Une interprétation tout en délicatesse et douceur de Jocelyn Bell
Théâtre de la Reine Blanche, 14h40, 1h15. Du 5 au 23 juillet, relâche les 10 et 17 juillet. Réservations 04 90 85 38 17
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Deuxième pièce d’une trilogie Les Fabuleuses, Elisabeth Bouchaud présente ici la vie de Jocelyn Bell qui a découvert les pulsars. A l’image des autres pièces, Elisabeth Bouchaud cherche à lutter contre l’invisibilité des femmes scientifiques d’exception (ou effet Matilda), avec sa sensibilité d’artiste mais aussi de physicienne.
Jocelyn Bell, irlandaise, est étudiante à Cambridge. Se sentant illégitime et incompétente, souffrant du « syndrome de l’imposteur », elle voit sa découverte en tant qu’étudiante récupérée opportunément in fine par son directeur de thèse Anthony Hewish (interprété de façon magistrale et glaçante par Benoît Di Marco). Clémentine Lebocey l’incarne remarquablement tout en douceur et en abnégation acceptée, malgré les remises en question de sa co-locataire Janet (interprétée par Roxane Driay), qui ne parvient pas malgré ses efforts incessants à lui ouvrir les yeux. Clémentine Lebocey irradie la scène par son jeu, avec humilité mais humanité. Elle contribue ainsi à redonner les lettres de noblesse à celle qui se fera voler sa découverte par son directeur… qui recevra pour celle-ci un prix Nobel. Toutefois, la fin de la pièce évoque la suite de sa carrière via une interview avec un journaliste : elle souligne son caractère résilient, fataliste et discret face aux nombreux prix et reconnaissances qu’elle a reçus par la suite.
La mise en scène (de Marie Steen) est originale : d’immenses mâts-piquets en métal qui définissent le champ du télescope construit par Jocelyn Bell, que les acteurs déplacent au gré des délimitations spatiales de l’espace scénique, au son des signaux des pulsars sur une machine qui les retrace sur des papiers millimétrés, créant de riches combinaisons.
Elisabeth Bouchaud cherche à réparer à juste titre des injustices dans l’histoire des sciences : après avoir présenté la vie de Rosalind Franklin (dans la pièce L’Affaire Rosalind Franklin, voir notre compte-rendu), puis celle de Jocelyn Bell, et celle de Lise Meitner (dans la pièce Exil intérieur, voir notre compte-rendu), des femmes scientifiques d’exception qu’elle cherche à tirer de l’oubli et à mettre en lumière. Elle travaille actuellement à un quatrième projet autour de Marthe Gautier… que nous attendons.
Christèle. Photo Pascal Gély
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