Opéra de Marseille, dimanche 16 avril 2023
Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Marseille. Lawrence Foster, direction. Mathias Hausmann, baryton. Roxana Constantinescu, mezzo-soprano
Richard Wagner, Préludes de Lohengrin. Gustav Mahler, Des Knaben Wunderhorn. Ludwig van Beethoven, Symphonie n° 5 en do mineur
Avant le prochain passage de relais au jeune Michele Spotti à partir de la saison 2023-2024, c’est l’actuel directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Marseille, Lawrence Foster, qui tient la baguette pour ce concert du dimanche après-midi. On entend une formation dans une forme splendide, dès le Prélude de Lohengrin où les cordes frémissantes s’expriment avec sentiment, un recueillement qui prolonge la minute de silence observée au préalable en hommage aux victimes de l’explosion de la rue de Tivoli. Le tempo imprimé par le chef est assez solennel et plutôt lent, avec des montées vers des tuttis spectaculaires, et ses cuivres éclatants sur un magnifique tapis de cordes. Le prélude du 3ème acte, plus joyeux dans ses préparatifs de mariage, est une nouvelle démonstration du brillant des cuivres, à tour de rôle les cors, trombones et tuba, trompettes.
Les deux solistes au chant, Mathias Hausmann et Roxana Constantinescu, entrent ensuite en scène pour les 12 Lieder du Knaben Wunderhorn (Le Cor merveilleux de l’enfant) de Gustav Mahler. Le baryton s’affirme d’emblée avec une voix bien projetée et un texte soigneusement articulé, au cours de nombreux numéros à caractère militaire, aux rythmes de marche parfois teintés de touches grinçantes. L’instrument de la mezzo est richement timbré, sur une généreuse longueur de tenue du souffle et par ailleurs précise musicalement, mais la puissance reste mesurée. Elle a tendance en effet à s’effacer dès que l’orchestre monte un tant soit peu en volume, l’équilibre étant maintenu dans les passages à petite épaisseur orchestrale. Certains lieder empruntent au rythme ternaire, voire à la valse viennoise (n°4 et 5), d’autres revêtent un relief dramatique ou très sombre (le n°9 comme une marche funèbre où le « Gute Nacht » sonne comme une « bonne nuit » éternelle…). Toutes ces nuances sont magnifiquement rendues par la formation marseillaise, jusqu’à la sublime musique du dernier lied « Es sungen drei Engel », interprété avec émotion par la mezzo.
La Symphonie n° 5 de Beethoven après l’entracte ne dément pas l’excellence de la phalange, dès les premières mesures pleines de profondeur, et ses quatre notes – trois courtes et une longue – certainement les plus connues du répertoire classique. Les applaudissements à l’issue du premier mouvement donnent l’occasion au chef de s’adresser au public : on croit d’abord qu’il est agacé « Vous voulez écouter le reste aussi ? », mais non, finalement, « Merci pour les applaudissements, on vit pour ça ! ». Ces interventions du public entre les mouvements cassent tout de même la continuité de l’œuvre, mais on apprécie à nouveau la somptuosité des cordes, de ses pupitres de violons en particulier. Un Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Marseille décidemment capable aujourd’hui du meilleur !
F.J. Photos I.J.
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