Original…
Mercredi 2 octobre 2024, Grand Théâtre de Provence (site officiel). 18h30, présentation de l’exposition (24 septembre-8 octobre) ; 19h, rencontre avant-scène ; 20h, concert
Orchestre de Chambre de Lituanie. Direction, Gediminas Gelgotas. Contrebasse, Roman Patkoló
Ensemble du New Ideas Chamber Orchestra (NICO) : Augusta Zuokè, Julija Andersson, Dalia SimaŠka, violons ; Liudvikas Silickas , Povilas PaukŠtè, Augustinas Solkaski, violoncelles
Antonio Vivaldi – Max Richter, Four Seasons Recomposed (extraits). Gediminas Gelgotas, Never ignore the Cosmis Ocean ; Concerto pour violon ; Transitory ; Sanctifaction ; To the skies. Johann Sebastian Bach – Peter Gregson, Cello Suites Recomposed (extraits). Philip Glass, Concerto pour violon n°1
(second mouvement)
Programme inscrit dans le cadre de la Saison en Lituanie, collaboration entre l’Institut culturel lituanien, l’Institut Français et les ambassades respectives des deux pays. En collaboration avec l’Ambassade de Lituanie en France. Attribution du label de la Saison de la Lituanie en France 2024
Ce concert est donné dans le cadre de la Saison de la Lituanie en France 2024, le Grand Théâtre de Provence exposant dans le même temps (du 24 septembre au 8 octobre 2024) deux artistes lituaniens dans le hall : les œuvres d’Indra Marcinkevicienė et les photographies en noir et blanc d’Antanas Sutkus. Et le Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence avait déjà invité en 2023 la soprano lituanienne Asmik Grigorian.
Et c’est à un programme original que nous convie l’Orchestre de chambre de Lituanie, dirigé par le chef et compositeur Gediminas Gelgotas. Si on y lit en effet les deux noms de Vivaldi et Bach, parmi les piliers du répertoire classique, ceux-ci sont annoncés comme « recomposed », des recompositions qui nous intriguent a priori et nous mettent en appétit musical !
Mais l’enthousiasme retombe tout de même rapidement lors de ces passages revisités des Quatre saisons, plus précisément deux saisons ce soir avec des extraits de l’été (Summer n°1, 2, 3) et de l’hiver (Winter n°2, 3, 1). Il s’agit de thèmes vivaldiens répétés, parfois modulés, qui donnent une vague impression de modernité par des rythmes très marqués… un sentiment d’ailleurs renforcé par la direction très démonstrative et souvent dansante du chef Gediminas Gelgotas ! Les solistes aux cordes se retrouvent parfois en limite de virtuosité, surtout concernant deux violonistes parmi les trois présentes, les meilleurs moments étant à notre sens les passages lents qui dégagent davantage de séduction. Une musique qui s’écoute avec facilité, mais peu surprenante dans ces arrangements de Max Richter (né en 1966) et à laquelle on préfère finalement l’original de Vivaldi.
D’autres recompositions sont proposées en seconde partie, cette fois de la main de Peter Gregson (né en 1987), pour les Suites pour violoncelle de Bach. On a ici un peu plus de mal à distinguer l’original de Bach, l’orchestre de cordes accompagnant le soliste Roman Patkoló, qui joue d’ailleurs non pas du violoncelle, mais de la contrebasse. Les mélodies n’ont parfois qu’un lointain rapport avec la partition de Bach, par exemples à l’écoute des courtes cellules jouées par un pupitre particulier, de manière répétitive, ou encore les archets frappés sur les instruments. Cette musique davantage déstructurée a l’avantage de l’originalité, même si, pour le coup bien moins dansante, elle peut paraître plus difficile d’accès à un public non averti.
On revient à une composition originale, en clôture de la première partie, avec le deuxième mouvement du Concerto pour violon n°1 de Philip Glass (né en 1937). On reconnaît dès les premières mesures la patte du compositeur d’Einstein on the Beach, dans ses petites séquences répétées à l’envi, ses multiples mélodies énoncées en contrepoint et clairement identifiables de manière individuelle. Le violon solo d’Augusta Zuokė s’y montre très expressif et fort précis d’intonation.
Et pour terminer dans l’ordre chronologique des compositeurs, une partie importante du programme est dédiée à la production du chef du soir Gediminas Gelgotas. Son Concerto pour violon voit d’abord se relayer, sans temps mort, les trois solistes dans trois mouvements aux différences marquées. Dans « Cadenza I », c’est Dalia Simaška qu’on apprécie le plus, d’une grande sûreté de jeu et au plus fort caractère lors de ses attaques, sans que ses consœurs Augusta Zuokė et Julija Andersson ne déméritent toutefois dans les deux mouvements suivants.
On manifeste moins d’enthousiasme envers les quatre pièces qui concluent le programme, le chef et compositeur se mettant également au piano pour certaines, une musique assez facile d’écoute et même souvent reposante, mais qui n’étonne guère. Le morceau qui attire le plus l’oreille est le troisième « Never ignore the Cosmis Ocean » aux accents de Janacek aux violons, dans ses premières mesures, avant que les musiciens ne scandent plusieurs mots ensemble.
I.F., texte & photos
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