I.F. © Claire Gaby
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