Concert de l’Orchestre Philharmonique de Marseille au Pharo, ou les mystères des « Mystères de la vie »

Dimanche 7 décembre 2025, Auditorium du Pharo, Marseille 7 décembre
Orchestre Philharmonique de Marseille
Francesco Cilluffo, direction musicale ; Sergej Krylov, violon
Alfredo Catalani : Loreley, Ouverture. Jean Sibelius : Concerto pour violon en ré mineur, op. 47. Edward Elgar : Variations Enigma, op. 36
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Le concert du jour par l’Orchestre Philharmonique de Marseille est intitulé « Les mystères de la vie », mention certainement assez large et générique pour s’appliquer à nombre de programmes, mais dont on est moyennement convaincu qu’elle concerne spécifiquement celui de ce dimanche après-midi. Surtout à considérer le premier extrait, soit l’Ouverture de l’opéra Loreley, personnage de la fée du Rhin plutôt associée à la mort, qui précipitait dans les flots les marins tombés sous son charme.
Le compositeur Alfredo Catalani est surtout connu pour Ebben ? ne andrò lontana, extrait de son opéra La Wally, air sublime chanté par Wilhelmenia Wiggins Fernandez dans le film Diva de Jean-Jacques Beineix, sorti en 1981. Mais ce n’est pas pour autant que son opéra La Wally est souvent donné, et encore moins Loreley, jamais vu pour notre part. En première marseillaise pour ce concert, le chef Francesco Cilluffo est un spécialiste de ce répertoire dit vériste, entre autres pour avoir dirigé nombre de titres inconnus ou quasi au festival irlandais de Wexford, où il officie en tant que chef d’orchestre principal invité. Cette Ouverture alterne entre jolies petites mélodies développées aux bois et moments plus éclatants, où les cuivres et percussions sont sollicités pour donner une grande ampleur, d’un contour clairement dramatique.

Vient ensuite le morceau de choix de l’après-midi, le Concerto pour violon en ré mineur de Jean Sibelius, interprété par le soliste russo-italien Sergej Krylov, lui également en première venue à Marseille. Dès les premières mesures en allegro moderato, la séduction de l’instrument est immédiate, dans un son absolument enchanteur. Le deuxième mouvement en adagio di molto confirme cette excellence, un jeu splendide qui dégage beaucoup d’émotion. Les traits d’agilité sont aussi maîtrisés, comme par exemple au cours de la longue cadence du premier mouvement, qui garde sa musicalité, avec plusieurs attaques particulièrement mordantes. Cet abattage se poursuit pendant le dernier mouvement en allegro ma non tanto, même si toutes les notes – et elles sont nombreuses ! – ne sonnent pas avec la même perfection d’intonation. En bis, Krylov joue les Variations sur un thème de Paganini, avec ses passages d’une folle virtuosité, impressionnants de vélocité, y compris la séquence en pizzicati qui déclenche – malheureusement ! – les applaudissements intempestifs de quelques spectateurs ne pouvant se retenir…
Après l’entracte sont programmées les rares Variations Enigma d’Edward Elgar, soit quatorze variations jouées par l’orchestre philharmonique autour d’un thème. Ces différents numéros, pour une durée totale d’un peu plus d’une demi-heure, sont extrêmement variés des points de vue du rythme et de l’orchestration, si bien que la mélodie principale n’est pas toujours facilement reconnaissable. Entre délicatesse de la texture musicale, passages rapides comme une fugue avec départs en canon des différents pupitres, rythmes plus dansants, petites espiègleries, passage majestueux, voire martial, plusieurs crescendos qui montent vers des accords wagnériens, l’auditeur explore un très large catalogue de musique, toujours interprétée avec maîtrise technique et expressivité par un Orchestre Philharmonique de Marseille qui semble ces derniers temps au top de sa forme et salué avec enthousiasme par un public conquis.
F.J. © F.J.
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